Visite en avant-première du Matternlab, à cheval entre Sochaux et Montbéliard pour découvrir l’essence de ce projet : mutualiser les problèmes pour trouver des solutions. Et mieux encore : être acteur de l’innovation industrielle.
Visite en avant-première du Matternlab, à cheval entre Sochaux et Montbéliard pour découvrir le projet porté par Jean-Charles Lefebvre et Christian Arguelles, respectivement président et directeur de l’association Matternlab. L’idée : mutualiser les problèmes pour trouver des solutions. Et mieux encore : être acteur de l’innovation industrielle.
Une structure Eiffel, 5 000 m2 de locaux à cheval sur le site industriel de Stellantis et sur l’extérieur, des espaces pour découvrir les machines industrielles, des espaces de travail en commun, des bureaux pour les start-ups, des espaces de formations, aussi. Le Matternlab est en train de voir le jour (du nom d’Ernest Mattern, qui a imaginé l’organisation industrielle du site Peugeot de Sochaux, NDLR). Le Trois a pu le visiter.
Au premier coup d’œil, l’endroit est typique. Industriel. Il s’agit en fait d’une ancienne friche industrielle vieille de plus d’un siècle qui appartenait au groupe Peugeot, puis à PSA. Il y a quatre ans, elle aurait dû être démolie. Mais Jean-Charles Lefebvre, ancien responsable de la communication Stellantis du site de Sochaux et actuel président du Matternlab lui dédie un grand avenir : celui de devenir un incubateur 4.0 de l’industrie. « J’avais l’idée d’un lieu assez grand pour associer entreprises, facultés et start-ups », expose le président du Matternlab.
Et c’est réussi : en rentrant, l’espace est impressionnant. Délimité par des cloisons modulables, on aperçoit déjà les différents lieux de vie : le fablab, l’espace de formation réservé à l’union des industries et métiers de la métallurgie de Franche-Comté (UIMM), , les bureaux à perte de vue, des néons dans tous les sens qui donnent un charme déstructuré à la structure. Dans l’entrée, une grande agora est dédiée aux futurs occupants du Matternlab. Jean-Charles Lefebvre pointe du doigt l’endroit : « Le but, c’est que d’ici un an ou deux, l’endroit grouille de monde. Alors nous aurons réussi.»
Accompagner la révolution industrielle 4.0
Le but de cet endroit : réunir le plus d’acteurs liés à l’industrie (étudiants, petites et moyennes entreprises, start-ups) pour créer un réseau d’intelligence. Faire se rencontrer des acteurs qui ne se croisent pas habituellement. « Ici, nous pourrons mutualiser les problèmes que peuvent rencontrer des entreprises industrielles pour les résoudre ». C’est ainsi que voient les choses le directeur, Christian Arguelles. Ancien chef d’entreprise, il n’envisage pas les choses autrement que par la mutualisation des ressources. « Ce qui compte quand on a une entreprise, c’est être bien entouré. Sinon, on fonce dans le mur.» L’esprit : adopter une attitude qui dépasse l’aspect concurrentiel qui se joue entre chaque entreprise. « Dans certains pays, comme en Italie, le fait de travailler ensemble est naturel. Surtout les petites entreprises. Elles s’associent souvent pour décrocher un marché. Ici, on ne sait pas encore le faire.» Mais le Matternlab se veut en être l’ébauche.
Du côté gauche, en entrant, une ligne de production sera installée dans l’espace formation. Le but : que les étudiants puissent s’entraîner sur des machines auxquelles ils n’auraient pas accès habituellement. Top départ le 1er septembre, pour la rentrée. 80 à 100 étudiants seront à demeure. L’espace sera aussi accessible au PME, qui pourront tester la ligne et découvrir des machines pour décider s’ils souhaitent investir ou non dans de tels équipements.
Côté droit, un fablab. Dans le jargon, un endroit ouvert sur l’extérieur, accessible à tous, où des personnes pourront venir découvrir ce qu’est une imprimante 3D, par exemple. « Le but, c’est de créer de l’acculturation industrielle », expose Christian Arguelles. « On pourra montrer comment faire des réglages électriques, comment façonner une pièce, par exemple », complète-t-il.
Plus à l’arrière, bureaux, salles de réunion de 10 et 30 personnes, espace de co-working pour les start-ups (deux ont déjà prévues de s’installer) sont programmés. Avec tout le matériel adéquat : ordinateurs, connexion réseau sécurisée et bureaux modulables.
Tous ces équipements et cet espace n’ont qu’un intérêt : faciliter l’émulation pour accompagner les étudiants, petites et moyennes entreprises vers la révolution industrielle, notamment du point de vue de la cobotique. « Ces outils permettront de développer de nouvelles technologies, ensemble. On ne veut pas louper le 4.0 », confie Jean-Charles Lefebvre.
Des accompagnants sont prévus : Déca BFC, dispositif régional, incubateur qui suit et conseille les start-ups. Le Cnam, pour la formation. Un animateur, aussi, capable de gérer l’espace ouvert sur l’extérieur, va bientôt être embauché. « Nous avons confiance. Nous avons été soutenus dès le départ et nous sommes une vingtaine d’entreprises à y croire très fort. Maintenant, il est temps que les locaux se remplissent ! », se réjouissent les deux protagonistes.