Une fenêtre sur la jeunesse. Une fenêtre sur un ailleurs. Une fenêtre sur un lieu de création. Avec le spectacle Akzak, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, les directeurs de Via Danse, signent une création d’ouverture sur le monde, tout en voulant faire connaître la richesse du centre chorégraphique aux Belfortains. Pour relier les gens. Pour se lier à un territoire.
Une fenêtre sur la jeunesse. Une fenêtre sur un ailleurs. Une fenêtre sur un lieu de création. Avec le spectacle Akzak, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, les directeurs de Via Danse, signent une création d’ouverture sur le monde, tout en voulant faire connaître la richesse du centre chorégraphique aux Belfortains. Pour relier les gens. Pour se lier à un territoire.
« La danse est le point de départ. » Cette remarque d’Héla Fattoumi, co-directrice de Via Danse, le centre chorégraphique national de Bourgogne-Franche-Comté à Belfort, résonne d’une manière particulière. Elle cristallise tout un projet. Le projet de cet espace de création. Mais aussi le projet de ses créations façonnées avec Éric Lamoureux, le second visage de la direction artistique de ce lieu mal connu des Belfortains et pourtant si dynamique. Car si l’envie de danser donne le top départ de tous leurs projets, c’est dans la danse que s’exprime toute la portée de leur philosophie.
Dans Akzak, leur dernière création, qui sera présentée les 14, 15 et 16 septembre à Belfort, la symbolique est forte. Ce spectacle rassemble douze jeunes danseurs. Des Égyptiens. Des Marocains. Des Français. Des Tunisiens. Et des Burkinabés. Depuis plusieurs années, les deux directeurs interviennent dans différents lieux du Globe, où l’on crée des évènements pour transmettre la passion de la danse à la jeunesse du pays. Ils ont voulu regrouper ces jeunes d’ici et de là qui partagent cet appétit de la danse, pour les faire dialoguer. « On a voulu embarquer leur rage de danser », observe Héla Fattoumi. Akzak est certes une fenêtre sur « les Sud ». Mais Héla Fattoumi et Éric Lamoureux offrent aussi à ces danseurs une fenêtre sur la danse professionnelle. « Nous voulons leur offrir, pendant leur cursus ou juste après, la possibilité de vivre une création dans des conditions professionnelles », explique Éric Lamoureux.
Communauté de destin
Si le spectacle est une ode à l’autre, c’est aussi et surtout, un éloge de la différence. « Le groupe existe car les singularités sont fortes », relève Éric Lamoureux, qui insiste sur « l’intensité » de ce projet. Il y a de la fougue. De l’impatience. De l’énergie. De la spontanéité. « On ne résiste pas à leur fantaisie, à leur charme ni à leur puissance », confie la directrice. « C’est l’histoire d’une cohésion avec beaucoup de différences », embraie le directeur.
Le spectacle ne parle pas de misère. « La dimension politique s’incarne dans le rassemblement de ces jeunes », insiste alors Éric. « C’est un engagement politique car réunir des artistes qui viennent d’aussi loin pour travailler comme des professionnels nécessite un accompagnement pour garantir cette mobilité », justifie Héla. Les visas, les séjours, les transports… Via Danse assure la logistique, d’autant plus compliquée depuis le début de la crise sanitaire.
Justement, si le coronavirus a mis des grains de sable dans les rouages, le spectacle est aussi un cri de liberté. Dans sa forme. Et dans le fait qu’il se tienne. Quand les frontières se ferment, que les gens se replient et que la défiance s’accroit, il est fondamental de s’ouvrir. « Il faut garder des liens et garder des relations avec l’Autre, avec un grand A », insiste Héla Fattoumi. C’est ce que propose Akzak, en parlant de partage et de fraternité. Et on rend hommage à ce concept d’Edgar Morin, qu’est la communauté de destin, qui lie l’humanité.
Ouvrir les portes
Tout au long de la performance, les danseurs dialoguent avec une partition musicale, initiée en direct par le compositeur et percussionniste Xavier Desandre Navarre, qui donne la structure rythmique et fait le ciment entre toutes les origines. « Cette partition est vivante, puissante », insiste Héla Fattoumi. La musique fait le lien. Si le rythme donne le mouvement, le mouvement est lui aussi source de bruits ; la scène a été sonorisée. Et le sol a été recouvert de granules de tartan, dont la couleur ocre évoque des terres d’Afrique. Ça glisse. Ça crisse. Ça frotte. Ça parle. « Le sol et les lumières participent à la partition musicale », insiste Éric Lamoureux. On explore « les rythmes et les vibrations qui soudent un groupe ». Et sur le sol, ces rythmes laissent une trace. La mémoire de leur passage.
Akzak donne enfin à voir ce qu’est Via Danse. Ce n’est ni un théâtre, ni un conservatoire. C’est un lieu de fabrication, qui vit au quotidien et qui accueille, constamment, des artistes. Une quinzaine de compagnies par an, en temps « normal ». Et c’est cette facette de la création que dévoilent Héla Fattoumi et Éric Lamoureux. « On ouvre les portes », confient-ils. S‘ils proposent des ateliers, s’ils ouvrent au public des créneaux de répétition, c’est pour l’immerger dans ce processus de fabrication. Mais Via Danse vient surtout d’acquérir des gradins pour configurer l’établissement en salle de spectacle, avec 213 places. Des gradins installés très proche des artistes, pour offrir de la « proximité », confie Alice Pequignot, chargée de mission. Pour renforcer surtout la dimension immersive de l’expérience. « La danse, c’est toujours un travail de fond pour qu’elle soit appropriable et approprié », explique Éric Lamoureux. C’est ce que propose Via Danse avec ses fenêtres sur la création. Et c’est ce que propose Akzak avec sa fenêtre sur le monde, sur l’impatience d’une jeunesse reliée. La danse, alpha et oméga de la diversité.
- Akzak, un spectacle d’Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, les 14, 15 et 16 septembre, à Via Danse. Renseignements et billetterie : https://www.viadanse.com/