8,5 % de taux de chômage dans le Territoire de Belfort, contre 7,3 % à l’échelle nationale et 6,7 % dans le Doubs. Voici l’un des défis auquel doit répondre, dans le département, France Travail, qui a remplacé Pôle Emploi depuis le 1er janvier 2024, dans le cadre de l’application de la loi « Plein emploi ». « L’objectif de la loi Plein emploi, c’est que tous les acteurs de la formation, de l’emploi et de l’insertion se voient mieux et se coordonnent mieux », explique Sarah Jeantet, directrice territoriale du Territoire de Belfort de France Travail, en poste depuis le 1er juillet. « Nous avons une volonté de mieux piloter et de resserrer la gouvernance [autour de ces enjeux] », confie-t-elle. Dans son précédent poste, elle rayonnait sur le Doubs et le Territoire de Belfort ; elle connaît bien le secteur.
Aujourd’hui, France Travail dispose « d’un interlocuteur privilégié » pour assurer toutes ces représentations qu’impliquent cette mission de coordination. Elle veut « créer plus de liens avec tout cet écosystème ». Le taux de chômage du Territoire de Belfort reflète aussi le visage des demandeurs d’emploi, « des publics plus fragiles face à l’emploi », observe Sarah Jeantet ; 19 % des demandeurs d’emplois du Territoire de Belfort habitent notamment dans un quartier politique de la ville. Et 42 % des demandeurs d’emploi du département sont des demandeurs de longue durée. Derrières ces réalités, ce sont « plus de freins à lever » : mobilités ; accès à la langue ; garde d’enfant… Ce sont autant d’éléments à travailler avant de pouvoir réussir un parcours de retour à l’emploi.
« Dans les offres d’emplois enregistrées, le niveau de qualification attendu est supérieur à d’autres territoires, relève également la directrice. Et en face, nous avons des demandeurs éloignés de l’emploi. » C’est cette équation qu’il est difficile à résoudre. Mais des éléments sont là pour se réjouir : durant les douze derniers mois (août 2023-août 2024), « nous avons eu plus de 4 000 retours à l’emploi », observe la directrice.
Se rapprocher des entreprises
France Travail veut aller plus au devant des entreprises et mieux travailler avec elles. Le Territoire de Belfort dispose de 10 conseillers entreprises. « Leur job : trouver des offres d’emploi, trouver les demandeurs et proposer les offres de formation », résume Sarah Jeantet. « 86 % des entreprises qui ont sollicité France Travail pour ses recrutements sont satisfaites », poursuit la directrice. Elle souligne l’importance de travailler les offres, l’attractivité des métiers et des conditions salariales. « Le mouton à cinq pattes n’existe pas, prévient-elle. [L’attractivité] se travaille en ouvrant ses portes, en accueillant, en prenant en compte une organisation du travail un peu différente. » Puis de rassurer : « Nous avons les moyens de proposer aux entreprises d’adapter la demande à l’offre, avec une batterie d’équipements. »
Derrière, elle attend aussi de l’engagement des entreprises : « France Travail est prêt à faire retravailler les compétences des demandeurs d’emploi mais, au bout, il faut l’emploi. Cela demande l’engagement de l’entreprise. Si elles garantissent l’emploi, nous formons. » Au second trimestre 2024, 610 demandeurs d’emploi ont été formés ; 49 % des personnes formées retrouvent un emploi dans les six mois après la formation.
France Travail a développé des outils pour définir les compétences-socles nécessaires à un poste, mais aussi déterminer les habiletés du demandeur d’emploi, comme avec, par exemple, la méthode de recrutement par simulation. Cette méthode, utilisée auparavant pour les recrutements en nombre, se démocratise pour des parcours plus individuels. « Des coiffeuses ont été recrutées en maroquinerie grâce à cette méthode, se réjouit Sarah Jeantet. Sans elle, avec le CV qu’elles avaient, elles n’auraient jamais été recrutées. » Avec cette méthode, France Travail demande aux entreprises « de recevoir toutes les personnes qui ont réussi l’exercice ». Ensuite, si un profil séduit mais qu’il y a des manques, « nous mettons en place un parcours de formation, voire des immersions ».
Formation, immersion, tutorat… Les options et les dispositifs sont multiples pour rapprocher les besoins de recrutement des demandeurs d’emploi. « Il faut prendre un temps, pour assurer une sécurité [d’emploi] pendant dix ans », estime Sarah Jeantet. Ça limite aussi les risques de turnover. « Nous réussirons. Il faut nous faire confiance », invite la nouvelle directrice territoriale, qui veut « conquérir de nouvelles entreprises qui ne nous connaissent pas encore ».
Aujourd’hui, l’un des sujets-clé de France travail est le développement de la filière hydrogène, avec l’implantation des usines de McPhy et Inocel dans le Territoire de Belfort, voire de Gen-Hy dans le pays de Montbéliard. « Nous sommes prêts », assure-t-elle, en lien avec les entreprises, mais aussi les pouvoirs publics. L’Afpa a ouvert une formation autour de la maintenance industrielle, option hydrogène, avec un nouveau plateau technique dédié à cette molécule et ses usages. Pour que ses agents soient le plus à même d’accompagner les entreprises dans leurs démarches de recrutement pour cette filière, des sensibilisations ont été menées, des visites d’usines ont été organisées et des ateliers ont été proposés.
France Travail est aussi un acteur-clé, aux côtés du conseil départemental, dans l’accompagnement des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), pour lesquels le département est l’un des dix- neuf territoires impliqués dans une expérimentation. « Nous arrivons à faire du parcours sur-mesure », garantit la directrice territoriale, pour répondre à un besoin de « personnalisation ». Le « diagnostic » du demandeur d’emploi doit être plus souvent réinterrogé pour voir si l’encadrement est le bon.
Dans le Territoire de Belfort, le métier le plus recherché concerne les offres d’assistance auprès d’adultes (aides à domicile par exemple). L’industrie est aussi un secteur qui recrute, confirmant l’ADN de ce territoire.