Les acteurs culturels sont touchés de plein fouet par la crise économique consécutive à la crise sanitaire. Empêché de faire des concerts dans sa salle, le Moloco a décidé de se déconfiner en organisant des tournées dans les cafés-concerts, particulièrement fragilisés, les 25, 26 et 27 juin. L’occasion de remettre de l’huile dans les rouages des acteurs culturels du territoire : artistes, producteurs, diffuseurs…
Les acteurs culturels sont touchés de plein fouet par la crise économique consécutive à la crise sanitaire. Empêché de faire des concerts dans sa salle, le Moloco a décidé de se déconfiner en organisant des tournées dans les cafés-concerts, particulièrement fragilisés, les 25, 26 et 27 juin. L’occasion de remettre de l’huile dans les rouages des acteurs culturels du territoire : artistes, producteurs, diffuseurs…
La proximité. La promiscuité. La sueur. Les décibels. La bière. L’expérience d’un concert. Tout simplement. Eu égard à la crise sanitaire et aux mesures de précaution, on se demande quand reviendront ces plaisirs culturels. Aujourd’hui, surtout, peu sont les acteurs des musiques actuelles prêts à proposer une expérience musicale avec une jauge ultra limitée, un bar fermé et un masque sur le nez. Ce n’est pas leur culture. Et ce n’est pas économiquement viable. Aujourd’hui, ces questions sont réglées : un concert ne peut se tenir qu’avec un public assis. Un siège sur deux. Comme au cinéma.
« Culture du lien »
Les salles de concert sont donc bien ouvertes. Mais ne peuvent pas vibrer. C’est donc une autorisation « en trompe l’œil », remarque David Demange, le directeur du Moloco. Pour autant, le Moloco n’est pas en danger pour le moment. « Les partenaires publics ont joué le jeu et ont permis au Moloco de tenir debout », confirme-t-il. Pour la salle de musique actuelle, les problèmes sont plutôt devant eux, à moyen terme (lire ci-dessous). Par contre, dans l’écosystème, on redoute la casse.
Fidèle à « sa culture du lien, plus que du lieu », dixit David Demange, le Moloco a programmé une tournée des cafés-concerts pour soutenir trois lieux emblématiques du pays de Montbéliard : le Pinky Bar à Nommay, actif depuis 1992 ; le Santiago à Fesches-le-Châtel, café-concert pizzeria à l’esprit rock n’roll ; et La Quincaillerie à Blamont où tout est local et bio. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de soutenir « les plus fragiles », insiste David Demange. Il pense aux intermittents du spectacles, aux artistes, aux techniciens, aux producteurs, aux tourneurs. Dans le pays de Montbéliard, un collectif regroupant une trentaine d’acteurs culturels, constitué au cœur de la crise, a bien vu que les compagnies d’artistes et les cafés-concerts dégustaient sérieusement.
Des risques à moyen terme
« Les difficultés sont plutôt devant nous », estime même le directeur de la scène de musique actuelle. Et ce qu’il l’attend, c’est une triple peine. La première est une baisse de la fréquentation, liée à l’application d’un protocole ou simplement lié à des freins psychologiques. La deuxième peine est la baisse probable, à moyen terme, du mécénat culturel. Aujourd’hui, pour le Moloco, elle représente environ 50 000 euros, sur un budgetd’1 million d’euros. La troisième peine est le risque d’une baisse des financements publics, qui vont avoir des ressources qui risquent de diminuer dans les mois et année qui viennent. « Ces paramètres cumulés peuvent conduire à moyen terme à une situation dangereuse », analyse, lucide, David Demange. La volonté du Moloco est de rouvrir mi-août. Une première programmation, alternative, est attendue pour la rentrée. Cette programmation visera à « renouer les liens et à rassurer », confie David Demange. Et les concerts, en format classique, ne sont pas envisagés avant l’automne. Avant cette reprise, le Moloco fait un 2e évènement, une guinguette éphémère au bord du Doubs, à Audincourt, avec le festival Rencontres et Racines (post Facebook ci-dessous).
Retour aux sources
« Ce sont tous ces acteurs qui fondent la diversité culturelle », assure David Demange. « Plus il y a d’acteurs différents, plus il y a de choses différentes. » Il ne faut pas qu’ils disparaissent, au risque que débarque une uniformisation de la culture. Pendant la crise sanitaire, le fond d’investissement public d’Arabie Saoudite a acquis 5,7 % des parts du mastodonte américain du divertissement Live nation, qui organise notamment le Main Square festival à Arras. Pas très rassurant pour la diversité culturelle.
Le Moloco reste fermé, mais tente de remettre de l’huile dans les rouages. La salle paie l’organisation du concert et paie les cachets comme si c’était au Moloco. Et ce sont des groupes régionaux qui sont à l’honneur, pour les soutenir également. Les trois cafés-concerts conservent la billetterie et le bar. Compte tenu des protocoles sanitaires, deux concerts limités en nombre et sur réservation sont programmés chaque soir. Il faut réserver une table, pour dix personnes maximum.
« Les tavernes ont toujours eu un rôle dans la musique », note finalement David Demange. Pour les musiques populaires, les cafés-concerts sont aussi importants dans la découverte de jeunes artistes. Il n’y a qu’à penser aux Cavern pub de Liverpool et aux Beattles. Cette tournée est un retour aux fondamentaux.
Jeudi 25 juin, à la Quincaillerie, à Blamont (complet), vendredi 26 juin, au Pinky bar de Nommay, et samedi 27 juin, au Santiago, de Fesches-le-Châtel. Resneigements et réservations : http://www.lemoloco.com/agenda/tournee-des-caf-conc/