Steve Filipov rejoint le groupe Gaussin, qui traverse une période délicate. Ses résultats financiers sont en retrait (lire notre article) et il accuse une difficulté à produire ses véhicules de manutention ; Gaussin pointe notamment du doigt le directeur général de sa filiale Metalliance, à Saint-Vallier (Saône-et-Loire), qui produit les véhicules pour le groupe, ainsi que l’ancien directeur général du groupe licencié fin 2023.
Steve Filipov « aura pour principales missions d’accélérer la production du carnet de commandes, de maîtriser les dépenses de l’entreprise et de mettre rapidement en place les financements nécessaires aux activités du groupe », indique Gaussin dans un communiqué de presse. L’entreprise doit notamment augmenter son « cadencement » de production. L’objectif n°1 : livrer les commandes. Ensuite, le nouveau dirigeant devra améliorer la rentabilité et renforcer l’efficience. Une nouvelle feuille de route, Gaussin Horizon 2026, doit y répondre. Elle sera active au second semestre 2024.
Steve Filipov a travaillé chez le fabricant de grues Potain Poclain Manutention (PPM), notamment pendant sa phase de « transformation et de croissance », indique Gaussin. Il a aussi dirigé Terex corporation de 1993 à 2016 ou encore Manitex International de 2019 à 2023. “Fort d’une histoire unique et d’une culture d’innovation, le Groupe bénéficie d’une technologie reconnue et d’immenses atouts, mais fait face à des enjeux conjoncturels, note Steve Filipov, encore à New York il y a quelques semaines. Ce sont des étapes fréquentes au sein d’entreprises matures qui s’inscrivent dans le temps. Je suis déterminé à relever ce défi. »
Procédure de sauvegarde
Gaussin détient Metalliance à 98 % depuis 2020. Il l’a intégrée dès 2008. Gaussin s’appuie sur le savoir-faire industriel de Metalliance pour assembler ses tracteurs de manutention et l’entreprise de Saône-et-Loire diversifie sa production, orientée vers les véhicules souterrains mais en retrait ; la production doit notamment être tirée par le marché de la logistique fourni par Gaussin.
Metalliance est aujourd’hui dans une procédure de sauvegarde. Les conséquences sont « minimes », assure-t-on du côté de Gaussin, car l’entreprise peut toujours produire. « C’est une procédure juridique qui permet de pallier des difficultés de trésorerie et des problématiques financières à court-terme en réorganisation les flux financiers, en apportant de la trésorerie et réorganisant la dette (moratoire sur des charges sociales par exemple) », détaille-t-on du côté du siège de Gaussin, à Héricourt, qui rappelle avoir déjà investi 20 millions d’euros via, notamment, deux augmentations de capital. « La volonté collective est que l’entreprise puisse retrouver un fonctionnement normal afin de reprendre nos relations commerciales et contractuelles avec nos clients et fournisseurs », assure Gaussin.
La procédure de sauvegarde a toutefois connu une péripétie étonnante.
Une tierce opposition a été introduite, contre le jugement de sauvegarde initialement prononcé par le tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône. La Cour d’Appel de Dijon, dans un jugement du 19 février, a accordé un dépaysement de cette tierce opposition au sein du tribunal de Commerce de Dijon. “pour cause de suspicion légitime de la tierce opposition”, peut-on lire dans l’ordonnance du jugement. On reproche au président du tribunal de commerce, Gérard Morel, d’avoir des liens d’affaires avec Metalliance, via la société CGM, détenue aujourd’hui par ses deux fils.