Près de 295 000 ménages de Bourgogne-Franche-Comté sont en situation de vulnérabilité énergétique liée au logement, selon une étude de l’Insee fondée sur des données de 2021. Cela représente un quart des habitants de la région, une proportion nettement supérieure à la moyenne nationale (17,4 %). La Bourgogne-Franche-Comté apparaît ainsi comme la région la plus touchée de France métropolitaine.
En 2021, ces foyers devaient consacrer plus de 9,2 % de leur revenu disponible pour maintenir une température correcte chez eux, soit bien davantage que la moitié des ménages français, qui dépensent moins de 4,6 %. Pour les ménages vulnérables de la région, la facture énergétique s’élevait en moyenne à 2 760 euros par an, contre 1 980 euros pour l’ensemble des foyers de la région. Soit 40 % de plus ! L’écart s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs : un climat rigoureux, un parc immobilier ancien et un recours massif au fioul.
Le poids du chauffage au fioul et d’un parc ancien
La Bourgogne-Franche-Comté est la région la plus dépendante du fioul domestique : 13 % des ménages l’utilisent comme source principale de chauffage, soit cinq points de plus que la moyenne nationale. Les dépenses qui y sont liées atteignent environ 2 200 euros par an. Près de la moitié des ménages chauffés au fioul sont en situation de vulnérabilité énergétique. Depuis 2022, l’installation de nouvelles chaudières au fioul est interdite, mais le parc existant reste important.
L’ancienneté des logements pèse également lourd. Un tiers des résidences principales de la région a été construit avant 1948, un record en France métropolitaine. Cela fait de la Bourgogne-Franche-Comté la région avec le parc de logements le plus ancien de France. Dans ces habitations, un ménage sur trois est vulnérable. Le déficit d’isolation et la moindre performance énergétique de ces bâtis accentuent la facture. Enfin, la forte proportion d’habitat individuel amplifie le phénomène : deux tiers des ménages vivent en maison, avec des surfaces à chauffer plus importantes que dans les appartements.
Des logements énergivores et coûteux
Un logement sur cinq est aussi classé F ou G au diagnostic de performance énergétique (DPE), contre 14 % au niveau national. Ces habitations concentrent à elles seules 47 % des ménages vulnérables, qui doivent débourser en moyenne 3 270 euros par an pour se chauffer convenablement. Les trois quarts de ces logements appartiennent à des propriétaires occupants, particulièrement exposés aux difficultés.
Les plus fragiles en première ligne
La vulnérabilité énergétique touche davantage les personnes seules et âgées : quatre personnes seules sur dix sont concernées, et la moitié lorsqu’elles ont plus de 75 ans. Les familles monoparentales restent exposées (deux sur dix), mais leur présence plus fréquente dans le parc social limite leur fragilité, contrairement aux ménages pauvres logés dans le privé. Les couples avec enfants sont moins touchés (un sur dix).
La géographie régionale accentue les écarts. Les départements ruraux comme la Nièvre, la Haute-Saône et le Jura cumulent climat rigoureux, bâti ancien et revenus plus faibles. Dans la Nièvre, un tiers des ménages est en situation de vulnérabilité énergétique. À l’inverse, les territoires plus urbains (Côte-d’Or, Doubs, Territoire de Belfort) résistent mieux grâce à un parc plus récent, plus collectif et à des revenus moyens plus élevés.

La rénovation, un enjeu majeur
Face à ce constat, « la rénovation énergétique apparaît comme une priorité », prévient l’Insee qui détaille dans son étude les dispositifs mis en place par l’État et la région : MaPrimeRénov’ (170 millions d’euros en 2024 malgré les remous des derniers mois), certificats d’économies d’énergie ou programme régional Effilogis (17 000 dossiers entre 2017 et 2024). Des aides spécifiques comme le « coup de pouce chauffage » encouragent le remplacement des vieilles chaudières au fioul. Pour les ménages modestes, le reste à charge peut être couvert par un éco-prêt à taux zéro, détaille l’étude.
Ces efforts s’avèrent d’autant plus nécessaires que la hausse des prix de l’énergie accentue la fragilité des foyers. Selon l’Insee, en appliquant aux niveaux de consommation de 2021, les tarifs pratiqués en 2023, les dépenses conventionnelles annuelles moyennes des ménages auraient augmenté de 35 % entre 2021 et 2023, soit une hausse de 1 000 € pour les ménages vulnérables. Sous les hypothèses d’un seuil de vulnérabilité constant à 9,2 %, de revenus identiques, et d’absence de chèques énergie, cette hausse des dépenses conduirait à un taux de vulnérabilité de 37 % en 2023, soit 13 points de plus qu’en 2021.