Il y a quelques semaines, le maire de Foussemagne exposait la difficulté de mener une commande groupée de fioul et de pellets pour ses habitants. Pour mieux comprendre cette dynamique, Jean Coulon, distributeur de pellets dans le nord Franche-Comté, décrypte les tendances qu’il remarque dans son propre magasin, lui aussi à Foussemagne.
Il y a quelques semaines, le maire de Foussemagne exposait la difficulté de mener une commande groupée de fioul et de pellets pour ses habitants (lire ici). Pour mieux comprendre cette dynamique, Jean Coulon, distributeur de pellets dans le nord Franche-Comté, décrypte les tendances qu’il remarque dans son propre commerce à Foussemagne.
« Je suis malheureux de devoir chasser les clients », expose le gérant du magasin Sivac, localisé à Foussemagne. Le propriétaire, Jean Coulon, tient son affaire depuis 2012. Il vend une large gamme de poêles et de chaudières. Aussi, il est l’un des plus importants distributeurs de pellets (aussi appelé granulés de bois) dans le nord Franche-Comté et se fournit chez la société allemande Ante. « C’est la première année que je vois une telle catastrophe », déplore-t-il. Même s’il n’a pas été en contact avec le maire de Foussemagne pour des questions de commande groupée, il relève les mêmes points de tension : il est extrêmement difficile de fournir ou d’être fourni sur de grosses commandes et de fixer un prix. Cette année, il lui est impossible de livrer de nouveaux clients. Il en refuse 5 à 10 par jour. Seuls ceux ayant acheté des équipements chez lui peuvent être livrés, et encore. Face aux pénuries, il se voit obligé de rationner ses clients. 1 palette maximum par foyer.
Plusieurs problèmes se posent. La difficulté de s’approvisionner. Et le prix auquel est vendu le combustible. L’an passé, Jean Coulon vendait son sac de pellets autour de 4 euros. « Aujourd’hui, nous serons minimum à 12 euros. Depuis juin, il y a eu une augmentation de 350 euros par tonne », raconte le gérant. Il en décrypte les causes : « Il y a un an, le prix du bois a explosé. Automatiquement, les granulés augmentent cette année.» Il explique aussi cette hausse du prix par l’augmentation du prix de l’électricité et des hausses du carburant : « Cela se répercute sur les coûts de fabrication et de transport », décrypte le professionnel.
A côté de ses hausses, il doit batailler pour trouver le combustible en quantité. « Comme le gaz a explosé, beaucoup de pays, comme la Hollande, ont commencé à se fournir en masse en pellets. Nous n’y aurions jamais pensé auparavant », explique-t-il, songeur. Selon un site allemand spécialisé, de plus en plus de ménages européens – en particulier en Allemagne, en France, en Italie et en Autriche – sont passés au chauffage à pellets au cours de l’année 2021. « Ainsi, les ventes de chaudières à pellets ont augmenté de 40 pour cent en Allemagne, de 45 pour cent en Suisse et même de 51 pour cent en Autriche », sur l’année 2021, décrypte le site.
De 5 000 tonnes livrées l’an passé, Jean Coulon ne pourra cette année fournir qu’environ 2 000 tonnes. Le gérant s’inquiète des réactions des clients. Si pour le moment, les clients ne pensent pas forcément encore à leurs achats de pellets, la rentrée arrive vite. « Et à ce moment-là, il risque d’y avoir un problème.» Il craint ne pas pouvoir assurer des livraisons suffisantes pour passer l’hiver. « Si l’hiver est froid…», glisse-t-il, songeur, redoutant des réactions violentes de la part des acheteurs.
Une incidence du simple au double
Il s’inquiète, aussi, de la baisse des ventes de chaudières et de poêles à granulés. Il remarque depuis quelques mois une baisse notable. Et une hausse des achats de poêles à bois depuis un ou deux mois. Selon lui, « l’incidence est passée du simple au double » et les énergies au fioul et pellets se rejoignent de plus en plus en termes de prix. Et pour ceux qui voudront, et arriveront tout de même à se fournir, il n’est pas en mesure de fixer des tarifs fixes pour le mois de septembre. « On retrouve beaucoup d’offres alléchantes sur le net qui annoncent des prix bas. Il faut faire attention, ce sont souvent des annonces mensongères. Le prix est en constante évolution.»
Ce fournisseur remet en perspective la dynamique. Depuis le Covid, ce secteur a été sauvé par les aides de l’État pour acheter des chaudières et des poêles..« Mais avec cette augmentation, les avantages qu’avaient les poêles à granulés ne sont plus aussi importants qu’avant ».Moins de ventes de pellets, au moins 2 000 tonnes en moins, moins de ventes d’équipements…. Le gérant a des sueurs froides en pensant à la suite.
Il tente de relativiser. « J’ai lu que des usines étaient en construction en Allemagne pour produire plus de granulés. Avec un peu de chance, ça ira mieux l’an prochain.» Mais pour le moment, c’est le grand flou. Il envisage aussi des solutions pour aider les clients à payer. Notamment en mettant en place des systèmes de crédit avec Cetelem pour que les clients puissent payer en plusieurs fois. « Au vu de la tendance, nous réfléchissons à nous diversifier vers d’autres types activités », conclut-il.