3 activités principales
C’est un élément étonnant au regard de l’importance de la filière nucléaire dans la région. La Bourgogne-Franche-Comté n’accueille pas de centrales nucléaires. La plus proche n’est pas loin non plus. Elle est à Belleville-sur-Loire, dans le Cher, à proximité immédiate de l’Yonne, de la Nièvre et du Loiret, en bord de Loire. La filière régionale se structure autour de trois principaux segments (infographie ci-dessous) : la fabrication de composants et d’équipements pour les installations nucléaires de base ; l’exploitation et la maintenance des équipements et des bâtiments ; et l’étude, conception et analyse. Ils représentent 95 % de l’emploi et 87 % des établissements. Cinq des dix plus grands industriels de la région travaille pour le nucléaire, notamment Framatome à Chalon-sur-Saône et Saint-Marcel et General Electric, à Belfort, dont l’activité nucléaire est en cours d’acquisition par l’énergéticien EDF (nos articles). La filière emploie 23 201 personnes en Bourgogne-Franche-Comté, soit plus de 10% des effectifs de la filière en France, qui revendique 220 000 emplois.
14,9 % de l’emploi industriel
La filière nucléaire de Bourgogne-Franche-Comté pèse 2,5 % de l’emploi salarié régional indique l’institut des statistiques et des études économiques (Insee), dans cette analyse publiée ce mardi 6 février. L’industrie pèse 17 % dans l’emploi de la région (24 % dans le nord Franche-Comté) et 13,3 % en France. Surtout, la filière nucléaire pèse 14,9 % de l’emploi industriel régional. Un salarié sur quatre travaille dans un établissement de 500 salariés ou plus. La dynamique de l’emploi est tirée par la relance du programme nucléaire, annoncé à Belfort le 10 février 2022. Six réacteurs nucléaires sont prévus pour 2035 et huit autres sont bien engagés pour 2050. L’emploi est fortement concentré dans les grands établissements.
4 513 salariés du nucléaire à Belfort
La filière est très implantée dans cinq zones d’emplois : Dijon, Châtillon-Montbard, Chalon-sur-Saône, Belfort et le Creusot-Montceau. « Chalon-sur-Saône profite de nombreux sous-traitants et du centre d’expérimentation des techniques d’intervention sur les chaudières nucléaires (CETIC) », rappelle l’Insee. C’est un centre de formation « unique au monde », qui « permet aux techniciens et ingénieurs de se former dans les conditions réelles d’une centrale nucléaire ». Le cluster Nuclear valley y est aussi installé. Il anime la filière. À Châtillon-Montbard, la filière est orientée dans la fabrication de tubes spécifiques pour les centrales, avec la présence de Salzgitter Mannesmann, Valinox (devenu Framatome) ou encore Vallourec (devenu Valti). « General Electric englobe plus des deux tiers des salariés de la filière nucléaire de la zone d’emploi de Belfort », indique par ailleurs l’Insee. Dans cette zone, « quatre salariés du nucléaire sur dix travaillent dans un établissement qui officie dans l’étude, la conception ou l’analyse, soit deux fois plus que la moyenne ». Belfort compte 4 513 salariés dans le nucléaire, répartis dans 27 établissements. Au Creusot, 8 % des salariés travaillent dans le nucléaire, chez Industeel, Framatome ou Thermodyn. On y fabrique des composants et équipements pour installations nucléaires de base. Dijon concentre 17,5 % des effectifs régionaux de la filière. Le commissariat à l’énergie atomique de Valduc y emploie déjà plus de 1 000 salariés. « Il a pour mission essentielle la conception et la fabrication des parties nucléaires des armes de dissuasion », replace l’Insee.
30% des salariés ont plus de 50 ans
La filière nucléaire n’attire pas beaucoup les jeunes. Ce sont des hommes à 80 % et l’âge moyen s’établit à 43 ans. 15,3 % des salariés ont moins de 30 ans. « Peu de jeunes s’orientent vers le nucléaire qui souffre d’une image négative et d’un manque d’attractivité envers les formations associées, analyse l’Insee. Ce secteur a également été confronté à des changements d’orientation relatifs à la sortie du nucléaire lors des deux dernières décennies. » L’âge élevé peut aussi s’expliquer par le niveau de qualification et d’expérience requis. Surtout, un salarié sur trois a plus de 50 ans (33,6 %), soulignant le défi du renouvellement des générations, du maintien des savoir-faire et du renforcement des effectifs.
12000 postes à pourvoir d'ici 2030
10 métiers représentent 60 % des emplois de la filière. « L’expertise des ouvriers qualifiés travaillant par enlèvement de métal (usinage) est essentielle pour la fabrication de pièces et de composants métalliques, au même titre que les ouvriers qualifiés au formage du métal (soudeurs, chaudronniers, tôliers, tuyauteurs) », insiste l’Insee. « Les ingénieurs et les cadres techniques jouent un rôle dans la conception, la modélisation, la construction et la maintenance, conformément aux normes de sécurité et aux réglementations spécifiques à l’industrie nucléaire », ajoute l’institut. Qui indique : « Parmi l’ensemble des métiers exercés dans la filière (hors gestion administrative), près d’un métier sur deux est en forte tension dans la région. » Des difficultés de recrutement se ressentent déjà. « Ouvriers qualifiés des industries », « ingénieurs et cadres techniques de l’industrie », « techniciens et agents de maitrise de la maintenance » ou encore « ouvriers qualifiés travaillant par enlèvement de métal » sont déjà des métiers en tension, comme celui de « cadres commerciaux et technico-commerciaux ». 12 000 postes seront à pourvoir d’ici 2030 dans la filière