L’intersyndicale rencontrait ce jeudi matin la direction de General Electric pour avoir ses retours sur son projet alternatif. Un projet qu’elle rejette. Elle est disposée à baisser de 150 le nombre d’emplois salariés.
L’intersyndicale rencontrait ce jeudi matin la direction de General Electric pour avoir ses retours sur son projet alternatif. Un projet qu’elle rejette. La direction est disposée à baisser de 150 le nombre d’emplois salariés. En contrepartie, les représentants du personnels doivent signer un accord de compétitivité drastique.
« Ils ont assommé les employés. Ils passent en force. » Ce salarié de General Electric, qui souhaite rester anonyme, est sous le choc. Il vient d’avoir un compte-rendu de la réunion organisée ce jeudi 3 octobre entre la direction et l’intersyndicale. Une réunion qui a duré six heures, programmée en dehors de la période d’information-consultation liée à la procédure du plan social. L’intersyndicale attendait de cette rencontre des retours sur son projet alternatif.
« Pour certaines de ces contre-propositions, les parties ont trouvé un terrain d’entente qui pourrait permettre de progresser si des discussions plus détaillées pouvaient se tenir dans le cadre officiel du processus de consultation. Pour d’autres, les propositions de l’intersyndicales ne peuvent être acceptées en l’état », déclare la direction dans un communiqué de presse. L’intersyndicale a plutôt eu le sentiment d’entendre des « non », des « peut-être » et des « on va regarder ». Les refus étaient motivés par un problème de « compétitivité » ou parce que les propositions « remettraient en cause l’organisation mondiale des activités gaz », explique la direction.
Un carnage
« Avant, le problème, c’était le marché. Maintenant, c’est la compétitivité », déplore Philippe Petitcolin, de la CFE-CGC. La direction est venue à la réunion avec une contre-proposition. Elle est « disposée à envisager de conserver jusqu’à 150 postes sur un total de 792 départs initialement proposés ». Mais cela est conditionné à la signature d’un accord compétitivité et à la reprise des échanges dans le cadre du processus d’information-consultation, qui se termine le 21 octobre. Les représentants du personnel sont dos au mur.
« C’est une boucherie, c’est un carnage, c’est un accord compétitivité qui fait froid dans le dos », dénonce Cyril Caritey, délégué CGT. Selon les syndicats, cet accord prévoit notamment la réduction des RTT de 21 à 10 jours, le gel des salaires pendant trois ans, la suppression de la journée solidarité, une révision drastique du régime des primes et des indemnités (transport, travail de nuit, déplacement…), la suppression des navettes de transport des salariés, la baisse du nombre de berceaux dans les crèches d’entreprise de Belfort et de la JonXion ou encore l’arrêt des équipes de week-end. En tout, une vingtaine de mesures. Comme le résume l’intersyndicale, ce sont 792 départs ou 642 avec un accord “supprimant la plupart des acquis sociaux négociés depuis près de vingt ans”.
« L’année prochaine, on prépare le musée; et dans deux ans on vous le fait visiter », image Cyril Caritey, plein de dépit.
« Il n’y a pas d’avancées, regrette Philippe Petitcolin. Ils ne font pas de pas en avant et il n’y a pas de marge de manœuvre. » Direction et intersyndicale s’opposent sur la notion de négociation. La direction dit qu’elle l’attend, dans le cadre des négociations du plan social. Et qu’elle a fait un signe d’ouverture. L’intersyndicale dit qu’elle veut discuter du plan et non pas des mesures d’accompagnement. Selon nos informations, il a été confirmé aux managers de Belfort par la direction que Belfort ne serait pas le centre mondial 50 Hz, comme le demande l’intersyndicale. Et comme le stipule le contrat signé en 2014 entre l’État et l’industriel américain.
« L’intersyndicale refuse de cautionner ce carnage industriel et social et utilisera tous les moyens possibles pour s’opposer à la folie financière de GE », déclare finalement l’intersyndicale dans un communiqué. Très déçue. Elle attendait une modification significative du plan, comme demandé par Bruno Le Maire, ministre de l’Economie. Ce n’est pas le cas. « C’est un gros foutage de gueule à tous les étages », s’emporte finalement Philippe Petitcolin.