Hugo Guéritaine et Thibault Quartier
Autour de l’urinoir Lapee, au camping des Eurockéennes, un groupe de festivaliers originaires de Paris est perplexe. Ils analysent cet urinoir d’un nouveau genre, destiné à la gente féminine. Ils et elles essaient de savoir comment se placer pour l’utiliser. « Mais là, si je me mets comme ça, on me voit non ? » interroge Cindy, en direction de ses amis. « Y’a une petite entrée, mais si on se place dans son axe, ben on voit tout », remarque-t-elle, dubitative. « Et puis, le trou est assez petit. Je trouve que l’idée est bonne, mais la réalisation moins », continue-t-elle. Tout le groupe s’accorde sur un point : le design est à repenser pour faire en sorte que personne ne puisse voir les filles l’utiliser.
Les Eurockéennes de Belfort expérimentent un urinoir féminin d’un nouveau genre, pour cette édition. Un seul exemplaire a été installé, au camping, comprenant trois espaces. Le produit est proposé par la société Sebach, qui assure la location et la maintenance de sanitaires mobiles et de solution modulaire, pour les chantiers ou l’événementiel. La société gère l’entreprise de Danjoutin Sesab, prestataire historique du festival pour ces équipements. Les urinoirs Lapee doivent résoudre un problème : le temps d’attente pour accéder aux toilettes des femmes. « Il n’y a jamais assez d’urinoirs, sourit Jean-Paul Roland, le directeur des Eurockéennes. Notamment pour la gente féminine. » Cette année, les espaces toilettes sont mixtes aux Eurockéennes, pour tenter de réduire ce temps d’attente et les files. Des pratiques que l’on retrouve dans les pays nordiques, indique JeanPaul Roland.
Avec l’urinoir Lapee, « on gagne 50% de temps, par rapport aux cabines traditionnelles », estime le directeur général, Bruno Diss. « C’est plus rapide, plus simple, plus facile », résume-t-il, glissant également que les urinoirs Lapee permettent de limiter l’aspect anxiogène des cabines. Cette solution ne doit pas remplacer les cabines : les solutions se veulent complémentaires.
On la trouve à Garorock ou encore au Delta festival en 2023, indique Bruno Diss. Mais la solution a quand même du mal à percer. « Une question de mentalité », analyse Bruno Diss. L’intimité n’est pas totale et peut nécessiter de brise-vues autour pour limiter cette gêne. Une idée validée par Ahmed Kaddouri, gérant du site de Danjoutin : « Le produit est super, mais il y a besoin de construire de l’intimité autour. »
Au cœur de la nuit et de la fête, cette précaution a peut-être moins d’importance glisse le directeur général. « On n’a pas utilisé le dispositif au camping, parce qu’il n’y a pas d’attente, convient Laura, une festivalière croisée ce vendredi après-midi. On préfère utiliser les toilettes classiques. Mais ça peut servir sur le festival en cas d’attente. »