L’attentat d’Arras du 13 octobre 2023, qui a causé la mort du professeur Dominique Bernard, a fait réfléchir à la manière de mieux protéger les établissements scolaires. Dans le Territoire de Belfort, une convention pour trois ans a été signée vendredi 17 mai en ce sens entre l’Etat, l’Education nationale, les forces de l’ordre et le tribunal. Elle répond à une commande ministérielle, qui demande une réflexion sur la sécurisation de tous les types d’établissements recevant des élèves et un renforcement des liens avec les forces de l’ordre. Une demande d’actualité, « alors que les phénomènes d’incivilités, de violences, sont quasi quotidiens », explique le préfet du Territoire de Belfort, Raphaël Sodini. « L’idée est surtout d’avoir un protocole qui uniformise », convient-il.
Quels en sont les principaux axes ? Première principale mesure : des travaux de sécurisation dans l’intégralité des établissements scolaires du Territoire de Belfort, à l’exception du lycée agricole de Valdoie. Les établissements ont eu un audit chargé de lister les problèmes de sécurité de l’établissement. Des améliorations leur ont été suggérées par des référents sécurité des forces de l’ordre. Cela concerne autant des renforcements de portails, que des mises en place de système de vidéo-surveillance, que des systèmes d’alarme, des exercices plus réguliers de prévention intrusion. Des travaux qui devront se faire dans un « calendrier resserré », financés par les collectivités en charge des établissements. « L’Etat pourra participer pour accélérer la mise en oeuvre », assure le préfet.
Six établissements ont aussi été listés comme prioritaires en termes de renforcement de la sécurité. Leur localisation n’a pas été dévoilée. Mais pour ceux-ci, la convention prévoit un renforcement de la présence des forces de l’ordre aux abords de l’établissement. « Une présence dissuasive », explique Raphaël Sodini.
Lien renforcé avec les forces de l’ordre
L’un des autres points principaux de cette convention : le renforcement du lien entre les directeurs d’établissements et les forces de l’ordre. Pour prévenir des actes au sein même des établissements, la convention demande à ce que tout fait susceptible de recevoir une qualification pénale soit signalé aux forces de l’ordre. « Les chefs d’établissements ne doivent pas hésiter à le faire.»
Avant, la coopération existait déjà avec les établissements, mais n’était pas systématique. « Certains chefs d’établissements pouvaient considérer que tels faits n’intéressaient pas la police ou la gendarmerie et s’en tenaient à des sanctions disciplinaires », détaille le préfet. Dans le cas d’atteinte à la laïcité, également, la convention prévoit des signalements aux renseignements territoriaux. Celle-ci élargit également le cadre des violences : les faits doivent être remontés même s’ils ne sont pas dans les murs, mais aussi s’ils sont à proximité et ont un retentissement pour l’établissement.
Est également inscrit dans la convention une meilleure prise en compte des victimes au sein des établissements scolaires, avec des prises en charge par plusieurs associations, comme France Victimes. Ainsi qu’une multiplication des actions de sensibilisation et de prévention sur le harcèlement notamment dans les collèges.
L’un des points sur lesquel il faudra encore travailler : la violence derrière les écrans et le cyber-harcèlement. « Cela prend des proportions inquiétantes », témoigne le préfet. « Menace de mort, insultes, menace de viols. Cela dès le collège », poursuit-il. « Nous avons besoin de travailler avec les familles pour un co-apprentissage », relève Mariane Tanzi, directrice académique des services de l’Education nationale dans le Territoire de Belfort. « C’est là qu’est notre limite, la capacité à impliquer les parents », conclut le préfet.