L’aérodrome de Courcelles-lès-Montbéliard a accueilli une douzaine de vols sanitaires dans le cadre de la réponse sanitaire à la pandémie du covid-19. Une crise qui illustre l’intérêt stratégique de cette plateforme pour le territoire.
L’aérodrome de Courcelles-lès-Montbéliard a accueilli une douzaine de vols sanitaires dans le cadre de la réponse sanitaire à la pandémie du covid-19. Une crise qui illustre l’intérêt stratégique de cette plateforme pour le territoire. Après les départs de fin mars, on enregistre des retours. Ce mercredi, deux patientes sont revenues du sud.
« C’était beau à voir. C’est un retour à la vie. » L’émotion est palpable dans la voix de Foudil Téguia, le directeur du syndicat mixte de l’aérodrome du pays de Montbéliard (SMAPM), à Courcelles-lès-Montbéliard. Ce mercredi midi, il a assisté au retour dans le nord Franche-Comté de deux patientes atteintes du covid-19, qui avaient été transférées dans des centres hospitaliers du sud, les 28, 29 et 30 mars, pour diminuer la pression sur les services régionaux. C’est le deuxième vol sanitaire, en retour, organisé à l’aérodrome du pays de Montbéliard, après celui de vendredi.
Foudil Téguia a été marqué par les vols organisés fin mars. On ne voyait pas les patients, alités dans d’imposants matelas rouges. « Il fallait voir le matériel avec eux », se souvient-il pour décrire ces patients alors accueillis en réanimation. Leur état était critique. « Aujourd’hui, les ambulanciers leur demandaient si elles voulaient être allongées ou assises dans leur brancard, raconte le directeur, avant de philosopher : C’est le redressement. » Le directeur a été marqué par la qualité du personnel soignant autour des patients. Il évoque « la bienveillance ». Il loue ce « système de santé » capable de solliciter une dizaine de personnes pour deux patients. « Pour sauver des gens », résume-t-il.
Mobilisable en 30 minutes
Les 28, 29 et 30 mars, douze patients ont été transférés depuis le nord Franche-Comté vers des établissements du sud de la France. Les transferts ont été réalisés à l’occasion de six vols sanitaires, deux chaque jour. Les patients étaient transportés dans des Piaggio P180 Avanti, appartenant à une compagnie privée lyonnaise. Un hélicoptère HN 90 Caïman s’est également posé à l’occasion de ce week-end de transferts sanitaires, pour ramener une équipe médicale et pour s’avitailler.
À l’occasion de cette crise, « on voit l’intérêt de cette infrastructure dans le maillage territorial », analyse Foudil Téguia. Les ambitions sont nombreuses pour cette plateforme et plusieurs investissements ont été réalisés. Surtout, la gouvernance a été stabilisé. La plateforme est référencée par les services de l’information aéronautique. « La plateforme est mobilisable dans les 30 minutes, 24 heures sur 24, sept jours sur sept, après la une saisine d’un service de l’État », explique le directeur du syndicat mixte en charge de l’aérodrome.
La pandémie dans la région
- 1 334 patients hospitalisés
- 234 personnes en réanimation
- 721 décès en milieu hospitalier
- Plus de 2 000 patients sortis d’hospitalisation
À chaque vol sanitaire, le syndicat mixte a proposé une restauration aux équipes médicales et aux pilotes. « C’est une marque de reconnaissance, justifie simplement le directeur. Nous remercions chacun à notre manière. Certains applaudissent. » Eux, ils soutiennent les équipes. L’implication a été saluée. « Je voudrais vous remercier pour l’hospitalité dont vous avez fait preuve durant les transferts que nous avons organisé de Courcelles. Mes équipes et moi-même avons grandement apprécié vos petites attentions et la mise à disposition des installations », écrit le Dr Abdo Khoury, médecin coordinateur de la cellule régionale de transfert covid-10, au centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Besançon, dans un e-mail que Le Trois a pu consulter.
Un haut et long "plateau"
« Cette crise sanitaire est sans précédent, elle bouleverse nos vies et nos organisations de travail, et l’hôpital s’est adapté dans un temps record aux nécessités imposées par l’épidémie. De par sa nature, cette crise nous a placés au cœur des réponses », remarque pour sa part le professeur Thibaut Desmettre, chef de pôle Urgence, Samu et réanimation médicale au CHRU de Besançon, dans courrier de remerciement adressé à l’ensemble des personnels médicaux et non médicaux et agents qui ont pris part à ces opérations. Un courrier envoyé le 21 avril, notamment aux équipes de l’aérodrome. « Toutes ces adaptations, l’exigence dans la qualité de la réponse apportée collectivement sont tout simplement je vous le redis EXTRAORDINAIRES. Elles témoignent de votre mobilisation, du travail d’équipe, de la solidarité et de votre professionnalisme », écrit-il.
56 patients admis en réanimation ont été transférés hors de la région. 22 ont été rapatriés confirme l’agence régionale de santé dans son bulletin quotidien. 11 sont encore hospitalisés, dont 2 en réanimation, et 11 ont regagné leur domicile. « Vingt-neuf personnes restent hospitalisées à l’extérieur de la Bourgogne-Franche-Comté. Cinq personnes concernées par les transferts sont malheureusement décédées », relève également l’ARS. Les données d’aujourd’hui sont le « signe d’un haut et long « plateau » de l’épidémie », analyse l’ARS. « Le coronavirus maintient un fort niveau d’activité́ pour les services de réanimation, note l’ARS, avant de conclure : C’est dire la nécessaire discipline collective pour respecter les règles du confinement, ne pas oublier les gestes barrières et appliquer systématiquement les mesures de distanciation sociale. »