Les points forts
Le préfet du Territoire de Belfort a mis en avant trois points forts, notant, pour le département, une « violence contenue ». Parmi ceux-ci, une stabilité des agressions et une nette diminution de la mortalité sur les routes. En 2024, un seul décès a été recensé contre neuf en 2023. « Il y a moins de morts sur les routes, mais une hausse des accidents et des comportements accidentogènes liés à la consommation de stupéfiants et d’alcool », a-t-il précisé.
Le colonel de gendarmerie Jean Mérino note qu’aucun accident grave n’a été recensé après les grands rassemblements que sont les Eurockéennes et le FIMU. « Notamment dû à une forte présence des forces de l’ordre, qui a encore augmenté cette année », explique-t-il.
Cette forte présence a aussi dissuadé, selon lui, les auteurs d’atteintes aux biens. En 2024, on note une baisse sensible des cambriolages, précise le colonel. « Nous concevons une offre de sécurité sur mesure, à l’écoute des territoires », fait-il remarquer, ce qui permet de maintenir une présence dissuasive.
L’opération Territoire Serein, qui consiste à concentrer les moyens sur une zone précise à des moments stratégiques, permet de réduire les tentatives de délits en tout genre. Exemple à Fontaine, à l’aéroparc : pour le Black Friday, les maires ont demandé un contrôle routier renforcé de la gendarmerie. « Ce jour-là, cela a permis de ne pas avoir de nuisances. »
Le lieutenant-colonel Combot, de la délégation départementale militaire, a rappelé que, concernant la présence des forces de l’ordre sur le territoire, l’opération Sentinelle avait été déployée à trois reprises pour sécuriser des événements majeurs : le FIMU, les Eurockéennes et le concert inaugural du Mois givré.
Les points faibles
Le point noir de ce bilan 2024 réside dans l’augmentation marquée des violences sexuelles. « Nous pouvons parler de hausse sévère », détaille le préfet. En 2024, 239 faits ont été enregistrés, contre 159 en 2023, soit une augmentation de 50 %. Mais les forces de l’ordre l’expliquent en grande partie par « un phénomène de libération de la parole », ajoute Alain Charrier. Les dispositifs mis en place, comme la maison de la protection des familles, permettent aux victimes de se sentir en confiance pour porter plainte. Tout comme les deux postes d’intervenants sociaux que se partagent police et gendarmerie, qui ont pour rôle de suivre les victimes.
Concernant les violences intrafamiliales, elles affichent une légère baisse, mais restent à un « point haut », précise le préfet Alain Charrier. Début 2024, son prédécesseur, Raphaël Sodini, évoquait la fin du « chiffre noir » des violences conjugales (victimes ne portant pas plainte, faits non dénoncés). « Effectivement, elles n’augmentent plus », a confirmé Alain Charrier. On recense toujours 650 faits en 2024, souvent liés à des comportements sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants.
Cédric Richardet, directeur départemental de la police nationale, a souligné la nécessité d’accélérer les procédures, notamment face à l’augmentation des violences sur mineurs. « La réactivité est nécessaire », a-t-il insisté, ajoutant que des renforts allaient être déployés pour désengorger les services d’enquête et permettre une meilleure prise en charge des dossiers.
Les débits de boissons dans le viseur du préfet
Remarquant que beaucoup de conduites délictueuses sont accompagnées d’alcool ou de stupéfiants, Alain Charrier tonne contre les débits de boisson hors-la-loi, vendant de l’alcool ou d’autres produits interdits à des heures tardives.
« Je ne vais rien laisser passer en la matière. Ils vont me trouver sur leur chemin, et il n’est pas question de laisser faire des officines hors la loi », prévient-il. Il explique avoir déjà fait fermer des établissements de ce type et qu’il continuera de le faire.
En chiffres en 2024
- Hausse de 23 % des suspensions de permis en 2024
- Violences intrafamiliales : 732 cas en 2023 → 654 cas en 2024
- Violences sexuelles : 159 cas en 2023 → 239 cas en 2024
- Atteintes aux biens : baisse de 8 % entre 2023 et 2024
Les points de vigilance
La hausse de la délinquance des mineurs est le point de vigilance de l’année. « Nous sommes sur un point haut par rapport à 2023. Il y aura des initiatives à venir de notre part », a annoncé le préfet. En 2024, 280 faits ont été recensés, impliquant majoritairement de jeunes hommes proches de la majorité.
Le point qui évolue
Lors du point presse, l’un des changements notables de l’année concerne le comportement des dealers. Le trafic de stupéfiants s’adapte aux nouvelles technologies. « Avant, les points de deals étaient visibles », explique Cédric Richardet, directeur départemental de la police nationale. « Aujourd’hui, le trafic s’est réorganisé via des systèmes de livraison avec les réseaux sociaux, ce qui pousse nos enquêteurs à innover, notamment en exploitant les données numériques. » Ce travail est jugé plus chronophage mais indispensable pour lutter contre ces nouvelles pratiques.
Du côté de la gendarmerie, la baisse des atteintes aux biens a permis aux enquêteurs de se concentrer sur cette lutte contre le trafic de stupéfiants. En 2024, toutes forces de l’ordre confondues, les saisies s’élèvent à 400 kg de cannabis, 27 kg de cocaïne, 9 kg d’héroïne et 116 cachets d’ecstasy.