Un ensemble médical va voir le jour en 2022, aux Gros Pierrons, à destination des soins humains, animaliers et environnementaux. Il s’agira d’une cité de la santé « One Health », pensée par le cardiologue Pradip Sewoke et érigé par CRRI 2000. Une cinquantaine de spécialistes y seront regroupés.
Un ensemble médical va voir le jour en 2022, aux Gros Pierrons, à destination des soins humains, animaliers et environnementaux. Il s’agira d’une cité de la santé « One Health », pensée par le cardiologue Pradip Sewoke et érigée par CRRI 2000. Une cinquantaine de spécialistes y seront regroupés.
C’est un projet né pendant la première vague épidémique du Covid-19. Le cardiologue Pradip Sewoke, président de l’association des professionnels de santé du Nord Franche-Comté, qui a déjà été à l’initiative de la Maison de Santé du Lion à Belfort, inauguré fin 2020, est contaminé par le Covid. Durant cette période, il se questionne sur le phénomène de zoonose. « Aujourd’hui, plus de 70% des infections sont causées par une transmission animal-homme », explique le cardiologue.
Pour Pradip Sewoke : « Il est désormais impossible de ne pas associer santé humaine, animale et environnementale si l’on veut répondre aux enjeux de santé publique. C’est ce que l’on appelle le One Health. » Tout se confond. « La qualité de l’air, de l’eau, donc de l’environnement à des conséquences directes sur ce que nous mangeons : les animaux. Tout est lié. Il est impensable de dissocier tous ces pans de la médecine. On ne peut pas soigner juste les hommes. » Pour le cardiologue, il faut décloisonner les différents domaines de médecine et de recherches pour parvenir à des solutions.
Alors, cette nouvelle cité de la santé « One Health », à Montbéliard, située aux Gros Pierrons, rue Jacques Foillet, doit permettre aux acteurs de la recherche sur les maladies humaines, animales et environnementales d’interagir, de se mêler, de mieux se comprendre, pour répondre à des enjeux de santé publique, comme des pandémies ou des dérèglements climatiques. « C’est une approche mondiale. Promue par l’organisation mondiale de la santé, la FAO (organisation des nations unies pour l’agriculture et l’alimentation) et l’organisation internationale de la santé animale. »
Promesse d’une prise en charge rapide
Trois bâtiments vont voir le jour. Deux en 2022, le troisième entre 2023 et 2024. Les deux premiers représentent déjà un complexe important, un complexe de 4 000 m².
Le premier bâtiment abritera un centre de soins « non programmés » qui se veut devenir un pôle dédié aux urgences non vitales, ouvert 7 jours sur 7, avec comme promesse : un diagnostic et une prise en charge en une heure. Une manière, pour le cardiologue, de désengorger les urgences des « bobologies ». Le deuxième bâtiment, lui, sera consacré aux cabinets médicaux et paramédicaux.
Dans un second temps, un troisième bâtiment : destiné aux soins animaliers (vétérinaires, toilettage et apprentissage), mais aussi à des cours de yoga, de méditation, de médecines ayurvédique verra le jour.
« La charpente métallique et thermique est terminée sur le bâtiment A, et 50% du gros-œuvre est terminé pour le bâtiment B. Les lots indépendants qui seront proposés aux spécialistes font entre 50 et 300 m² », précise Laurent Germain, directeur de CRRI 2000, en charge des travaux des trois bâtiments. Il l’assure : les deux premiers bâtiments seront prêts pour la date livrable en 2022, pour une mise en service fin de l’année 2022.
Regrouper des spécialistes
Pour le cardiologue, il ne s’agit pas de venir voler des médecins généralistes aux communes. « En tout, il y aura 4 médecins généralistes, dont trois d’entre eux qui sont encore dans leur thèse.» Le cœur du projet est plutôt dans le recrutement de spécialiste. « Aujourd’hui, nous rencontrons dans le Pays de Montbéliard de vrais problèmes. Il ne reste que deux gynécologues proches de la retraite, une seule pédiatre », analyse Pradip Sewoke. Il précise que l’endocrinologue de l’agglomération est en retraite depuis 7 ans et n’a toujours pas été remplacé.
« Lorsque j’avais mon cabinet privé, je devais envoyer mes patients jusqu’à Besançon ou Mulhouse. Et tout simplement : les gens qui n’avaient pas les moyens n’y allaient pas. Ils préféraient ne pas se soigner. Il y a un vrai problème de démographie médicale et cela m’a choqué. »
Créer une cité de santé, pour le cardiologue, c’est permettre à une population à laquelle il se sent « attaché » de recouvrer la santé avec des spécialistes au plus proche de chez eux. « Aujourd’hui, 90% des surfaces des deux bâtiments sont occupés. La plupart des spécialistes ont déjà été recrutés pour cette cité de santé. Ce n’est pas toujours évident de trouver du personnel, mais là, beaucoup de monde est emballé par le projet », se réjouit le cardiologue, en ouvrant la candidature d’une jeune praticienne parisienne.
Une cinquantaine de praticiens spécialistes devraient être groupés : urgentistes, ophtalmologues, pneumologues, diététiciens, psychologues, urologues, orthophonistes, infirmiers… « Il est essentiel de pouvoir mettre tous ces spécialistes en lien dans un grand établissement. » Il analyse : « Les gens vivent de plus en plus vieux. Ils ont donc plus de maladie, comme du diabète. Et pour ce type de pathologie, il est important que les patients puissent être suivis par des spécialistes qui soient en lien. Qui puissent partager un dossier commun pour assurer un meilleur suivi. »
Une mission essentielle pour le cardiologue. « Pour les 140 000 personnes que compte l’agglomération de Montbéliard, on ne dénombre de 54 spécialistes, et la moitié a plus de 60 ans. Dans la cité de santé, pour le moment, nous n’avons recruté que des personnes jeunes. » Une manière de remédier, sur le temps long, à la pénurie de spécialiste dans l’agglomération, alors que sur les dernières décennies : seules 12 installations de praticiens ont eu lieu, contre 30 arrêts d’activité.