Par Philippe Combrousse – AFP
Le verdict est attendu au terme de deux semaines d’audience, le 13 juin. « Oui », la petite bande avait prévu de tuer Simon Arthuis, a admis à demi-mot Mickaël Calabrese, 36 ans, à l’ouverture de son procès pour l’assassinat de son compagnon. « Mais pas comme ça », a nuancé l’homme au visage juvénile, interrogé par le président de la cour d’assises de la Haute-Saône. « C’est pas moi qui lui ai donné la mort ». Pourtant, selon les investigations, il serait l’instigateur du projet et l’auteur des coups de couteau portés à Simon Arthuis, finalement mort noyé. Deux co-accusés de Mickaël Calabrese, Benjamin Ardouin, 22 ans, et Dylan Hoguin, 26 ans, ont reconnu leur présence sur les lieux du crime, soutenant ne « rien » avoir fait. Le trio encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le frère de Mickaël Calabrese, Jonathan, affirme qu’il n’imaginait pas que son jumeau puisse exécuter ce projet criminel. Il encourt cinq ans d’emprisonnement pour ne pas avoir empêché le crime.
Séance de torture
En août 2021, le corps de Simon Arthuis, originaire de Tours, avait été retrouvé dans un étang à Plancher-Bas, petite commune située dans l’est de la Haute-Saône. L’autopsie avait révélé 46 plaies sur le corps, infligées avec une lame de huit centimètres, dont certaines au niveau du cou et du torse. Aucun coup n’a été mortel, ce qui avait fait penser au procureur de Besançon de l’époque, Etienne Manteaux, à « une séance de torture ». L’étudiant est finalement mort noyé, après avoir été jeté dans l’étang, encore agonisant.
D’après les investigations de la section de recherches de la gendarmerie de Besançon, ce passionné d’informatique avait créé « un logiciel pour boursicoter dans le domaine des cryptomonnaies ». Il avait révélé à son compagnon, Mickaël Calabrese, domicilié à Montbéliard, avoir amassé environ 200.000 euros en cryptomonnaies, dont des bitcoins.
Ce dernier en avait informé son frère jumeau et sa femme, qui hébergeaient deux jeunes de leur famille à la personnalité fragile : Benjamin Ardouin et Dylan Hoguin. Ils avaient élaboré un plan : menacer la victime avec un couteau pour lui voler son téléphone, obtenir ses codes, accéder à ses comptes et subtiliser ses cryptomonnaies en les versant sur des comptes bancaires en ligne ouverts pour l’occasion.
Liens de famille
Après la découverte du cadavre, Mickaël Calabrese avait d’abord déclaré aux gendarmes avoir été la cible, avec l’étudiant, d’une agression homophobe, avant d’admettre lors de sa garde à vue avoir participé à l’assassinat, avec les deux autres jeunes hommes. Le trio avait révélé que le frère jumeau et sa femme les avaient aidés à préparer le crime. Ces cinq individus aux revenus modestes avaient déjà déterminé la répartition du butin.
Une première tentative d’assassinat par deux des accusés avait d’ailleurs échoué la veille du crime et doit être également jugée lors du procès. La femme de Jonathan Calabrese avait été mise en examen pour « non dénonciation d’assassinat », mais elle sera jugée ultérieurement en correctionnelle pour des raisons de santé.
Le procès s’ouvre au moment où plusieurs tentatives d’enlèvements d’acteurs du marché des cryptomonnaies occupent la justice française. Vingt-cinq jeunes de 16 à 23 ans ont ainsi été mis en examen vendredi, soupçonnés de tentatives ou de projets d’enlèvements dans le milieu de la cryptomonnaie en mai, à Paris et près de Nantes. Le ministère de l’Intérieur a annoncé le même jour la création d’un groupe de travail avec les acteurs de la filière en vue d’un plan d’action pour rehausser son niveau de sécurité.