« Ça profitait à 15 communes. Mais on m’a dit de me débrouiller avec ma piscine », soupire, amer, Philippe Gautier, maire de Valentigney (Horizons). En 2015, l’ancienne piscine municipale devait fermer. Philippe Gautier se tourne alors vers Mickaël Bonsens, qui reprend l’équipement avec d’autres associés, sous le nom Swim’Val. « J’ai trouvé un privé et on a pu tenir dix ans grâce à lui. Les enfants ont continué à apprendre à nager. Ils ont développé hammam, sauna… C’était un vrai écosystème, et pas seulement pour Valentigney. »
Pendant près d’une décennie, Swim’Val a accueilli en moyenne 1 500 enfants et enregistré 80 000 entrées par an. Les scolaires venaient d’une quinzaine de communes de l’agglomération et, au total, de 50 communes différentes (l’Agglo en compte 73). La structure proposait des créneaux aux écoles, associations, clubs de plongée, personnes en situation de handicap, et possédait, selon le maire, le plus grand bassin de plongée en profondeur du secteur.
La direction revendiquait une mission de service public, représentant 70 % de son activité. L’accueil des scolaires était assuré « en relation étroite avec l’inspection académique », précisaient ses responsables.
Depuis 2015, le centre fonctionnait sans subvention récurrente, rappelle la direction dans un communiqué diffusé sur ses réseaux sociaux le 6 août. L’équilibre a été rompu par la crise sanitaire, qui a bloqué un projet de chaufferie bois, et surtout par l’explosion des coûts de l’énergie. La facture annuelle de gaz et d’électricité a doublé, passant de 100 000 à 200 000 euros. Le déficit a dépassé 90 000 euros. Les actionnaires ont injecté 140 000 euros en 2023, après 550 000 euros d’investissements cumulés depuis la reprise, précisait la direction dans un communiqué datant du printemps.
« Un enjeu intercommunal »
Pour maintenir son activité, la direction a sollicité Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) pour une subvention de 90 000 euros par an, pendant trois ans. La Ville de Valentigney s’est engagée à hauteur de 20 000 euros. La demande n’a pas été acceptée et, désormais, la piscine est fermée. La liquidation judiciaire a été prononcée le 6 juillet 2025.
« PMA pouvait l’aider car Swim’Val assurait un service public. C’était un enjeu intercommunal ! Quand on est capable de trouver 4 millions d’euros pour le FCSM — et je trouve ça super, il fallait le faire — mais qu’on n’est pas capable de trouver 100 000 euros ? On marche sur la tête », dénonce Philippe Gautier. Il pointe aussi un surcoût pour les communes voisines : « D’un point de vue écologique, emmener les gamins à une dizaine de kilomètres alors qu’on a une piscine à côté… Ce n’est pas comme ça qu’on devient plus respectueux de l’environnement. »
Avec la disparition de Swim’Val, l’agglomération ne compte plus que deux piscines principales ouvertes toute l’année : La Citédo à Sochaux et le centre aquatique René Donzé à Montbéliard. « Citédo a dû supprimer des créneaux au public pour accueillir les enfants », relève Philippe Gautier (lire ici).
Un territoire moins bien équipé ?
« Trois piscines pour 140 000 personnes, ce n’était pas de trop. Avec les canicules qui se succèdent, le nombre de noyades à la hausse, on le voit bien, c’est de l’utilité publique ! C’est un vrai gâchis », insiste-t-il. Pour le maire, cette fermeture illustre un manque de vision collective : « Si ça avait été sur une autre commune, j’aurais réagi de la même manière. L’argent public doit être utilisé pour les gens, et quand on est un politique, on doit prendre des engagements. »
Sollicité, Charles Demouge, président de PMA, assure que les deux piscines restantes peuvent absorber l’activité de Valentigney. « Toutes les demandes scolaires et associatives ont été satisfaites par la Citédo et la Ville de Montbéliard. Les écoles d’Audincourt, de Glay, de Mandeure et deux écoles de Valentigney viendront à la Citédo. Entre nos deux piscines publiques, pour les écoles, nous serons au top. »
Même discours pour les associations, dont certaines, affirme-t-il, « auront même plus que ce qu’elles avaient avant », citant notamment les clubs de sauvetage en mer. Quant à la demande d’aide restée sans suite, il refuse de revenir sur le sujet : « Je me suis déjà exprimé. Valentigney, ils font ce qu’ils veulent. » La messe est dite : ce sont donc les deux piscines publiques qui absorberont, pour les années à venir, la population de l’agglomération.