Avant de prendre la route de Genève, les stagiaires de l’école Espera Sbarro Montbéliard ont présenté le premier prototype de leur année de formation. Renner, comme il a été baptisé, puise ses racines dans l’univers de la Porsche 904 et celui des berlinettes.
Le moteur ronronne. Puis accélère. Et ralentit. On le coupe. On le rallume. Dans ce moteur de 280 chevaux, on a retiré catalyseurs et autres silencieux. C’est donc la mélodie d’une belle mécanique qui s’exprime pleinement dans les ateliers de l’école Espera Sbarro Montbéliard, installés au lycée Germaine-Tillon, non loin de l’Axone. Avant de partir pour le Salon de l’automobile de Genève (7 au 17 mars), les formateurs et stagiaires de la promotion 2018-2019 sont au chevet de leur nouveau prototype, Renner. Quand certains dégainent les smartphones pour immortaliser les premiers cris de ce nouveau-né, d’autres s’affairent autour de la voiture. On polit la carrosserie. On nettoie les vitres. On parfait les réglages du moteur. On appose les derniers détails, comme ce “R” placé à l’avant de la voiture qui évoque le blason Porsche. Renner, dans la langue de Goethe, signifie “coureur”.
L'école Espera Sbarro de @utbm_fr a présenté ce matin son nouveau prototype, Renner. Premier cri du moteur ! pic.twitter.com/9crauWF3uN
— My Aire Urbaine (@MyAireUrbaine) 1 mars 2019
La Porsche 904
L’équipe a puisé son inspiration dans l’univers du constructeur de Stuttgart. Elle a plus précisément réinterprété l’univers de la Porsche 904, une voiture de course homologuée pour la route. À l’instar d’une Lotus, d’une Alpine Berlinette ou d’une Ferrari Berlinetta. La voiture de sport du quotidien, avec un moteur central arrière. Les lignes sont harmonieuses, mais sportives. C’est élancé, mais avec des hanches généreuses.
Une large bande blanche traverse la voiture bleue, de l’avant vers l’arrière. Un clin d’œil aux voitures de la Scuderia Filipinetti. Franco Sbarro, le créateur de l’école en 1992 à Neuchâtel (Suisse), fut chef mécanicien de cette célèbre écurie automobile, dont la particularité était d’avoir des voitures rouges traversées sur la longueur par une large bande blanche.
Une formation singulière
Les 24 stagiaires ont façonné la voiture de A à Z. « On touche à tous les domaines de création de la voiture », explique, satisfait, Hugo, l’un des stagiaires. C’est la force de cette formation d’un an, unique en Europe, qui délivre un diplôme de styliste prototypiste spécialité automobile. Les stagiaires, âgés de 18 à 42 ans, sont issus d’horizons très divers, « On a un melting pot de profils, de compétences et de culture, constate Anthony, l’un des cinq formateurs, en poste depuis 14 ans. Certains sont étudiants. D’autres en reconversion. Chacun apporte son expérience. » Certains stagiaires sont ingénieurs. D’autres viennent juste d’obtenir un bac professionnel. Quel que soit leur passé ou leur projet futur, ils sont animés par une passion commune : le rêve de concevoir entièrement une voiture. Et ils l’ont fait en 56 jours ! Un exploit quand on sait qu’il faut plusieurs années aux constructeurs automobiles pour sortir un concept-car.
Pour façonner Renner, les stagiaires sont partis d’un simple moteur. Un moteur de Subaru de 280 chevaux. Le premier défi consistait à installer ce moteur conçu pour une traction avant et une quatre roues motrices, sur l’essieu arrière et l’adapter à une propulsion. « La Subaru est une voiture un peu exotique, relève Anthony, spécialiste du dessin et du modelage. Nous avons toujours eu envie de mettre ce moteur à l’arrière. » À l’arrière, comme sur ces modèles qui ont inspiré l’équipe pendant plusieurs mois pour concevoir Renner. Un prototype qui fait des va-et-vient entre le passé et le présent. Qui lie l’histoire et la création. Ce qu’évoque ce nom, qui se lit dans les deux sens. Un palindrome.
La voiture va partir prochainement à Genève avec l’un des deux prototypes de l’année dernière pour être présentée à l’occasion du Salon automobile. Le stand de l’école est installé entre celui d’Opel et celui de Bentley. Au milieu des constructeurs. Et pas avec les écoles. Une autre preuve de la singularité de cette formation intégrée à l’université de technologie Belfort-Montbéliard (UTBM) depuis 2009. Ensuite, les stagiaires s’attaqueront à la réalisation du deuxième prototype de leur année de formation.