La grève vise à dénoncer plusieurs mesures contenues dans le projet de loi de finances 2025, jugées injustes par les organisations syndicales. Elles dénoncent des coupes budgétaires drastiques et des réformes perçues comme une attaque contre les droits et acquis des agents publics. Parmi les syndicats mobilisés figurent la CGT, la CFDT, l’UNSA, Solidaires, la FSU, la CFE-CGC et la FA-FP.
Loïc Gatipon est secrétaire général du syndicat Solidaires pour les Finances publiques dans le Territoire de Belfort. A l’aube de la grève, il décrypte les différents points qui mènent à ce ras-le-bol. Selon lui, la dette publique est utilisée « comme un outil politique » pour justifier des mesures d’austérité ciblant les fonctionnaires. « Le gouvernement nous fait payer la dette en expliquant qu’il y a eu un excédent de dépenses, alors que la dette est surtout due à un déficit de recettes. Trop de cadeaux fiscaux ont été faits. C’est un mécanisme fou qu’on dénonce. Avec une logique de prendre toujours moins au plus gros.»
Parmi les secteurs les plus affectés figurent l’éducation, la santé, et les finances publiques, où Loïc Gatipon travaille. « C’est un secteur souvent oublié et pourtant au coeur de l’Etat », explique-t-il. Même avant la réforme, Loïc Gatipon évoque une baisse constante des effectifs, remplacés par des contractuels peu formés et sous-payés, une surcharge de travail pour les agents en poste, et une dégradation de la qualité des services rendus aux usagers. Cette situation s’aggrave avec l’introduction de solutions automatisées, comme l’intelligence artificielle dans certains services. En ce moment, un projet avec le service des cadastres, coûtant pas loin de 33 millions d’euros, est à l’étude. « Alors que de l’autre bout, on nous demande des économies », souffle-t-il.
Les points de crispation
Première mesure jugée injuste, décryptée par Loïc Gatipon : la suppression de la Gipa. Cette garantie individuelle du pouvoir d’achat est un dispositif destiné aux agents de la fonction publique, mis en place en 2008, pour garantir que les rémunérations des agents publics suivent l’inflation, même en période de gel du point d’indice ou de faible progression de carrière. « La Gipa est une garantie, pas une prime », fait remarquer Loïc Gatipon. Dans le projet de loi, elle est tout bonnement supprimée. Sa suppression est vécue comme une perte directe du pouvoir d’achat. Pour un cadre de catégorie un, selon des calculs du syndicat, la perte annuelle brute s’élèvera à 700 euros. Pour un inspecteur principal, à 2 283 euros brut.
La réforme des congés maladie est également une source majeure de mécontentement. Elle prévoit une indemnisation réduite à 90 % du salaire brut et l’instauration de trois jours de carence au lieu d’un. Les syndicats estiment que cette mesure pénalisera les agents déjà fragilisés par des conditions de travail éprouvantes. « Pour un cadre de catégorie C, une semaine de grippe représentera une perte de 264 euros », précise Loïc Gatipon.
Les syndicats dénoncent également les coupes budgétaires prévues dans le projet de loi de finances 2025, qui s’élèvent à 1,2 milliard d’euros pour la fonction publique. Cette politique d’austérité, selon eux, risque de multiplier les suppressions de postes et de dégrader encore davantage les services publics. Dans des secteurs comme l’éducation, la santé et la justice, les fonctionnaires dénoncent une surcharge de travail croissante et un manque de reconnaissance.
Des revendications transversales
Dans un communiqué intersyndical, les syndicats de l’HNFC (hôpital nord Franche-Comté) veulent refuser « une nouvelle régression sociale ». Dans un autre communiqué, le syndicat CNI de l’hôpital nord Franche-Comté relate les mêmes points de frustration que le syndicat Solidaire Finances Publiques. Rappelant que l’absentéisme « est malheureusement trop souvent lié à l’épuisement des professionnels. Epuisement qui est lui-même aggravé par des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader ». La CNI craint pour l’attractivité « des métiers hospitaliers » avec ces mesures, relatant le chiffre d’une vacance de poste haute de 7 à 8%.
Dans le milieu des finances publiques, Loïc Gatipon craint aussi pour l’attractivité. « On a l’impression qu’il y a une obsession, aux Finances publiques notamment : les économies. Il y a comme une armée mexicaine au dessus de nous qui nous dirige et tient les comptes, et tout est fait pour les économies.» Il poursuit : « Dans nos services, le ressenti n’est pas bon. Il y a une perte de sens. Les savoir-faire dispersent, ne sont pas récompensés à leur juste valeur. Les agents ont l’impression de ne plus rendre un service publique mais simplement de courir après les économies. »
« Toutes ces mesures, au final, on nous dit que dit que ce sont des mesures d’équité avec le privé, mais on aligne toujours sur le bas. Pour les jours de carence, par exemple, on applique les standards les plus défavorables, alors que beaucoup d’entreprises privées compensent ces jours via des accords collectifs », souligne Loïc Gatipon. Il conclut : « L’accumulation de toutes ces mesures, ça fait beaucoup. »
- Mobilisation à 10 h à la maison du peuple à Belfort pour une manifestation suivie d’une assemblée générale à 12 h
- Mobilisation à 14 h sur le parvis de l’ancienne mairie à Audincourt pour une assemblée générale et une manifestation à 15 h