Plus d’un Français sur dix n’a pas de médecin traitant. Un Français sur trois vit dans un désert médical. Et la population des médecins généralistes vieillit à grand pas. Comme la population française. La commune de Badevel compte un médecin généraliste, pour 800 habitants.
« Il y a plus de seniors de plus de 60 ans en France que d’enfants de moins de 5 ans », replace Charles Bark, fondateur de la start-up HiNounou (prononcé « aïe » nounou, comme « Salut », en Anglais), une solution déployée dans la commune. « Il y a de plus en plus de personnes âgées et de moins en moins de médecins », ajoute Samuel Gomes, maire de Badevel, pour justifier le recours à cette solution de prévention et continuer de brosser le tableau des enjeux liés à la santé. « Nous avons fait le choix d’innover », appuie l’édile. Une décision qui s’inscrit dans une dynamique plus globale du village qui utilise par exemple le numérique et l’intelligence artificielle pour mieux gérer ses consommations énergétiques. Plusieurs dispositifs se croisent, avec comme « liant », le numérique. « On essaie de les croiser et non pas de les empiler », assure-t-il.

Prévention
« Nous vivons deux générations après la retraite », observe Charles Bark, a été chercheur au CNRS. « Mais comment vit-on ? » Questionne-t-il. « Nous ne sommes pas obligés d’être victime de son vieillissement », formule le dirigeant d’HiNounou. Et la clé, c’est la prévention. « Rien qu’avec l’électrocardiogramme, on peut prévenir un tiers des AVC (accidents vasculaires cérébraux, NDLR) », indique l’entrepreneur. Sur son site Internet, la société, d’ajouter : « Notre but est de participer à la transformation du système de soin actuel qui est orienté traitement à l’hôpital vers un système de soin préventif centré sur le patient à domicile. »
« Il n’y a pas de santé, sans données », assure alors Charles Bark, pour faire le lien avec son outil. Il a, entre ses mains, le kit bien-être, commercialisé par sa société. Dedans, on trouve un électrocardiogramme, un tensiomètre, une balance intelligente, des capteurs d’environnement ou encore un oxymètre… Les mesures prises grâces aux appareils permettent de définir son profil de santé. Des mesures qui permettent de regarder les pathologies cardio-vasculaires, l’hypertension ou le diabète. « Nous moulinons cinq types de données. Nous faisons [grâce à l’intelligence artificielle] un pronostique. Ensuite, le médecin peut aller sur le diagnostic. Cela lui permet d’être plus rapide », détaille Charles Bark. Les données sont traitées et analysées puis transmises via une application sur son smartphone. Elles permettent de fournir un profil de santé et d’alerter au besoin. Ce sont plus de 12 ans de recherches qui ont été nécessaires en France, aux États-Unis et en Chine pour obtenir cette solution technologique.

Deux kits achetés par Badevel
Un kit est déjà mis à disposition d’une personne âgée du village de Badevel. Un second a été acquis par la collectivité et doit avoir un usage collectif ; des échanges sont en cours avec le médecin du village, pour savoir si l’on peut aménager un espace pour l’installer. Le kit coûte 1 500 euros à la collectivité. Un abonnement est en cours de définition, de l’ordre de 15 euros par mois par personne, pour pouvoir l’utiliser comme on veut. Les données collectées par le kit sont stockées selon les règles strictes des données relatives à la santé, en France, chez des hébergeurs certifiés HDS (hébergement des données de santé). « Les données appartiennent aux habitants », rassure, tout de suite, Charles Bark.
HiNounou est implanté dans 13 pays, notamment en Asie centrale, touchant plus d’un million de personnes assure le fondateur. La solution HiNounou existe à Hong Kong depuis 2017 et depuis 2023 en France. Badevel est la première commune à y recourir en France.