Véritable phénomène de société, le logiciel Auto-Tune s’est invité dans la programmation 2019 de La Poudrière, dans sa thématique L’Esprit de la parole. Un atelier gratuit regroupant 10 personnes a été organisé au Rockhatry pour percer ce phénomène.
Véritable phénomène de société, le logiciel Auto-Tune s’est invité dans la programmation 2019 de La Poudrière, dans sa thématique L’Esprit de la parole. Un atelier gratuit regroupant 10 personnes a été organisé au Rockhatry pour percer ce phénomène. On a suivi la voie de ce logiciel. Reportage.
Auto-Tune. Un logiciel qui ne laisse pas indifférent. La preuve, plusieurs médias ont sollicité La Poudrière pour écrire un sujet sur ce phénomène confie la communication. Auto-Tune a ses adeptes. Et ses détracteurs. En quelques années, il est devenu l’instrument de la voix. Symbolisé, notamment, par les phénomènes PNL ou Jul. Au premier coup d’œil – ou d’oreille – on repère l’artiste qui l’utilise. Mais les jeunes artistes ne sont pas les seuls à utiliser le logiciel. Booba ou Major Lazer se sont appropriés l’instrument, mais aussi Paul McCartney ! Le dernier album de Renaud est également truffé d’Auto-Tune. Même l’humouriste mister V est un adepte.
Le premier morceau en 1998
Des synthétiseurs aux Pad, les nouveautés qui percent dans l’univers musical bousculent toujours les idées reçues. Et les pratiques. Pourtant, Auto-Tune ne se résume-t-il qu’à ces voix transformées ? Pas forcément. Et transformer sa voix n’est pas nouveau. Rappelons le Sonovox (années 1940), la Talkbox ou encore le Vocodeur (fin années 1960). Les Daft Punk ont bien une voix robotisée. Manu Chao reproduit le son d’un téléphone dans Clandestino. Et la première chanson labellisée Auto-Tune date de… 1998. Il y a 21 ans ! C’est Believe, de Cher. Pour la nouveauté, on repassera. Avant d’être le phénomène de société qu’on connait, le logiciel a traversé l’univers underground. Il a été testé. Éprouvé.
Le logiciel est une création d’Andy Hildebrandt, un ingénieur américain, sismologue, qui a travaillé dans l’industrie pétrolière. L’objectif était de construire un logiciel correcteur de voix. À l’origine, c’est donc bien un outil. C’est comme cela que Pierre Enderlen, aka* Pihpoh, l’utilise. « Quand j’enregistre plusieurs voix sur un refrain, confie-t-il, c’est un super outil. On règle les petits détails. On ajuste les notes bleues. » Il l’utilise avec parcimonie, en post-production, avec Pierre Michelet, son musicien. Ce dernier est aussi co-fondateur du studio Milomi. « Nous recherchons la note parfaite », notent les deux hommes. Ils sont conscients des opportunités offertes par ce logiciel, mais l’utiliser comme un instrument, ce n’est pas ce qu’ils recherchent aujourd’hui. « Le rap est le genre musical n°1 dans le monde », poursuit de son côté Leezy, l’un des stagiaires et jeune rappeur. Il utilise Auto-Tune depuis 6 ans et constate que l’arrivée du logiciel a transformé l’esthétique. « Le rap est plus mélodieux qu’avant », estime-t-il. On est bien loin du Popopop de NTM au profit d’envolées plus aériennes et plus contemplatives.
Pas d’échappatoire pour les casseroles
Sur les 10 stagiaires de l’atelier de La Poudrière, on a des adultes et des adolescents. Des femmes et des hommes. Auto-Tune s’est démocratisé et traverse toute la société. Et est relativement accessible. Pour 399 $, on peut l’acquérir. Il n’est donc pas que réservé aux professionnels. « C’est beaucoup critiqué, je voulais donc me faire un avis », confie Nicolas, collégien, qui a participé aux deux jours de l’atelier.
L’ensemble des stagiaires apprécient le fait de pouvoir ajuster ou corriger la voix. « On n’est pas tous Céline Dion », sourit Romain. Mais si Auto-Tune peut cleaner la musique, il ne rattrape pas quelqu’un qui chante faux : parole d’initié !