C’est au 9 rue de Budapest, à Belfort, que s’est installé le magasin de la Ressourcerie 90, après l’incendie qui a ravagé les locaux le 7 juin dernier. Cette structure associative, dédiée à l’environnement et à l’insertion professionnelle, recycle, redonne une seconde vie à différents déchets pour les revendre ensuite. C’est ce qui sera fait dans cette nouvelle boutique.Vendredi 9 décembre, l’heure est à la mise en service. Quelques minutes avant l’ouverture des portes, les curieux et les connaisseurs se mélangent devant l’ancien supermarché du quartier des Résidences. Acquis en septembre, il aura fallu plus de 80 000 euros pour remettre ce bâtiment aux normes pour qu’il devienne un nouveau lieu de pèlerinage pour les habitués de Ressourcerie mais aussi pour la dizaine d’employés en insertion qui y travaillent. À 13h, les portes ouvrent. Laissant se tasser toutes les personnes qui souhaitent dénicher la bonne affaire. Et même si le magasin est encore un peu vide, avec une surface de 700 m2, il y a de quoi faire. Lits, ameublement, armoires, jouets, vaisselles, électroménagers, vêtements. Tout est soigneusement rangé pour permettre de ravir les habitués. Un couvercle s’abat sur le sol, alors que trois personnes s’empressent de saisir des casseroles à bas prix. « C’est l’esprit Ressourcerie », plaisante Mickaël Portala, chargé de communication de la Ressourcerie 90. Une ressourcerie, dans une boutique qui ne devrait être qu’éphémère (deux à trois ans), puisque le bâtiment a vocation à être détruit, rappelait Éléonore Lartot, directrice de la Ressourcerie 90, lors d’une précédente rencontre (lire notre article).
En quelques minutes, les stocks de jouets et de vaisselle se réduisent. Faisant sourire les employés à la caisse. Au fond de la boutique, une porte est ouverte mais une pancarte signale : « Atelier fermé ». Une voix douce retentit : « Allez y, rentrez ! » Cette voix appartient à Patricia Bonvalot, qui mène des ateliers de sensibilisation sur le tri des déchets. Pour cela, elle passe par le bricolage, en montrant comment les déchets peuvent être magnifiés. Le samedi 9, lendemain de notre rencontre, elle devait en animer un pour apprendre à faire des lutins à partir de boîtes de papillotes. « Les enfants, les adultes, j’accueille tout le monde. C’est un atelier quatre mains », détaille-t-elle en époussetant la barbe du lutin qu’elle est en train de concevoir comme modèle.
Le bricolage, une séance de yoga
Patricia est l’un des visages chaleureux de cette nouvelle boutique de la Ressourcerie 90. Emmitouflée dans un gros pull multicolore et une grande étole grise, elle raconte qu’à 59 ans, ce job à la Ressourcerie, acceptée il y a quelques semaines, était une opportunité rêvée. Du bricolage, elle a commencé à en faire avec sa fille alors qu’elle était enfant, il y a trente ans. C’est finalement devenu une passion qui ne l’a plus quitté. Elle a écumé les villages, depuis, avec sa micro-entreprise, pour se rendre dans des classes et pour mener des ateliers zéro déchet. Elle a travaillé pour Danjoutin, notamment, pendant de nombreuses années. Elle s’arrête un instant dans son discours et fait un tour sur elle-même. « Il est immense ! », se ravit-elle en désignant ce grand atelier. Sur des murs défraîchis blancs et violets trônent des maisonnettes et des petits personnages que Patricia vient d’installer et qu’elle a conçu avec des objets de récup. Un peu plus loin, sur des étagères s’entassent déjà en ce jour d’ouverture fil, ciseaux, breloques, boutons, peintures en tout genre, bout de papiers de toutes les couleurs, chaussettes, bouteilles, maisons à oiseaux, feutres, sèche-cheveux, colles…. « Bon… On peut dire que c’est la maison d’Ali Baba. Et il y en a encore deux fois comme ça chez moi dans mon appartement.» On pourrait croire qu’elle travaille dans ce lieux depuis dix ans, déjà. Cela ne fait qu’une demi journée, et pourtant, une âme existe déjà. Dans cette caverne pas encore tout à fait finis, pas encore chauffée, on se sent bien.
Ce poste au sein de l’association, elle l’a obtenu en venant « chercher des chaussettes » à la Ressourcerie pour créer des marionnettes. « C’est là qu’on m’a dit qu’un poste se libérait.» Officieusement, il lui reste 6 ans à travailler. Mais dans les faits, « tant que je n’ai pas perdu la boule, je veux travailler ! ». Cette ressourcerie, c’est désormais une deuxième maison pour elle. Elle imagine déjà faire venir sa fille pour dessiner une fresque sur un immense mur du local dans lequel elle mènera désormais les ateliers. Elle souhaite aussi ramener des canapés, des jeux, pour que les enfants « qui peuvent en avoir vite marre du bricolage » puissent avoir leur coin à eux. Pendant que les adultes expérimentent, libèrent leur esprit. « Moi par exemple, le bricolage, c’est ma séance de yoga. Un moment où je ne pense plus à rien d’autre.»
Ces ateliers, pour Patricia, sont l’occasion de montrer que l’on peut faire énormément d’objets créatifs avec des déchets. Mais aussi de révéler le potentiel des participants. « Quand ils arrivent, les gens se dévalorisent. Et finalement, c’est incroyable les choses qu’ils peuvent faire.» Pour le compte de la Ressourcerie 90, elle mène aussi des ateliers zéro déchet pour le Grand Belfort. Un emploi du temps bien chargé, loin de lui déplaire.
Atelier sur participation financière libre. Mercredi 14 et 17 décembre, 14h-17h : décoration de cabanes en bois. 21 décembre : fabrication de cartes de Noël. Réservation au 07 68 16 11 42
Appel aux dons
Pour permettre de faire vivre la Ressourcerie, l’association en appelle aux dons de tous types d’objets (livres, jeux, mobiliers, vaisselles). En bon état si possible et à déposer du lundi au vendredi de 9h à 12h , au 9 rue de Budapest à Belfort.
Ils pourront passer par les mains de Marc, le menuisier de la Ressourcerie, pour un coup de neuf. Avant d’être remis en vente. Ce qui permet de faire vivre la structure en employant une dizaine de salariés en insertion.