Le doutes s’épaississait. Les indices se multipliaient. Mais il manquait une preuve. C’est ce que vient d’apporter le média numérique factuel.info, ce vendredi après-midi. Il publie une annexe du permis de construire du projet de plateforme porté par Vailog à l’Aéroparc de Fontaine, dans lequel le mot « Amazon » apparaît de manière invisible, mais dont les outils numériques confirment la présence.
Le doute s’épaississait. Les indices se multipliaient. Mais il manquait une preuve. C’est ce que vient d’apporter le média numérique factuel.info, ce vendredi après-midi. Il publie une annexe du permis de construire du projet de plateforme porté par Vailog à l’Aéroparc de Fontaine, dans lequel le mot « Amazon » apparaît de manière invisible, mais dont les outils numériques confirment la présence.
La technique est simple. Prenez un document PDF, en l’espèce, un formulaire d’attestation de la réglementation thermique attaché à la demande de permis de construire de l’aménageur Vailog, en date du 31 octobre 2019, pour la construction d’une plateforme logistrielle de 76 000 m2 ; nom de code : Citadelle (le document ici). Faites une recherche de mot, ici « Amazon ». Deux occurrences apparaissent, aux pages 176 et 177 du document. À l’œil nu, le mot n’apparaît pas. Seule la zone est surlignée. Dans le premier cas, l’espace apparaît devant « Projet Citadelle ». Dans le second cas, il apparaît derrière le mot « bâtiment ». Vous avez encore un doute ? Sélectionnez la zone concernée et ciblée par la recherche. Copiez et collez-la dans un document de traitement de texte : le mot « Amazon » apparaît.
Cette information et cette méthode ont été révélées ce vendredi après-midi par le média numérique franc-comtois factuel.info. Si le mot n’est pas visible, c’est que le document a été « caviardé », explique Guillaume Clerc, le journaliste à l’origine de cette confirmation. « Le terme avait été, mal, effacé », écrit-il également dans son article. Le journaliste rappelle que ces documents, publics, sont accessibles sur le site de la préfecture du Territoire de Belfort, qui a étudié le dossier ; mercredi, elle a aussi signé un arrêté préfectoral portant autorisation environnementale pour l’aménagement de l’Aéroparc de Fontaine, où sera installé la plateforme d’Amazon et où le projet, sous le nom de Vailog, est cité. Au mois d’octobre, un recours avait été déposé au tribunal administratif de Besançon, portant contre l’autorisation environnementale accordée au projet Citadelle et signée le 22 juin 2020.
« Élucubrations »
« C’est du James Bond », a d’abord raillé Damien Meslot, président du Grand Belfort, avant de revenir sur le dossier. Il ne veut pas confirmer le client final. Ni communiquer dessus. « Je discute avec Vailog, maintient-il, avant d’ajouter : Chacun est libre de l’interpréter comme il le souhaite. »
« Mais pourquoi les responsables de nos collectivités locales dissimulent cette information depuis un an ? Est-ce par peur du débat et de la démocratie ? » questionne de son côté l’élu d’opposition Bastien Faudot (Gauche républicaine et socialiste). Il y a quinze jours, il avait dévoilé les troublants indices indiquant qu’Amazon était le client final des deux projets de plateformes. La plateforme « Citadelle », de 76 000 m2, et la plateforme voisine « Lana », de 9 800 m2, mais non soumise à enquête publique.
« En tant qu’élu, ce qui m’importe, c’est qu’on crée de l’emploi et de la richesse sur mon territoire », répond Damien Meslot, dénonçant des « élucubrations » formulées par des « extrémistes ». Il met en avant également les résultats des élections municipales du printemps, où il a largement gagné. « J’applique le programme économique pour lequel j’ai été élu », se défend-t-il.
« Depuis un an dans ce dossier, le président du Grand Belfort ment à ceux qu’il est censé représenter, s’emporte Bastien Faudot, dans un communiqué transmis après ces révélations. Et il insulte ceux qui disent la vérité. Par ce fait, il se fait complice de la multinationale américaine en organisant le secret dans cette affaire. »
Accélérer les contournements des communes
Sur les inquiétudes de certains maires des communes avoisinantes de l’Aéroparc, que nous avons relayé dans ces colonnes, le président du Grand Belfort affirme n’avoir reçu aucune demande de rendez-vous. « Je reçois tous les gens qui veulent me voir », déclare Damien Meslot, citant l’association des riverains de Fontaine ou encore le maire de Foussemagne. « Nous avons trois élus de gauche (les maires de Lachapelle-sous-Rougemont, Angeot et Larivière, NDLR), très marqués à gauche, qui ont des difficultés qui existent depuis des années. Ils n’ont jamais fait de recours quand c’était la gauche au pouvoir », observe le président du grand Belfort. Les trois élus nous ont confirmé avoir sollicité le Grand Belfort. Sans retour à leur demande.
Damien Meslot remarque que les inquiétudes des riverains sont faites vis-à-vis des contournements routiers, permettant de ne pas traverser les villages. Des contournements non réalisés auparavant, alors que la zone d’activités existe depuis 1992. « Quand c’était une majorité de gauche », souligne-t-il avec sarcasme. « [Ces installations] vont permettre d’accélérer les contournements des villages et de régler un problème qui existe depuis des décennies », se justifie-t-il. Le maire de Belfort rappelle également que le chantier doit débuter quand les recours seront purgés.
Les élus d’opposition de Belfort en Grand, associés à Bastien Faudot, réclament de la transparence sur ce dossier, face à « l’opacité » qui l’entoure. Il demande à la préfecture du Territoire de Belfort d’assurer un débat public « contradictoire » et veulent qu’une réflexion soit entamée pour organiser un « référendum local ». « Il y a un débat légitime : Amazon ne paye pas ses impôts en France, détruit le commerce local, et génère de nombreuses nuisances pour les riverains », concluent-ils.