L’Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie a confirmé qu’elle allait soutenir l’écosystème hydrogène construit autour de la station Hynamics de Danjoutin et de l’achat de sept bus à hydrogène Optymo. Le montant n’est pas encore connu, mais le dossier doit être finalisé pour l’été.
L’Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie a confirmé qu’elle allait soutenir l’écosystème hydrogène construit autour de la station Hynamics de Danjoutin et de l’achat de sept bus à hydrogène Optymo. Le montant n’est pas encore connu, mais le dossier doit être finalisé pour l’été.
On attendait cette décision avec impatience. Damien Meslot, président Les Républicains (LR) du Grand Belfort, la réclamait depuis plusieurs mois. Ce soutien accordé par l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) était la pierre angulaire du projet de mise en service de bus fonctionnant à l’hydrogène par Optymo. Cette aide, comme le rappelle la préfecture du Territoire de Belfort, soutient un écosystème.
L’écosystème du nord Franche-Comté, c’est la construction d’une station de production et de distribution d’hydrogène par électrolyse à partir d’électricité d’origine renouvelable, porté par Hynamics (filiale d’EDF), et l’achat de sept bus hydrogène par le syndicat mixte des transports en commun (SMTC), qui seront utilisés sur le réseau urbain. Elle doit fonctionner dès 2022. L’objectif est d’arriver à 27 bus d’ici 2025.
« Un territoire pionnier »
La station doit pouvoir aussi fournir de l’hydrogène aux industriels locaux, comme Faurecia, dont le centre de recherche mondial sur les réservoirs d’hydrogène est à Bavans, Isthy, centre de certification à l’Aéroparc, et Gaussin, qui fabrique des véhicules de manutention à hydrogène. C’est « un nouveau signal fort du soutien de l’État pour développer la filière hydrogène dans notre département », salue Jean-Marie Girier, préfet du Territoire de Belfort.
Le contrat devra être signé entre toutes les parties prenantes de cet écosystème d’ici l’été. « C’est une excellente nouvelle pour l’écosystème hydrogène du Nord Franche-Comté, commente Damien Meslot. L’aide que l’Ademe envisage de nous accorder démontre la qualité de notre projet. » Damien Meslot estime aussi que ce projet permet d’améliorer « le cadre de vie » et contribue « à la préservation de l’environnement ». Il favorise aussi l’émergence d’une filière, faisant de Belfort « un territoire pionnier dans le domaine de l’hydrogène ».
« Cela conforte le projet du Grand Belfort à Danjoutin », apprécie de son côté Christophe Grudler, député européen MoDem, rappelant que ce projet s’inscrit dans une stratégie européenne de l’hydrogène.
Au mois de février, l’Union européenne a validé une subvention de 8,9 millions d’euros pour quatre stations hydrogène, dont celle de Danjoutin (notre article). Aujourd’hui, ni le montant total de l’aide de l’Adem, ni la répartition entre les acteurs de l’écosystème ne sont connus. Ça le sera à l’été.
Plusieurs soutiens financiers
« Sans cette aide, le projet n’est pas tenable financièrement », rappelle Marc Rovigo, le directeur du SMTC. Concernant Optymo, le projet d’achat des sept bus s’élève à 4,375 millions d’euros ; chaque bus hydrogène coûte 620 000 euros, contre 300 à 350 000 euros pour un bus diesel.
L’aide de l’Ademe sera, au maximum, de 40 % du montant final. Si l’Ademe n’arbitre pas une subvention aussi forte, il sera toujours possible de solliciter le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté pour combler le delta et obtenir ces 40 %, plafond des subventions en France. Une autre subvention européenne est attendue, mais elle n’est pas contrainte par le cadre légal du seuil de 40 %. Optymo a demandé une aide équivalente à 20 % du montant final. Et il va solliciter un bonus de 50 000 euros par bus acheté, un dispositif prévu dans le cadre du plan de relance pour le renouvellement d’une flotte de camions ou de bus optant pour une motorisation électrique ou hydrogène. Si toutes les étoiles s’alignent, les sept bus hydrogène pourraient finalement coûter moins chers qu’une flotte classique.
1 euro du kilomètre
Ces coûts d’investissement ne prennent en pas en compte les coûts de fonctionnement. Les bus hydrogène coûte là aussi plus chers. « On estime qu’un bus hydrogène a besoin de 10 kilos d’hydrogène pour parcourir 100 km, sachant que le kilos d’hydrogène coûte entre 9 et 10 euros », détaille Marc Rovigo. Le coût de fonctionnement est donc de près d’un euro du kilomètre. Aujourd’hui, « un bus diesel consomme 40 litres aux 100 km et le litre de gasoil avoisine 1,1 euro », poursuit-il. Rouler 100 km coûte environ 45 euros, soit 0,45 euros du kilomètre. Le coût de fonctionnement d’un bus hydrogène est donc deux fois plus élevés qu’un bus diesel. « Aujourd’hui, nous avons besoin d’être soutenu par les Finances publiques pour industrialiser cette technologie », analyse Marc Rovigo.
Toutefois, des perspectives de baisse des coûts « drastiques » sont envisageables et pas dans un avenir si lointain. Tant par la baisse des coûts de production de l’hydrogène, que par l’amélioration des performances des bus. Une expérience menée à Dublin, en novembre 2020, par Hydrogen Mobility Ireland, appuie cette idée. Le bus du constructeur portugais Caetano, le Caetano H2.CityGlod, équipé d’une pile à combustible Toyota, n’a consommé que 5 kilos d’hydrogène aux 100 km. Cette moyenne a été calculée sur 3 000 kilomètres de test. Le média H2 Mobile, qui rapporte l’expérience, précise que les tests ont été menés sur plusieurs itinéraires et à une époque où le chauffage tournait. Avec ce type de consommation, le coût d’un bus hydrogène se rapproche donc très fortement d’un bus diesel et augure de bonnes perspectives quant à l’évolution des coûts.