Le compte administratif était au menu du conseil départemental du Territoire de Belfort, ce jeudi matin. Mais il a été éclipsé par les interrogations toujours sans réponses définitives sur le devenir de GE dans le département. En fin de séance, les élus ont adopté à l’unanimité la motion de soutien aux salariés.
Adoptée par le Grand Belfort voici quelques jours, soumise aux autres structures intercommunales et aux différentes communes du département, la motion de soutien aux salariés de GE a été proposée ce matin au vote des conseillers départementaux du Territoire de Belfort, en toute fin de séance. Mais le sujet avait été largement abordé auparavant par les élus, qui se sont offert une large digression lors de l’examen du compte administratif.
C’est Samia Jaber, élue d’opposition (gauche), qui a lancé le sujet en faisant le lien entre le budget du Département et l’avenir économique du Territoire de Belfort. « Les élus ont l’obligation de préparer l’avenir pour encaisser les coups qui peuvent survenir », a-t-elle lancé en substance, en faisant référence non seulement au difficultés présentes de GE, mais aussi à celles qui ont marqué l’histoire économico-sociale de Belfort, que ce soit Bull ou Alstom. Et de reprocher aux élus LR de s’être faits, du moins au début du dossier GE, « l’écho de la communication officielle de GE ».
« Nous avions autrefois des élus qui prenaient leur bâton de pèlerin pour anticiper », a-t-elle évoqué avec un brin de nostalgie. « Vous avez été voir M. Le Maire qui vous a dit que les sites de Belfort et de Bourogne n’allaient pas fermer et vous l’avez cru. Ce sont des paroles, mais pas des engagements ».
Christophe Grudler, dans l’opposition au Département, mais soutien du président de la République a quant à lui dénoncé la parution, sous forme de publicité de la lettre ouverte à Emmanuel Macron : « On est aujourd’hui dans la propagande politique. La force de se département a été d’être totalement uni quand se sont présentées des catastrophes », a-t-il lancé avant d’appeler à l’unité. Position qui a quelque peu agacé Florian Bouquet, président du Département, mais c’est Bastien Faudot qui lui a répondu en premier, en estimant que le problème aujourd’hui réside dans l’absence d’écoute du président de la République.
« L’appel de M. Grudler a quelque chose d’émouvant », s’est-il amusé. Mais celui dont vous nous parlez a menti honteusement depuis le départ dans ce dossier et s’est trompé. Il s’est trompé lorsque, conseiller économique à l’Élysée, il s’est opposé à une montée au capital d’Alstom. Il a accéléré la liquidation et signé l’accord de rachat d’Alstom par GE, assorti d’une promesse d’embauche qui n’a pas été tenue. » Et de dénoncer dans la foulée le transfert du centre de profit de Belfort vers Baden « qui facture aujourd’hui à Belfort une technologie inventée ici à Belfort. Plus l’usine de Belfort produit, plus cela lui coûte et plus elle apparaît déficitaire. » En demandant à Christophe Grudler quel a été son vote sur Maastricht, il a dénoncé l’« Europe telle qu’elle est faite aujourd’hui a placé l’industrie dans une situation de concurrence déloyale à laquelle il elle ne peut résister. »
Florian Bouquet a renchérit quelques instant plus tard. « C’est bien beau de prôner l’union sacrée autour du président, mais c’est lui qui est en responsabilité » Et Florian Bouquet ne lui fait guère confiance : « Il avait un conseiller qui est aujourd’hui à la tête de GE ; j’appelle cela une république bananière. » Il est revenu sur l’entrevue entre des élus avec le ministre de l’Economie : « Bruno Le Maire nous a affirmé qu’il n’y aurait pas de fermeture de site en France. Il travaille sur deux essentiellement deux pistes : le grand carénage et l’aéronautique. Alstom Transports se développe bien et pourrait offrir des perspectives. Sur les 50 millions, on a obtenu qu’une grande partie soit fléchée sur le Territoire de Belfort », a-t-il encore indiqué.
Largement évoqué en marge du compte administratif, le dossier GE est revenu en fin de séance, puisque Florian Bouquet a souhaité que les conseillers départementaux se prononcent sur la motion de soutien déjà adoptée au Grand Belfort. S’il a cherché à mettre le doigt sur quelques points de détails, Christophe Grudler a annoncé qu’il allait voter en faveur de cette motion. « J’apprécie le ton : on n’est pas dans l’agressivité vis-à-vis du président, mais dans le rappel des engagements », s’est-il justifié. Tout en formulant un vœu : « Si demain le président de la République prend les mesures pour sauvegarder l’avenir industriel du département, j’espère que vous saurez le saluer » .
« Si demain M. Macron fait quelque chose de bien pour notre département, je vous promet de le dire, lui a répondu Florian Bouquet. Mais depuis trois ans, je n’ai rien vu. » Christian Rayot a quant à lui relevé que Belfort se trouve « au cœur d’une bataille économique terrible autour de l’énergie » et a déploré un abandon « de nos joyaux économiques industriels, comme Alstom ».
Finalement, la motion a été adoptée à l’unanimité.