Forvia, connue jusqu’il y a peu dans la région sous le nom de Faurecia, communique sur la livraison de ses premiers réservoirs hydrogène, produits dans son usine flambant neuve d’Allenjoie. L’équipementier a investi 165 millions d’euros (lire notre article) dans cette usine qui doit regrouper les activités existantes des sites de Bavans-Mandeure (échappement) et Montbéliard (siège auto) et la nouvelle production des réservoirs. 1 000 emplois sont attendus à terme, créant 300 emplois supplémentaires par rapport aux 700 des deux sites annoncés en mars 2021.
Les réservoirs produits sont des réservoirs de type IV, en matière composite, composé de fibres de carbone et d’un revêtement en polymère (thermoplastique) rappelle l’entreprise dans un communiqué de presse évoquant ces premières livraisons. Ils sont produits en série, contrairement à ceux qui étaient façonnés au centre de R&D de Bavans (Doubs). À moyen terme, l’usine devrait produire 100 000 unités par an. Avec cette prochaine production en série, Forvia espère diviser les coûts de production par cinq d’ici 2025. Aujourd’hui, la cadence de l’usine monte crescendo. La ligne se cale. L’équipementier fournit des réservoirs à Stellantis, Hyvia (Renault) ou encore Man. Il fournit aussi des réservoirs pour la solution AirFlow, retenue pour la Zero Emission Valley, en Auvergne-Rhône-Alpes (lire notre article).
« [Nous franchissons] une étape importante dans son histoire avec l’hydrogène ! Avec des livraisons déjà̀ en cours et un carnet de commandes solide, notre usine d’Allenjoie devient une référence en matière d’hydrogène », apprécie Patrick Koller, directeur général de Forvia, ajoutant que l’usine avait reçu la certification Breeam excellent, la seule en France et la seconde en Europe, signifiant sa faible consommation énergétique.
Des élus demandent des comptes
Avant cette annonce de l’industriel, des élus communistes du conseil régional Bourgogne-Franche-Comté – Matthieu Guinebert et Muriel Ternant – ont adressé une lettre, écrite le 5 juin, à Patrick Koller, où ils manifestent leurs inquiétudes. « Le déficit d’information, ce bilan social partiel, l’absence de perspectives, inquiètent les salariés et nous inquiètent également », écrivent-ils, évoquant la suppression de 100 emplois à Faurecia depuis 2019 (321 salariés en mars 2019 contre 223 en mars 2023) et la fermeture du site de Diors (Indre). Les deux élus demandent de la visibilité sur le carnet de commandes, de la visibilité sur l’activité échappement ou encore des informations sur les débouchés de l’hydrogène. Les élus interpellent surtout le groupe sur les comptes qu’il doit rendre vis-à-vis des aides qu’il a reçues. « Il ne nous semblerait pas compréhensible qu’un groupe comme Faurecia ne rende pas compte de l’utilisation des 6,4 millions d’euros de fonds régionaux », écrivent-ils. Faurecia va aussi recevoir 213 millions d’euros de l’État français dans le cadre du programme important d’intérêt européen commun (Piiec), tourné autour de l’hydrogène (lire notre article). Sur cette interpellation, Faurecia a décidé de ne pas communiquer.
L’usine d’Allenjoie est aujourd’hui divisée entre une activité échappement et une autre tournée vers les réservoirs hydrogène. La première est amenée à disparaître progressivement en fonction de la demande ou du retrait du moteur thermique, alors que l’autre montera en charge. Une académie a été mise en place, H2 school, pour former les salariés à l’acquisition des compétences nécessaires à cette transition. Depuis 2018, avant l’annonce du plan massif hydrogène par le gouvernement et avant le programme européen de l’hydrogène, Forvia s’inscrit dans cette transformation. L’entreprise a investi 380 millions d’euros. Avec Symbio (co-entreprise avec Michelin et Stellantis pour la fabrication de piles à combustibles), les deux entreprises enregistrent un carnet de commandes cumulés de 1,2 milliards d’euros. Ils projettent 3,5 milliards d’euros de recettes en 2030.