(AFP)
Des centaines de manifestants et des recours devant le tribunal administratif n’y auront rien changé: un troupeau de vaches, pourtant vaccinées contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été abattu ce mardi 2 décembre dans une ferme du Doubs. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes dans la matinée, afin d’évacuer des manifestants qui s’étaient rassemblés dans cette ferme de Pouilley-Français pour empêcher la mise à mort de 83 bovins. Des heurts se sont déroulées entre les quelque 300 manifestants et les 175 gendarmes sur place (lire notre article).
Vaccination "trop tardive"
Les manifestants ont quitté les lieux peu après la décision du tribunal administratif de Besançon, qui a rejeté en début d’après-midi le recours en référé d’organisations agricoles qui demandaient d’épargner les animaux. L’abattage total a finalement eu lieu dans l’après-midi, en présence des gendarmes, a indiqué Nathalie Valleix, secrétaire générale de la préfecture. L’éleveur sera soutenu financièrement, afin de « se relever de cette épreuve », via notamment des avances de trésorerie. Il touchera 2 100 euros par bête et sera indemnisé « de l’improductivité liée à la rupture de cheptel pendant quelques semaines », a-t-elle précisé.
Dans cette ferme, les bovins avaient pourtant été vaccinés contre la DNC, et ce depuis plus de 30 jours, mais une vache a été testée positive vendredi. Or, pour stopper la propagation de la maladie, transmise via des insectes piqueurs, mais qui n’atteint pas l’homme, les autorités ont imposé d’abattre toutes les bêtes d’un troupeau vivant ensemble dès qu’un cas était détecté. Dans son ordonnance, le tribunal souligne que la « présence d’une bête contaminée démontre que la vaccination de l’ensemble du cheptel a été réalisée trop tardivement pour le prémunir de la dermatose nodulaire », et fait courir des risques aux exploitations voisines.
"Une charge virale extrêmement forte"
Pour Bruno Vincent, directeur départemental de la protection des populations, l’animal infecté avait « une charge virale extrêmement forte ». En outre, les manifestants venus mardi soutenir l’éleveur ont fait courir un risque « tout à fait réel pour d’autres élevages », car ils ont pu repartir avec du fumier contaminé sous leurs pieds, a-t-il souligné lors d’une conférence de presse à la préfecture.
Céline Lhomme, l’épouse de l’exploitant, a plus tôt déclaré à l’AFP que la vache en question allait « très bien » et que les nodules apparus pourraient être liés à sa vaccination. Elle a indiqué avoir demandé à la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, originaire du Doubs, d’intervenir. « Elle fait la sourde oreille, on n’a aucune nouvelle », a regretté Mme Lhomme. Sollicité, le ministère de l’Agriculture n’a pas réagi dans l’immédiat.
Dans un communiqué, la Coordination Rurale a « fermement condamné » l’abattage, jugeant le principe de précaution appliqué par l’Etat « poussé à l’extrême » et invitant la ministre à « revoir sa position et la stratégie sanitaire ».
Dans les Pyrénées orientales, une centaine de manifestants ont aussi tenté lundi de s’opposer à l’abattage d’environ 80 bovins dans le cadre de la lutte contre la DNC, avant d’être délogés par les gendarmes. Sur environ 2 700 animaux euthanasiés en France depuis cinq mois, plus de 1 700 l’ont été dans une zone se partageant entre la Haute-Savoie, la Savoie et l’Ain, premier foyer de l’épizootie qui frappe désormais dans les Pyrénées et le Doubs.

