« Forcément, c’est chargé d’émotion. » Marine Granjon, batteuse du groupe de heavy rock, Fallen Lillies. Le groupe basé à Montbéliard va monter ce vendredi 21 novembre, presque dix ans après les attentats, sur la scène du Bataclan de Paris. Elles seront la première partie de l’auteur-compositeur-interprète Manu Lanvin. Pour le moment, aucune des quatre membres n’a mis les pieds dans la salle. « On y va vendredi pour faire les balances », explique Marine.
Ce groupe, exclusivement féminin, est composé de quatre membres : Marine à la batterie, Laura à la guitare lead, Hélène à la guitare et au chant et Laeticia à la basse. En octobre 2025, elles ont sorti leur dernier album, CRAN. « Il y a eu une grosse année d’écriture pour pouvoir le composer », se remémore Marine. Dix thèmes sont abordés dans l’album ; chaque chanson porte son message. « C’est une revendication sur beaucoup de sujets, notamment des sujets sociétaux », précise la batteuse.
Avec CRAN, les Fallen Lillies prennent un tout autre virage. Alors que le reste de leur discographie est en anglais, ce nouvel album est écrit en français. Ce changement de langue s’est imposé en studio. « Notre public est majoritairement français et on voulait que les messages soient compris de tous », explique Marine. Moins d’un mois après la sortie de l’album, les retours sont déjà bons. Le public habituel a suivi, de nouveaux auditeurs ont même été conquis. Sur Spotify, le groupe compte 2 173 auditeurs mensuels.
Un groupe exclusivement féminin
Marine, Hélène et Ludivine, l’ancienne bassiste du groupe, avaient déjà un groupe de pop-rock. Mais les Fallen Lillies voient réellement le jour en 2013. Amie du collège de Ludivine et Hélène, Laura rejoint le groupe en chemin. Les quatre Franc-comtoises ont un point commun : avoir commencé la musique tôt. Marine a débuté par du classique, Hélène par du piano et Laetitia, la nouvelle bassiste, et Laura, ont débuté par la basse et la guitare.
Pourquoi Fallen Lillies ? La réponse est simple : une volonté de montrer que le quatuor n’est pas des femmes qui respectent les règles. « Une lilly en Angleterre, c’est une femme qui attend sagement à la maison que son mari rentre. » Le groupe a ajouté fallen, « déchues » en anglais.
Marine le déplore, il leur arrive souvent que l’on accuse le groupe d’être exclusivement féminin pour des raisons de marketing. Pourtant, elle l’assure, c’est une pure coïncidence. « On avait 19 ans à l’époque. C’est juste qu’on était quatre copines et qu’on avait envie de faire de la musique ensemble. » La coïncidence se poursuit jusque dans l’équipe technique ; l’ingénieure son et l’ingénieure lumière sont des femmes.
Entre rock et industrie
Le quatuor ne vit pas encore de sa musique. En journée, Marine troque la batterie pour être ingénieure dans l’industrie. « C’est des milieux très différents, mais qui se complètent bien. » Elle est également présidente de l’association pour la promotion de la culture rock dans le pays de Montbéliard (APCRPM). L’organisme gère la salle rock montbéliardaise L’Atelier des Môles. Hélène, la chanteuse du groupe, est également la programmatrice du lieu.
Plus de dix ans après sa création, le groupe se voit intégré dans le paysage rock. En 2019 et 2024, les Fallen Lillies montent sur la fameuse scène du festival Hellfest. En 2023, c’était la scène des Eurockéennes. « Ce sont les deux grosses scènes qui nous ont marquées », confie Marine. Le groupe traverse la France : la batteuse l’assure, être un groupe de heavy rock à Montbéliard n’est pas si compliqué. Pour elle, il existe deux pôles musicaux : l’ouest avec l’Hellfest et l’est de la France. « Ici, on est riche en événements culturels et je pense qu’il y a beaucoup de groupes de Paris qui viennent chez nous. »
Le coup de coeur de Marine
« J’encourage des personnes qui ne sont pas forcément habituées à écouter de la musique énervée de commencer par Haut et fort », affirme Marine. Ce titre est le deuxième de l’album. À l’écoute du refrain, le thème choisi par cette musique est claire : la libération de la parole des femmes réprimées. « Dire haut et fort, scander tous en cœur, se lever pour nos sœurs. Vivre libre et fière », peut-on entendre dans le refrain.

