Dans le pays de Montbéliard, sept séismes d’une magnitude de 3 ou plus de 3 sur l’échelle de Richter ont été recensés depuis décembre 2021. Le dernier date de dimanche 27 août. Souvent, ces événements sont restitués en rappelant l’important séisme de magnitude 6,6 environ qui avait détruit la ville de Bâle en 1356. Peut-on y voir un lien ? Jérôme Vergne, sismologue à l’école et observatoire des sciences de la terre à Strasbourg expose : « Non, l’essaim actuel est éloigné de la zone des séismes de Bâle et à l’activité des plaques qui s’y trouvent. » L’activité sismique détectée depuis décembre 2021 dans notre territoire n’est pas liée à une forte activité habituelle des plaques tectoniques, ni à l’activité humaine, comme cela a pu avoir lieu autour de Strasbourg par exemple.
Ce que l’on observe à la frontière suisse et jusqu’à Montbéliard est un « essaim sismique » avec une succession de séismes sans séisme dit principal, avec un pic d’intensité entre mars et mai 2023 (22 mars, 27 et 29 mai). Cela peut durer quelques heures, quelques jours, ou parfois quelques années, plus rarement. « C’est un phénomène qu’on observe partout sur terre », explique le sismologue, avec parfois des phénomènes plus importants dans la vallée de Lubaye (Paca) où l’essaim a duré près de huit mois, ou encore dans la vallée de la Maurienne, dans les Alpes françaises, où l’on recense plus de 5 000 événements détectés par les stations régionales alpines de Résif.
Pas d'explication nette
Ces essaims se trouvent souvent dans des zones tectoniques avec des chevauchements, comme l’on en retrouve dans le Jura. « Mais foncièrement, nous ne savons pas exactement à quoi ils sont dûs. Nous faisons encore de la recherche sur le sujet. » L’hypothèse favorisée est celle d’une migration des fluides à l’intérieur de la croûte terrestre. Ce déplacement est « naturel ». Mais « nous n’en sommes pas complètement sûrs ».
Le séisme vécu dimanche 27 août, de magnitude 3 dans le pays de Montbéliard, place l’épicentre dans le secteur de Glay. 11 événements ont été enregistrés dans la région depuis samedi matin 2h51, jusqu’à ce lundi matin, oscillant entre une magnitude de 0,9 à 3. « C’est caractéristique des essaims », note Jérome Vergne Par contre, il est très difficile de prévenir ou d’anticiper ce type d’événements. C’est même impossible pour le moment. « Nous n’avons pas les structures et outils pour cela. Il est très difficile d’observer à plusieurs kilomètres de profondeur. » Il est donc aussi très difficile de savoir si un séisme encore plus important pourrait se produire. « De ce que l’on a pu observer ailleurs, il est très rare dans les essaims d’avoir des séismes supérieurs à une magnitude 5.»
Si ce phénomène continue et s’intensifie dans le nord Franche-Comté, le bureau de sismologie réfléchi à densifier ces activités dans la région. « Au total, dans un rayon de 15 kilomètres, on relate pour le moment une centaine de séismes depuis décembre 2021. Avant, on ne relate pas d’autres événements majeurs.» L’essaim ne se place pas comme le plus important en France, ni le plus long, mais il est très surveillé, comme tout le sud du fossé Rhénan et le Jura qui sont des « zones classiques où l’on trouve des événements de référence ».
Les séismes de magnitude 3 ou plus depuis décembre 2021 :
25 décembre 2021 : Un première séisme de magnitude 4,3 a été ressenti dans la nuit du 24 au 25 décembre, suivi d’une réplique le 25 dans l’après-midi. Il s’est produit à 18 kilomètres au sud-est de Montbéliard, dans le secteur de Blamont.
4 janvier 2022 : Une nouvelle fois, l’épicentre se situe dans le secteur de Blamont, tout proche d’Hérimoncourt, et non loin de la frontière Suisse. L’événement s’est produit à environ 10 kilomètres de profondeur avec une magnitude de 3,4.
10 septembre 2022 : Un séisme de magnitude 4,8 a eu lieu. L’épicentre a été localisé à la frontière franco-suisse, selon le Réseau national de surveillance sismique (Renass). Il a été largement ressenti dans le nord-est de la France et une partie de la Suisse.
22 mars 2023 : Un séisme de magnitude 4,2 a été ressenti dans le nord-ouest de la Suisse et dans toute la région de Belfort-Montbéliard. La profondeur a été évaluée à 13 km et l’épicentre détecté du côté suisse dans la chaîne du Jura, à quelques centaines de mètres de la frontière.
29 mai 2023 : Un séisme de magnitude 3,9 a été enregistré à 21h16 dans le nord Franche-Comté. L’épicentre de la secousse a été enregistrée à 13 km de profondeur. Le réseau national de surveillance sismique, basé à Strasbourg (Bas-Rhin), le place à proximité de la frontière, entre Réclère, dans le canton du Jura en Suisse, et Glay, dans le pays de Montbéliard.
27 mai 2023 : Un séisme de magnitude 3 a été enregistré à 22 h 32, dans le pays de Montbéliard, indique le réseau national de surveillance sismique sur son site Internet. L’évènement a été détecté automatiquement. L’évènement a été confirmé par un analyste ; la magnitude 3 a également été confirmée. Il place l’épicentre dans le secteur de Glay.
27 août 2023 : Le séisme, de magnitude 3 également, a été détecté à 11 km de profondeur, avec un épicentre dans le secteur de Glay une nouvelle fois.