Olivia Frisetti
“Faire de l’improvisation, c’est accepter d’aller quelque part sans savoir où l’on va !” définit Hubert Muller, membre de la compagnie de théâtre d’improvisation En Compagnie de Leroy. “On ouvre la porte et on ne sait pas ce qu’il se passe derrière”, ajoute-t-il, alors que la compagnie, qui est en représentation ce samedi 25 février, se prépare à un spectacle bien singulier.
Tous les jeudis, la troupe se retrouve pour travailler sur l’écoute, leur personnage et le lâcher prise. “On a besoin de tout un tas d’outils pour justement aller plus loin”, explique Hubert Muller, ancien président de l’association. L’élément principal de leur travail reste l’acceptation. “Il faut savoir dire oui à chaque personnage que l’on incarne”, affirme Hubert Muller.
Chaque représentation est unique. Les membres, appelés joueurs, ne s’appuient pas sur leur expérience de scène passée. Les acteurs ont chacun leur refuge. L’objectif des séances du jeudi est de sortir de sa zone de confort et de découvrir de nouvelles choses. “C’est une mise à poil à chaque fois. On repart tout frais, tout dispo : c’est ça qui est génial”, raconte Hubert Muller. Rien ne sert de stresser : l’écoute donne les clés de la réussite .“Je ne vais pas dire que j’ai peur de rien mais quand on se fait confiance et qu’on fait confiance aux autres, ça marche.”, rassure l’homme de théâtre.
Unique
Le spectacle de samedi “polar long form”, basé sur le principe d’une enquête policière, a déjà été joué il y a deux ans, avec une petite jauge de spectateurs dans un bar du centre-ville. Cette fois-ci, la troupe a mis l’accent sur le décor de théâtre avec une jauge plus importante au centre culturel de la Pépinière. “On a fait quelques modifications”, détaille-t-il.
Le long form, joué samedi, “est un format qui peut durer 45 minutes, une heure ou même plus”, indique celui qui enfilera le costume du maître de cérémonie. C’est la verve des comédiens qui fait le reste. Pendant toute la représentation, le maître de cérémonie ne quitte pas la scène. Il doit apporter des éléments de l’enquête aux joueurs. Donner le rythme au spectacle. Et embarquer la salle dans la représentation. “J’ai la prétention de capter le public”, promet Hubert Muller, déjà dans son rôle. L’interaction du public est au centre du spectacle. C’est lui qui dénoncera le coupable.
“Ce que veut le spectateur, ce sera la vérité car on adaptera tout en fonction de lui”, indique le futur maître de cérémonie. Le but se résume à la cohérence et à la fluidité de l’enquête comme le dit Hubert Muller : “Mon souhait est que le public pense qu’il est venu voir une pièce de théâtre écrite à l’avance.” Avant d’ajouter : “Si on prend du plaisir et que le public aussi, on aura réuni tous les critères d’un spectacle réussi”. Car, l’improvisation c’est avant-tout une rencontre entre un public et des joueurs : “Le succès c’est quand vous tutoyez les anges. Parce qu’il y a des impros où l’on touche le ciel et d’autres où ça décolle moins bien !”
- Samedi 25 février, 20h30, centre culturel de la pépinière, à Belfort. 7 euros
Une association créée en 2008
“Il est urgent de ne rien faire de plus”, indique Hubert Muller. L’association a des projets, mais leur souci permanent reste la progression des membres en improvisation. L’association a été créée en 2008 avec des artistes amateurs. Il y a un nombre de membres limités : “Non pas que l’on se prend pour une compagnie élitiste, mais nous avons un souci de la qualité”, explique l’ancien président. L’association a mis en place un système holacratique. Les 25 membres ont une mission au sein de la structure. “Généralement, on fidélise beaucoup”, affirme Hubert Muller. L’association ne bénéficie pas de subvention, mais seulement de petites rémunérations dues à des interventions. Depuis quelques années, l’association donne la possibilité à l’ensemble des membres d’animer les ateliers. “Nous faisons régulièrement des stages avec des professionnels pour progresser dans différents formats,indique Hubert Muller. On fait entre un ou deux stages par an.”