
Pourquoi organisez-vous ce forum autour de l’hydrogène et de l’industrie automobile ?
L’industrie automobile française vit une transformation sans précédent. Elle est fortement concurrencée par la mobilité électrique chinoise. Le marché chinois est très agressif et rebat les cartes de la mobilité en Europe. La Chine a mené un combat industriel ; l’automobile cherchait du cash alors que les Chinois cherchaient à développer une filière. On le paie aujourd’hui. Ils avaient une stratégie depuis quinze ans. Demain, la mobilité sera multiple : thermique ; thermique hydrogène ; électrique à batterie ; électrique avec de l’hydrogène stockée sous forme de gaz ; hybride… L’hydrogène est une opportunité pour reconstruire l’industrie automobile française, alors que nous avons déjà perdu la bataille des batteries. Certes, le marché de l’hydrogène a du mal à décoller, pour plein de raisons, mais c’est une réelle opportunité, notamment pour notre souveraineté énergétique et industrielle.

Quels sont les enjeux de la filière aujourd’hui ?
Il faut qu’elle puisse prouver de la faisabilité et de la robustesse de ses technologies. N’oublions pas que nous demandons à la mobilité hydrogène de faire en quatre ans ce que la mobilité électrique a fait en 15 ou 20 ans ; et cette dernière n’a un déploiement d’envergure que depuis cinq ans. Aujourd’hui, nous nous apercevons que la mobilité hydrogène sera dédiée aux poids lourds et la mobilité urbaine ; la batterie n’aime pas que l’on arrête et redémarre constamment le véhicule, comme une benne à ordures ou un véhicule de distribution par exemple. Les véhicules particuliers sont aussi moins concernés.

Que faut-il pour que cela décolle ?
Le forum propose un état des lieux de l’industrie automobile française sur l’hydrogène, avec le cabinet Secafi. Ensuite, nous regarderons ce qu’il manque : il est urgent, par exemple, d’avoir un réseau de distribution. Si les prix des véhicules sont chers, c’est que nous sommes en début de technologie. Nous avons donc besoin de commandes pour réduire les coûts ; sans subvention de l’État, ce sera très compliqué. L’État doit aussi accompagner les commandes publiques sur l’hydrogène. Il faut pouvoir lutter à armes égales et très rapidement. Il faut se battre pour un écosystème. L’automobile doit aujourd’hui être unifiée. Il faut que nous allions au combat tous ensemble pour sauver notre industrie, nos emplois et notre territoire.


Qu’en est-il du site d’Allenjoie de Forvia, qui produit des réservoirs de stockage d’hydrogène ?
Nous sommes prêts. Notre technologie est prête. Nous maîtrisons les process. Nous produisons, mais nous ne sommes pas à la hauteur de nos prévisions d’il y a deux ou trois ans. Nous avons encore du chômage partiel. La mobilité hydrogène devrait décoller d’ici deux ans ; ce sont les prévisions. Si on lance des commandes publiques, nos usines sont prêtes.
Mercredi 26 février, de 14 h à 17 h, à la chambre de commerce et de l’industrie Saône-Doubs, site de Montbéliard. Entrée libre | www.collectif-reconstruire.fr | un évènement animé par letrois.info