Un mandat d’arrêt a été délivré à l’encontre du religieux de nationalité togolaise, qui était absent de son procès pour « agression sexuelle par personne abusant de l’autorité que lui confère ses fonctions », après son départ pour le Togo. Il a désormais une une interdiction définitive de séjourner sur le territoire français et d’exercer toute fonction de prêtre en France.
La plaignante, une femme « en quête de sens » qui s’était récemment tournée vers l’Église après un « burn out », a rapporté avoir été agressée sexuellement au domicile du prêtre dans un presbytère belfortain, le 4 juillet 2023. L’homme, alcoolisé après une réception organisée à l’issue d’une messe, l’a contrainte à des attouchements malgré ses refus explicites, a-t-elle témoigné lors du procès. Il officiait à l’église Saint-Joseph.
Le prévenu, qui a contesté les accusations lors de l’enquête, était absent lors du procès, ayant quitté la France pour le Togo en août 2024. Il affirmait devoir partir pour des cérémonies de deuil après la mort de sa mère, pourtant décédée deux ans plus tôt. Son avocate, Me Quenot, a expliqué qu’un « état de santé délétère » l’empêchait de revenir, mais le tribunal a rejeté la demande de renvoi, jugeant insuffisants les justificatifs médicaux présentés. L’avocate, refusant de le représenter en son absence, a rappelé que son client niait fermement les faits.
Inscription au FIJAIS
Plusieurs preuves ont permis d’étayer la version de la victime. Cette fidèle, qui selon le prêtre, n’avait pas été invitée au domicile a été capable de décrire précisément les lieux, dont la chambre à coucher, dans laquelle il l’a contrainte à se rendre, selon son témoignage. Un témoin a pu attester de l’état d’alcoolémie du prêtre ainsi que de la proposition du prêtre à la femme de monter à son domicile. Aussi, un servant de l’Eglise a témoigné lors de l’enquête que le prêtre lui avait confié avoir eu des « gestes déplacés » envers cette femme. Lors de l’audience, il a ainsi été rappelé que l’alcoolémie ainsi que le fait d’inviter une fidèle à son domicile étaient des pratiques interdites au sein de l’Eglise.
Le ministère public a estimé que « la culpabilité ne faisait aucun doute », soulignant la gravité des faits. Outre la peine de prison, le tribunal a également prononcé une interdiction définitive de territoire et d’exercice religieux en France, ainsi qu’une peine d’inéligibilité de cinq ans. Le prêtre a été inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS).
La victime a obtenu 3 000 euros de dommages et intérêts, ainsi que 1 200 euros pour ses frais de justice. Me Leandro Giagnolini affirme que sa cliente « ne cherche pas vengeance, elle est dans une demande de réparation mais surtout espère que la justice contribue à prévenir de tels comportements, notamment au sein de l’Église. »
L’Église a suspendu le prêtre de ses fonctions. Le diocèse de Belfort-Montbéliard a indiqué souhaiter communiquer dans la journée.