Près de 300 personnes sont actuellement hébergées par l’Armée du Salut. La situation créée par la pandémie du coronavirus Covid-19 fragilise les plus démunis et la fondation tente de faire face. Elle a lancé un appel aux bénévoles pour l’aider à accompagner les plus fragiles.
Thibault Quartier et Pierre-Yves Ratti.
Près de 300 personnes sont actuellement hébergées par l’Armée du Salut. La situation créée par la pandémie du coronavirus Covid-19 fragilise les plus démunis et la fondation tente de faire face. Elle a lancé un appel aux bénévoles pour l’aider à accompagner les plus fragiles.
Les mesures prises pour limiter la propagation du coronavirus Covid-19 accroissent les inégalités. Et fragilisent encore plus les plus faibles. Que ce soit les sans domicile fixe qui ne peuvent plus compter sur la solidarité des passants pour manger. Ou encore les victimes de violences conjugales qui se retrouvent confinées 24 heures sur 24 avec leur conjoint violent. Mais la solidarité s’organise (lire par ailleurs) pour n’oublier personne.
Aujourd’hui, près de 300 personnes bénéficient de l’un des dispositifs d’hébergement de la fondation Armée du Salut, à Belfort. Son dispositif d’hébergement d’urgence a notamment été renforcé de trente places supplémentaires, compte tenu de la pandémie. Et le report de la fin de la trêve hivernale, au 31 mai, permet de toujours bénéficier des 40 places supplémentaires attribuées l’hiver. Les personnes accompagnées par l’Armée du Salut ont différents profils. Certains sont sans domicile fixe. Certains sont des travailleurs pauvres. D’autres sont des victimes de violences conjugales. D’autres sont des sans papiers, dont la situation est étudiée par la préfecture. D’autres ont des problèmes psychiatriques. Des problèmes que le confinement n’aident pas à canaliser ; l’accès aux médicaments peut aussi être difficile.
Colis alimentaires
« Aujourd’hui, tous ceux qui ont appelé le 115 sont hébergés », rassure Thierry Novelli, directeur de la fondation Armée du Salut à Belfort. Reste-t-il des gens dehors ? « On ne peut pas vraiment le savoir », acquiesce le directeur. Quelques personnes sont restées dans leur squat ou sont chez des amis confirme le directeur. Il faudra sûrement les accueillir dans le futur, surtout si la situation se prolonge. « On essaie [toujours] d’ouvrir des places car nous ne savons pas combien nous en aurons besoin », constate le directeur. La fondation belfortaine dispose de solutions de logements diffus, ce qui facilite la prise en charge compte tenu du confinement. Cela évite d’avoir des rassemblements dans des accueils collectifs. L’absence de tension sur le marché de l’immobilier belfortain a facilité l’accès à ces nouveaux hébergements.
Chaque jour, la fondation délivre une centaine de colis alimentaires. Des colis constitués avec la Banque alimentaire de Montbéliard, qui collecte et redistribue. La fondation se rend dans la cité des Princes chaque jour pour retirer les colis et fait ensuite le tour des hébergements pour ravitailler les personnes. L’avantage des studios, c’est qu’ils sont équipés. Les personnes peuvent donc cuisiner les produits apportés. Pour les gens hébergés en chambres d’hôtel, une dizaine, l’Armée du Salut travaille avec l’hôpital Nord-Franche-Comté pour avoir des barquettes ou distribue des sandwichs.
La solidarité s'organise
Lors de son point presse hebdomadaire, David Philot, préfet du Territoire de Belfort, a indiqué que la Croix-Rouge et les Restos du Cœur allaient pouvoir rouvrir des points de distribution. Le Secours Populaire, a pour sa part réussi dès le début du confinement à conserver ses distributions (mais la boutique de l’avenue Jean-Jaurès est fermée). La réserve civique rencontre un franc succès : les volontaires sont plus nombreux que les besoins manifestés pour l’instant par les structures. En début de semaine, les Restos du Cœur, les CCAS de trois communes du Territoire et un Ehpad avaient fait part de besoins et proposé une ou des missions. Quarante volontaires se sont donc vu attribuer une mission. Enfin, le préfet indiquait être en lien étroit avec le Département pour travailler ensemble à la mise en place d’un numéro d’écoute pour les personnes isolées. Ce projet est sur le point de déboucher.
Appel aux bénévoles
L’Armée du Salut a lancé, le 24 mars, un appel aux bénévoles sur les réseaux sociaux. « Cela a bien marché », confie Thierry Novelli. 25 personnes ont répondu se réjouit le directeur. « Nous essayons d’anticiper la progression de l’épidémie et le risque d’une baisse de personnels et de bénévoles », prévient-il. Ce dernier est impressionné par la mobilisation et l’implication de ses équipes. « Ils font un travail admirable », confie-t-il, alors qu’ils n’ont « rien ». Ni masque. Ni blouse. Ni gant.
La fondation cherche toujours des bras supplémentaires pour préparer les colis, les distribuer ou pour appeler les résidents afin de garder le contact avec les personnes accompagnées et leur proposer une écoute. Si un cuisinier, qui ne peut pas faire tourner son restaurant, veut venir dans les cuisines de la fondation préparer des produits frais, il sera accueilli à bras ouverts. « Pour faire des choses qui sortent de l’ordinaire », sourit Thierry Novelli.
L’Armée du Salut maintient son accueil de jour, rue de l’As-de-Carreau, à Belfort ; il n’est assuré que sur rendez-vous. Les personnes peuvent bénéficier d’un repas, voire d’une douche.
- Vous souhaitez devenir bénévole ? Écrire à : tnovelli@armeedusalut.fr