C’est un mercredi pas comme les autres pour Mama, Wally, Yassine et Aladje. À peine arrivés au centre de formation aux métiers du football de Seloncourt, ces jeunes footballeurs U17 troquent leur short d’entraînement pour un bleu de travail improvisé. Direction : les escaliers nord du stade Bonal. Objectif du jour : les repeindre, en binôme avec des Socios, ces supporters devenus actionnaires du club depuis son sauvetage à l’été 2023.
Léna Chatonnay, salariée de l’association Sociochaux, donne le ton. Posture de prof, quizz d’histoire express : « Vous savez quand le club a été créé ? Et par qui ? » Les garçons s’amusent à répondre, puis s’appliquent. Ils ne sont pas tous d’ici, loin de là : Paris, Lyon. Et trouve le pays de Montbéliard… « Trop, trop calme ! » « Ça nous fait du bien de sortir un peu, rigole l’un d’eux. Et puis ça change. » Tous y mettent bon cœur.
Autour, des figures de l’association Sociochaux s’activent. Frédéric, par exemple, fraîchement retraité, vient de s’installer dans le pays de Montbéliard. Il arrive de région parisienne. Fan du club depuis l’épopée européenne de 1980, alors qu’il était encore « gamin », comme il le dit lui même, Frédéric est devenu l’un des fervants fidèles.
S’il s’installe ici, ce n’est pas pour rien, raconte-t-il, perche à la main. Il le fait en grande partie pour le club. Encore en région parisienne, il venait voir au mois cinq six matchs par an du FCSM. « Maintenant que je suis là, je les ferai tous. J’ai déjà pris ma carte ! » Ce chantier, il le voit comme une façon concrète de rencontrer les autres Socios. « Avant, on se croisait juste sur internet. »
Un peu plus loin, Cécile grimace en voyant une coulure dépasser. « Pendant les matchs, je repère toutes les fautes, même quand il n’y en a pas ! » C’est pour son neveu qu’elle s’est engagée. Lui était inconsolable après la chute du club. Elle, elle ne restait jamais aux matchs. Maintenant, elle reste au stade, regarde les matchs et y revient même pour peindre !
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S'approprier son club
Vincent Thiebaut-Georges coordonne ce vaste chantier participatif lancé au printemps : refaire les escaliers, colonnes, et bientôt les façades sud. « C’est un sacré projet », reconnaît-il. Une œuvre collective, inspirée par l’exemple des supporters de l’Union Berlin. « Cette initiative originale illustre l’un des piliers du modèle socio : permettre aux supporters, désormais propriétaires de leur club, de s’approprier leur stade, en participant concrètement à améliorer les espaces communs », explique l’association.
Les escaliers étaient autrefois tous bleus. Désormais, l’extérieur s’habille d’un bleu profond, l’intérieur alterne jaune et bleu roy, teintes emblématiques du club. Des motifs géométriques inspirés du blason comtois orneront bientôt les colonnes.
« Faire venir les jeunes, c’est un message fort », souffle Vincent. « Ça tisse du lien entre le centre, le club, les Socios. Et ça donne à chacun un rôle dans cette aventure. »
Mercredi soir, entre deux couches de peinture, les conversations s’animent. Les anciens posent des questions aux jeunes joueurs, plus timides. Ils rient aussi. Le lien n’est pas feint et se construit. À coup de pinceaux, de petites coulures de peinture, et d’anecdotes.