Vous le connaissez peut-être sous le nom PizzaGabriel, sur Tiktok ou Instagram. Vous l’avez peut-être déjà croisé à Belfort, plus précisément au Nenni ma foi, qu’il co-gère avec son père. Vous avez peut-être déjà salivé en regardant ses recettes atypiques de pizzas. Ou peut-être en avez vous mangé une.
Pourtant, il y a six ans, quand il a démarré, il ne savait pas faire de pizza. Il y a deux ans, il haïssait encore les réseaux sociaux. Sur scène, chemise noire, pantalon noir, il s’avance dans la lumière rouge de ce pré TEDx. Son métier, avant, il l’exerçait à Paris. Il y donnait des cours de guitare. « Et puis un jour, mon père m’a appelé: il voulait ouvrir un restaurant. » Il travaille un mois à Mc Donald’s pour financer son déménagement à Belfort. Arrivé, le restaurant tarde à ouvrir ; des vices cachés, lors de l’achat des locaux, l’en empêchent. « Alors, je me suis fait embaucher dans une pizzeria, je faisais 45 heures par semaine et 24 kilomètres de vélo par jour, car, oui, à Paris, je n’avais pas besoin du permis », blague-t-il.
Une semaine avant l’ouverture, en décembre 2018, le pizzaiolo plie bagage. « Alors, je mets la main à la pâte; mon ancien patron me lègue les rudiments de son savoir-faire. » Le turnover est important. Le chef, lui aussi, s’en va au bout d’un mois. En plus des pizzas, il fait le service, la plonge, les desserts. « Au bout d’un an, je me rends compte que je passe à côté de ma jeunesse et je veux arrêter. Mais le Covid arrive. »
4 millions de vues
Malgré ce désir d’arrêter, la passion pour la création de pizzas est née. Chaque semaine, il en crée une nouvelle, avec le désir d’améliorer sa pâte, de trouver des recettes toujours plus originales, curieuses. Sa compagne lui conseille de faire des vidéos sur Tiktok. « Je n’aime pas les réseaux sociaux. Mais je tente. Je poste trois vidéos par semaine. Toujours à la même heure et les mêmes jours pour l’algorithme. » Un mois plus tard, une vidéo fait 4 millions de vues. Les articles de presse affluent, quand le restaurant réouvre post-covid, les clients viennent de plus en plus loin. « Des clients sont venus de Genève, ont fait trois heures de route aller, trois heures de route retour, pour manger une margherita », raconte-t-il, effaré.
Après cinq ans d’activité, il lègue son tablier. En postant sur les réseaux sociaux, il reçoit 50 CV. « Je suis resté dans le circuit, mais maintenant je voyage grâce à la notoriété. » Il se retrouve à former des pizzaiolos partout dans le monde, rencontre le champion du monde de pizza, le chef cuisinier français Guy Savoy, doublement étoilé au Guide Michelin depuis 1985 et triplement étoilé de 2002 à 2022, l’ex miss-France Delphine Wespiser, pour tourner des vidéos. Ce succès lui permet, en reprenant le Jungle Bar, de faire doubler, en deux mois, le chiffre d’affaires des prédécesseurs. Une histoire dont il est fier de rappeler qu’il y a six ans, il ne savait pas étaler une pâte à pizza. Aujourd’hui, il est l’un des pizzaiolos les plus suivis des réseaux sociaux. Et Nenni ma foi n’a pas fini de tourner. Comptez une semaine pour réserver une table.
@pizza.gabriel Margherita 2.0 🤌🍕 Always a pleasure to make pizzas with my friend @Marco Fuso Pizza Chef 🔥 . . . #pizza #margherita #teamwork #pizzaioli ♬ Tu Vo´Fa´L´americano - Renato Carosone