Le festival des tumultes musicaux en ville, GéNéRiQ, débute ce mercredi 7 février à Mulhouse, Besançon, Dijon et dans l’Aire urbaine. Douze concerts sont programmés dans l’Aire urbaine, dont la plupart sont gratuits, tant dans une imprimerie, au Techn’Hom, au Bar Atteint, au musée d’art moderne donation Maurice-Jardot ou encore à la mairie de Belfort. Kem Lalot, le programmateur, livre ses cinq coups de cœur de l’édition 2018, la 11e du nom.
Les filles de Illighadad
« L’Illighadad, terre perdue au fin fond de la brousse nigérienne. Il y a un an, seul le bétail que Fatou Seidi Ghali et Mariama Salah Assouan gardaient durant de longues heures avait droit d’écoute sur leurs mélodies simples, faites de voix et d’instruments traditionnels », précise le festival GéNéRiQ. Illighadad, c’est le village de naissance des 3 filles du groupe. C’est là où elles sont nées, elles qui sont nomades. Les trois femmes sont accompagnées d’un guitariste. « Elles ont des voix magiques, qui montent dans les aigus, mélangées avec un blues du désert, confie Kem Lalot. Elles jouent assisses, sur un tapis. C’est une grosse claque, elles transportent, c’est poétique. » – Samedi 10 février, 18 h, à Via Danse (Payant)
Malik Djoudi
Pour ce concert, Malik Djoudi présente son projet solo, alors qu’on l’avait connu avec les groupes Moon Pallas et Alan Cock. « Cet artiste français mélange dans ce projet de l’électro, de la pop et beaucoup de synthé, annonce le programmateur. C’est un univers calme, toujours dans le tempo. Lui aussi a une voix qui porte et monte dans les aigus. » Pour le programmateur, c’est un projet parfait pour le musée : « C’est planant, lover, avec un gars très charismatique. » Sur “scène”, il est accompagné d’un autre synthétiseur. Ils sont face à face. « Il y a beaucoup d’osmose entre les deux. » – Dimanche 11 février, 15 h, musée d’art moderne donation Maurice Jardot.
Cabadzi X Blier
« Un soir après un concert, Olivier Garnier et Victorien Bitaudeau du groupe Cabadzi matent Les Valseuses. Révélation. L’œuvre marque tellement le duo nantais qu’il décide de se taper toute la filmographie de Bertrand Blier et d’en faire un album. Dans chaque titre de Cabadzi x Blier, on reconnait les répliques de Depardieu, Miou-Miou et les autres, tous représentants d’une époque résolument subversive et libérée », précise le festival. « C’est un projet qui mélange le hip hop et la chanson française », apprécie Kem Lalot. C’est le chanteur de Cabadzi qui a lancé ce projet et il est accompagné d’un gars au machine. Pendant qu’il chante, l’univers de Bernard Blier est projeté sur écran et des répliques écrites par Michel Audiard peuvent être entendues… « C’est un beau projet, original, très classe », relève Kem Lalot. – Samedi 10 février, au Moloco à Audincourt (Payant)
Biffty & DJ Weedim
C’est du rap crading. « Les paroles sont crues, acquiesce le programmateur, mais c’est fait de manière humoristique. L’artiste en joue et casse les codes des rappeurs, poursuit-il. Cela donne un côté très sympathique. » De son côté, le festival le présente comme ça : « Un rap hardcore qui s’en tamponne et provoque tout le monde sur des instrus trapées à souhait par son pote DJ Weedim : Une belle recette assez punky. Du bon gras. » – Samedi 10 février, au Moloco à Audincourt (Payant)
TootArd
Ceux-là, Kem Lalot ne voulaient pas les oublier. Leur message est beau. Leur venue, un symbole. Ils viennent direct d’une zone très particulière, le plateau du Golan. Qui, normalement appartient à la Syrie. Depuis la guerre des Six-Jours, le plateau est administré par Israël. « Ils ont un côté apatride, relève Kem Lalot. Et leur morceau phare s’appelle “laissez-passer”. » Comme un clin d’œil, tout en sachant qu’ils sont venus en France pour le concert avec un passeport syrien ! « TootArd balance des mélodies arabes vintages jouées au mélodica sur fond de guitares indie-rock et beats jamaïcains bien lents. Une musique joyeuse qui envoie clairement au conflit environnant le message d’aller se faire foutre. Le mot d’ordre avec eux ? Relax, man. » – Jeudi 8 février, musée de l’Aventure Peugeot, dès 18 h (Payant, comprenant une entrée pour le musée)
GéNéRiQ, laboratoire des Eurockéennes
La spécialité de GéNéRiQ, c’est la découverte et d’avoir du nez. Charlie Winston, Stromae ou The Shoes ont en commun d’être passé par le festival au coeur de l’hiver avant d’avoir l’honneur des projecteurs des Eurockéennes. Lors de l’édition 2017 des Eurockéennes, pas moins de sept groupes étaient passés auparavant par GéNéRiQ, dont quatre quelques mois plus tôt : Shame, Johnny Mafia, HMLTD ou Faire. « La plupart des groupes que nous programmons à GéNéRiQ, on ne les a pas vu sur scène, note le programmateur. Cela nous permet de voir s’ils sont mûrs pour la scène ou s’il faut encore attendre que le projet se façonne. » À l’inverse, certains groupes sont déjà venus aux Eurockéennes, comme cette année Tricky. GéNéRiQ, c’est donc l’occasion de prendre des paris, des risques et de mener une réflexion pour les Eurockéennes. « Si on regarde bien la programmation, on en retrouvera certains au mois de juillet », conclut Kem Lalot. Le festival permet aussi de sortir la musique de sa zone de confort, de la ramener dans le quotidien et dans des sites incongrus. Dont l’organisation recherche toujours des nouveautés pour les prochaines éditions.