En 2021,1,27 million de Bourguignons-Francs-Comtois âgés de 14 à 70 ans sont présents sur le marché du travail, qu’ils soient en emploi ou au chômage. Cette population active baisse depuis une dizaine d’années. La raison : de nombreux départs en retraite, et ce « malgré la participation accrue des femmes et des actifs de plus de 55 ans au marché du travail », détaille l’Insee. L’arrivée de jeunes actifs sur le marché diminue également en raison de la baisse de la fécondité enregistrée dans les décennies précédentes.
Une stabilisation est relatée : notamment en raison des politiques publiques, comme le report de l’âge de départ à la retraite et le développement de l’apprentissage. « Mais le vieillissement devrait s’accentuer dans les prochaines décennies avec l’arrivée aux âges de la retraite des générations nombreuses du baby-boom. La population active continuerait de diminuer plus rapidement que l’ensemble de la population régionale », précise l’étude.
L’Insee a envisagé différents scénarios d’évolution. Dans le cas d’une participation accrue des seniors et des jeunes au marché du travail, la baisse pourrait être limitée à 9 %. En revanche, si les comportements actuels se maintenaient, la population active chuterait de 15 %.
Selon le scénario central fondé sur la poursuite des tendances démographiques récentes, la population active régionale pourrait passer de 1,27 million en 2021 à 1,12 million en 2050, soit une baise de 11% au cours de la période.
Baisse de 18% à Belfort ou Montbéliard
La démographie est la première cause de cette baisse. « La proportion élevée de personnes plus âgées dans la population provoquerait davantage de départs en retraite que d’entrées de jeunes actifs sur le marché du travail », note l’Insee. Dans la région, le seul effet de la démographie pourrait faire baisser la population active de 13 % d’ici 2050.
Outre les dynamiques démographiques naturelles, les migrations résidentielles participent à cette baisse. La région enregistre davantage de départs que d’arrivées d’actifs, ce qui réduit encore davantage sa population active. Le déficit migratoire contribuerait à une diminution supplémentaire de 3 % d’ici 2050. Les actifs de 14 à 24 ans « devraient être moins nombreux à l’horizon 2050 (-15 000) ». Alors, les générations vieillissantes quitteront le milieu du travail et ne seront pas numériquement remplacées par les plus jeunes générations. Jeunes qui, pour leurs études, partent et ne reviennent pas toujours.
Selon les prévisions de l’Insee, la baisse ne touchera pas toutes les zones d’emploi de manière uniforme. Les zones de Dijon, Besançon et Pontarlier pourraient maintenir un niveau d’actifs relativement stable grâce à leur attractivité résidentielle et économique. En revanche, d’autres territoires, comme Belfort, Montbéliard ou Vesoul, devraient connaître des baisses de plus de 18 %, notamment en raison de la désindustrialisation et du manque de renouvellement démographique.
Une région face à des pénuries majeures
L’Insee, face à ces constatations, soulève des questions. Comme celui de l’adaptation des postes de travail aux besoins spécifiques des séniors, dont le nombre va croître rapidement. En 2050, Il y aura 1,4 actif pour un inactif de 65 ans ou plus en 2050, contre deux pour un en 2021. « Avec plus de retraités, les revenus des ménages auraient tendance à globalement diminuer, puisque les pensions sont généralement moins élevées que les salaires. La population de la région vieillissant, les besoins adressés aux entreprises assurant des services d’accompagnement à domicile pourraient en particulier être importants, et difficiles à couvrir », pointe encore l’étude. Dans ce contexte, la formation dans ce secteur sera un enjeu crucial, d’autant plus que dans beaucoup de secteurs, les entreprises pourraient faire face à des pénuries de main d’oeuvre. En parallèle, la Bourgogne-Franche-Comté devra répondre à des tensions sur le marché de l’emploi, particulièrement dans les professions de la santé, de l’administration publique et de la manutention.
L’Insee établit, concernant l’emploi, un premier horizon difficile : celui de 2030. Les besoins non couverts seront déjà d’environ 40 000 emplois. Cela représente aujourd’hui un peu plus de 7 % des effectifs de ces métiers. Cette projection tient compte des départs à la retraite, des destructions ou créations de postes et des arrivées de jeunes débutants. Dans la région, les ouvriers qualifiés de la manutention, les professions intermédiaires de la fonction publique, les aides à domicile, les conducteurs de véhicules, les agents d’entretien et les cadres des services administratifs, comptables et financiers sont les métiers où les difficultés de recrutement seraient les plus marquées en 2030.
Environ le tiers des postes d’ouvriers qualifiés de la manutention resteraient non pourvus en 2030. Dans un contexte de vieillissement de la population, 29 % des postes d’aides à domicile seraient également à pourvoir. Les départs en fin de carrière seraient parmi les plus élevés pour ces métiers : 42 % des aides à domicile en poste en 2019 devraient cesser leur activité d’ici 2030.