Éva Chibane et Thibault Quartier
« Nous avons annoncé lundi en CSE (comité social et économique, NDLR), que nous ne conservions que deux équipes à partir du mois d’avril », relève une porte-parole de l’usine Stellantis de Sochaux. Concrètement, l’usine arrête l’équipe de nuit, confirmant ainsi une information publiée par France bleu Belfort-Montbéliard. « Nous nous adaptons au programme de production », ajoute cette même source.
750 personnes sont concernées par cet arrêt. Les salariés vont être rebasculés vers les deux équipes de journée. Une petite partie d’entre eux pourrait être transférée temporairement à Mulhouse, selon Benoît Vernier, délégué syndical de la CFDT. Quant aux intérimaires, « ils iront au bout de leur contrat », indique la porte-parole de l’usine. Elle ajoute qu’un « volant d’intérimaires » sera gardé. Selon Jérôme Boussard, délégué syndical de la CGT, la direction a annoncé garder seulement « une petite partie » d’entre eux.
Pour les intérimaires, c’est un nouveau coup dur. Cela inquiète Éric Peultier, du syndicat Force ouvrière, qui se questionne aussi sur les conséquences pour les « sous-traitants ». « Un emploi perdu chez PSA, ce sont trois emplois perdus chez les sous-traitants », complète Jérôme Boussard.
Ce sera aussi une période compliquée pour les salariés, tance le délégué syndical de la CGT. « Certains salariés travaillent de nuit par choix, pour être avec leurs enfants la journée. Pour éviter d’avoir à mettre en place des modes de garde, aussi. » Les syndicats attendent de la direction qu’elle réagisse rapidement et précise sa stratégie « pour que les salariés puissent s’organiser rapidement », complète Éric Peultier, délégué syndical FO.
Une baisse « normale »
Benoît Vernier appréhende aussi un peu le basculement de l’équipe de nuit sur les deux équipes de journée. La dernière fois que cela a eu lieu, il y a eu de nombreuses tensions entre les employés qui ont parfois dû être basculés d’un poste à un autre. « Ca a été un moment social compliqué. J’espère que la direction va mieux gérer les transferts que la dernière fois. »
Pour autant, malgré les inquiétudes qui entourent cette suppression, les syndicats ne sont pas étonnés de cette baisse de production. « On pressentait cette chute, convient Laurent Oechsel, délégué syndical central de la CFE-CGC. Nous l’évoquions depuis plusieurs CSE. » Pour les syndicats, la suppression allait intervenir, par contre, un peu plus tard. « Nous pensions que l’équipe de nuit tiendrait jusqu’aux vacances d’été », confie Benoît Vernier.
Il n’y a pas d’inquiétude outre mesure. « Le marché a une tendance à la baisse en ce moment », confirment les différents syndicats. « Ce qui est gênant, c’est la précarité que cela engendre pour les intérimaires. Pour le reste, ces baisses de commande sont normales. Ce sont des cycles classiques de production », rassure Laurent Oechsel. Le lancement d’un nouveau Peugeot 3008 est attendu dans quelques mois.
Six années d'équipe de nuit
L’équipe de nuit avait été mise en place en mars 2017, peu de temps après le lancement de la Peugeot 3008, qui rencontrait déjà un vif succès. Une équipe de week-end avait même été instaurée, supprimée avec le covid-19, en 2020 ; si son retour avait été envisagé, elle n’a jamais été réinstaurée ensuite, notamment à cause du second confinement en novembre 2020. L’équipe de nuit avait été suspendue pendant trois mois à l’automne 2021, à cause de la pénurie de semi-conducteurs.