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Trévenans : de nouveaux outils pour accueillir les enfants victimes de violence à l’hôpital

L’hôpital Nord Franche-Comté a inauguré une unité d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED). | ©Le Trois – Thibault Quartier
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L’hôpital Nord Franche-Comté a inauguré une unité d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED). Cette unité propose une salle d’audition adaptée et regroupe des professionnels spécialisés en santé de l’enfant. Surtout, elle fédère tous les acteurs du Doubs, du Territoire de Belfort et de la Haute-Saône susceptibles d’intervenir dans ces dossiers, qu’ils soient liés aux soins, à l’accompagnement de la victime, à l’enquête judiciaire ou à la procédure pénale.

40 334. C’est le nombre d’enfants, en 2022, pour lesquels au moins un danger est évoqué, selon le 119, le numéro national dédié à la prévention et à la protection des enfants en danger ou en risque de l’être. On estime, en France, que 50 000 enfants sont victimes de violence chaque année. « Un chiffre noir », qualifie Raphaël Sodini, préfet du Territoire de Belfort. C’est pour mieux appréhender ces situations délicates qu’un plan de lutte contre les violences faites aux enfants a été édité, pour la période 2020-2022. Et l’une des réponses est la mise en place, dans chaque territoire, d’une unité d’accueil pédiatrique enfants en danger. Dans le nord Franche-Comté, elle est installée à l’hôpital, à Trévenans, non loin des urgences pédiatriques.

Le vendredi 29 septembre, les représentants de l’État dans le Doubs, le Territoire de Belfort et la Haute-Saône, des tribunaux des juridictions correspondantes, des services de police et de gendarmerie de ces territoires, des associations de victimes et de l’ordre des médecin ont signé une convention-cadre pour la mise en place de cette unité́ d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED) à l’hôpital Nord Franche-Comté. Une vingtaine de signatures pour

« Tout est fait pour l’enfant »

L’unité, ce sont d’abord des moyens humains, avec des professionnels formés aux violences à l’enfance : médecin pédiatre, puéricultrice, psychologue, assistante sociale. Une salle d’audition Mélanie a aussi été aménagée. À l’intérieur, des canapés, des ours en peluche, des jeux ou encore un tableau lumineux reproduisant un paysage d’alpage crée une atmosphère plus douce. Au plafond, une caméra enregistre l’audition de l’enfant, pouvant ainsi être visionnée de nouveau, sans réinterrogée l’enfant. Sur l’un des murs, une large vitre sans tain permet de suivre l’audition sans déranger l’enfant. La pièce est « calme et agréable », valide Manhattan, policière à Montbéliard, officier de police judiciaire, qui a utilisé la salle pour recueillir le témoignage d’une femme victime de violence. Ici, on n’est pas au commissariat. On casse les barrières du bureau, de l’ordinateur. « Tout est fait pour l’enfant », ajoute la commissaire Déborah Boucher, chef de la circonscription interdépartementale de sécurité publique (CISP) de Montbéliard-Héricourt.

À disposition des professionnels, aussi, une table Snoezelen, qui propose des objets faisant appel aux cinq sens indique Caroline Lopes, cadre de santé aux urgences et en pédiatrie. Dans la pièce, une musique apaisante résonne et une lumière tamisée provoque un sentiment de légèreté. On cherche à « détendre », explique la cadre de santé. L’outil doit favoriser le recueil d’une parole sincère. L’objectif est « de répondre à toutes les dimensions, psychologiques, médical, médico-légale et judiciaire », indique Valérie Ganzer, déléguée territoriale Nord Franche-Comté de l’agence régionale de santé (ARS), soulignant aussi l’approche pluridisplinaire. « Les actions se coordonnent au sein de l’hôpital », appuient les acteurs. Les personnes victimes n’ont pas besoin de multiplier les allers-retours à l’hôpital, qui peuvent conduire à « jeter l’éponge », de la part de victime, replace Jessica Vonderscher, procureure de la République, à Belfort. Elle croit aussi que ce type de dispositif permet d’avoir « des enquêtes plus complètes ».

« Les procédures, c’est un traumatisme supplémentaire », alerte Marie-France Cefis, conseillère départementale déléguée à l’action sociale territoriale, à l’enfance et à la famille et à la santé publique. En qualité d’assistante sociale, elle a accompagné des personnes victimes de violence. Elle voit l’intérêt d’un tel outil et de regroupement à l’hôpital. « De longues dates, un établissement comme le nôtre a le soucis d’accueillir les victimes », replace Pascal Mathis, le directeur général de l’hôpital. « C’est une préoccupation majeure d’un établissement de santé », enchaîne-t-il. Ce type de cas nécessite un travail « en réseau », défend-il et il faut être au bon endroit au bon moment. Une telle unité doit encourager ce travail. « Les chiffres des enfants victimes sont largement sous-estimés », estime finalement la procureure de Belfort. « La parole va se libérer car il y a des dispositifs pour la recueillir », poursuit-elle, convaincue par la pertinence du dispositif. Elle s’attend à un effet similaire à celui des violences faites aux femmes.

28 000 euros ont été investis pour aménager cet espace aux urgences pédiatriques.

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