36 % des entreprises franc-comtoises sont intéressées qu’un tiers porte les investissements liés à l’implantation d’énergie renouvelable (lire ici le rapport des entreprises régionales aux enjeux climatiques). Une donnée d’autant plus intéressante lorsque l’on sait que de nombreux projets d’investissement d’entreprise n’allaient pas au bout « pour des raisons d’arbitrages », convient Laurent Pistolet, responsable RSE et transition environnementale pour le Crédit agricole Franche-Comté. Des investissements repoussés, alors même que les obligations réglementaires se rapprochent. Depuis juillet 2023, tous les bâtiments neufs ou lourdement rénovés doivent avoir 30 % de la surface de la toiture solarisée. Cette obligation sera de 40 % en juillet 2026 et de 50 % en juillet 2027.
Autant d’éléments qui ont poussé la banque comtoise à réfléchir pour trouver l’outil afin d’encourager et soutenir ces investissements. En discutant, le Crédit Agricole s’aperçoit que Sedia, une société d’économie mixte dont la mission est de soutenir le développement des collectivités locales du Doubs, de Haute-Saône et du Jura, a « les mêmes problématiques ». Autre constat des promoteurs du projet : s’il y a de nombreux tiers qui développent des projets photovoltaïques, ils sont peu à s’intéresser aux potentiels des PME traditionnels, où ils existent pourtant d’importants potentiels. Ils se positionnent sur de gros parcs.
La société Héméré est née de ces constats : accélérer la transition locale ; soutenir l’investissement pour répondre aux obligations réglementaires ; et combler un vide à destinations des entreprises moyennes. Au capital, on compte le Crédit agricole Franche-Comté, Sedia, la Banque des territoires et des syndicats d’énergie (territoire d’énergie Doubs-Syded, le Sidec du Jura et Sied 70). Héméré est capitalisée à hauteur de 1,5 million d’euros.
Un tiers investissement original
Héméré propose également un schéma innovant. Classiquement, les tiers investisseurs vont louer la toiture à l’entreprise, poser les panneaux et revendre totalement à EDF ; le propriétaire ne profite pas du courant et ne peut pas consommer. De fait, cet investissement n’entre pas dans le cadre du décret tertiaire. Ce décret fixe des objectifs de réduction des consommations d’énergie aux propriétaires et exploitants de bâtiments tertiaires de plus de 1 000 m2. Ces réductions doivent atteindre – 40 % en 2030, – 50 % en 2040 et – 60 % en 2050. L’année de référence ne peut pas être antérieure à 2011.
Héméré va louer aux entreprises les panneaux. Ce sont elles qui vont produire, auto-consommer et revendre le surplus à EDF, moyennant un loyer fixe, sur 20 ans. « [Le locataire du parc] profite à 100% des recettes de la revente d’électricité non autoconsommée, sécuriser ses coûts d’approvisionnement et verdir son activité », indique le dossier de presse de présentation. L’entreprise va donc aussi diminuer sa consommation. « L’engagement, poursuit Laurent Pistole, que l’économie d’énergie générée grâce à ces panneaux soit supérieure aux loyers qu’on va lui prendre. » Par ailleurs, au bout de 20 ans, l’entreprise conserve les panneaux et la centrale solaire. Les équipements étant garanties, aujourd’hui « 35 ans », note Laurent Pistolet, les entreprises peuvent continuer de générer des revenus pendant 15 ans tout en continuant de limiter leurs consommations d’énergie. « On fait l’investissement pour leur compte. On gère l’installation et la maintenance », note aussi Laurent Pistolet. Pour l’entreprise, cet investissement se fait sans aucun apport et sans mobiliser sa capacité d’investissement. « C’est une offre clé en main pour les entreprises, qui n’ont pas le temps, l’envie ou les compétences », relève Laurent Pistolet.
Héméré peut financer des parcs photovoltaïques en toitures ou en ombrières. Le capital d’1,5 million d’euros doit permettre de financer des projets pour un montant d’environ 10 millions d’euros, soit 30 à 50 projets selon leur physionomie. En fonction des besoins, les fonds propres pourront être confortés. La société ne comprend pas d’effectif ; elle s’appuie sur les forces des différents partenaires du projets.