« Ah bon ? Vous êtes sûr ? » C’est par téléphone que Jean Fried, maire d’Allenjoie a appris la bonne nouvelle pour sa commune ce lundi 4 septembre. Le temple luthérien érigé entre 1859 et 1860, qui trône au coeur de ce village du Doubs, fait partie des 100 sites départementaux lauréats de la Mission Patrimoine pour la sauvegarde du patrimoine en péril portée par Stéphane Bern.
Et il n’est pas le seul. À Belfort, le fort de la Justice est lui aussi sélectionné. Une nouvelle qui était attendue et qui permet de lancer les démarches pour de bon. « Nous allons pouvoir enclencher des études structurées avec la Ville pour déterminer le coût réel des travaux », explique Manuel Rivalin, président de l’association des Jardins du fort. Comme nous le racontions dans un précédent article (lire ici), le président avait postulé à cette aide pour envisager de gros travaux. Toute l’étanchéité est à refaire, et la création d’un belvédère pour admirer la vue est à l’étude. « Nous avons évalué ces travaux autour de 800 000 euros », explique-t-il. « C’est une très bonne nouvelle pour ce fort laissé à l’abandon. Les Belfortains ne le connaissent pas, pourtant il est chargé d’histoires », commente le maire de Belfort, Damien Meslot. « Manuel Rivalin a créé l’impulsion pour le rénover et créer le jardin d’artistes. Il est important pour cela qu’il soit sécurisé. C’est un grand coup d’accélérateur pour ce projet, même si nous savons qu’il se déroulera sur plusieurs années encore.»
Pour le moment, le montant de l’aide n’est pas connu. Il sera dévoilé en fin d’année. Mais dès aujourd’hui, la Mission Patrimoine est lancée. La Françaises des jeux (FDJ) propose un jeu à gratter illiko Mission Patrimoine, décliné en trois versions. Il sera vendu 15 euros et les joueurs pourront remporter jusqu’à 1,5 million d’euros. Le montant de prélèvement sur les mises, revenant normalement à l’Etat, sera reversé à la Fondation du patrimoine. Puis, il sera redistribué pour les édifices en péril lauréats.
Des travaux de grande ampleur
Dans la mairie d’Allenjoie, Jean Fried s’agite dans tous les sens, le sourire jusqu’aux oreilles. Pour lui, cette aide est essentielle. « Nous n’aurions jamais pu rénover l’édifice avec les fonds communaux, les travaux sont trop importants. » De l’entrée du village, déjà, on distingue la flèche de l’édifice, qui penche beaucoup. « On nous disait que c’était normal, que les gens l’avaient toujours vu comme cela. » Mais après la venue d’experts, il a été confirmé que cette inclinaison était due à un accident de la structure en bois plusieurs années auparavant.
« Pour la réparer, les professionnels nous ont informé qu’il faudra la démonter, la faire tomber complètement, afin de la réparer ou la remplacer. Ensuite, elle pourra être remise. » Un travail titanesque. Dans le devis conçu pour postuler au Loto du patrimoine, le maire et son équipe ont aussi rajouté des rénovations liées à la charpente ; qui doit entièrement être reconstruites, aux façades, ou encore à la création d’un sanitaire. Le devis a été chiffré à au moins 650 000 euros.
Avec une immense clef, l’on pénètre dans l’édifice. Les façades sont défrichées, le sol bétonné n’est plus dans un bel état et les escaliers sont interdits d’accès au public. « Mais il y a de belles fenêtres, une excellente sonorisation, et… venez-voir. » À l’étage, un harmonium, un instrument plutôt rare, trône fièrement. Le maire fait retentir quelques notes et la mélodie raisonne dans tout l’édifice. « C’est un très bel instrument », note-t-il. Pour la commune, il souhaite que le temple luthérien soit un véritable lieu culturel. C’est déjà plus ou moins le cas, avec quelques concerts chaque année. Mais après les travaux, il imagine que cela pourra porter plus fortement cette dimension. « On ne sait pas encore exactement quel sera le montant, mais ça nous booste énormément pour rassembler d’autres acteurs comme la Région et le Département sur le projet. » Des démarches qui vont devoir aller vite, car une fois l’aide obtenue, les travaux devront démarrer en 2024.