Jade Belleville
Notre dossier de la semaine
Dans quelques jours, la saison estivale sera lancée. Le nord Franche-Comté va devoir faire face à de nombreux défis afin de garantir une saison en toute sécurité pour les baigneurs.
Article 1, ce mercredi : Nord Franche-Comté : l’inquiétude face à la pénurie de surveillants de baignade
Article 2, ce jeudi : Lutter contre les cyanobactéries, l’autre défi des baignades du nord Franche-Comté
Article 3, ce vendredi : Les risques de noyade chez les enfants
Il manque, en France, environ 5 000 maîtres-nageurs sauveteurs (MNS), déplore le syndicat national de la profession. Une problématique que rencontre la communauté de communes du Sud Territoire (CCST). Dans une lettre adressée le 29 avril à Cédric Perrin et à Ian Boucard, sénateur et député Les Républicains (LR) du Territoire de Belfort, l’intercommunalité relève le manque de trois maîtres-nageurs permanents au centre aquatique intercommunal du Sud Territoire, à Delle. Le nord Franche-Comté compte quinze zones de baignades, dont onze piscines et quatre baignades naturelles (Malsaucy, Brognard, Ballastières et Pont-de-Roide-Vermondans).
Cette pénurie dans la profession a pour conséquence de raccourcir les créneaux horaires d’ouverture des piscines. Mais pas seulement. « La plus inquiétante [des conséquences] est sans aucun doute le recul de l’apprentissage de la natation », s’alarme la CCST. « Plus de 100 enfants sont sur liste d’attente pour l’école de natation, certains depuis plus de deux ans. » Depuis l’envoi de la lettre, le sénateur Cédric Perrin a saisi le ministère de la Jeunesse et des sports, explique Christian Rayot, président de la communauté de communes.
À quelques semaines de l’ouverture de la saison estivale, le centre aquatique intercommunal du Sud Territoire n’a toujours pas réussi à combler ce manque de maîtres-nageurs sauveteurs. « On a [seulement] eu quelques touches de recrutement pour septembre. »
Même problème aux Ballastières
« Nous avons les mêmes difficultés », explique Carole Verdot, responsable des ressources humaines à la Communauté de communes Rahin et Chérimont (CCRC). Au plan d’eau des Ballastières, entre Champagney et Ronchamp, un seul surveillant de baignade est nécessaire pour assurer la baignade en juillet et août. Mais pour l’instant, le plan d’eau n’a trouvé personne pour la saison à venir.
« On a diffusé des offres d’emploi », fait savoir Carole Verdot, « mais sans succès ». La CCRC a également demandé de l’aide à des centres de formation au diplôme du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA). « On sait qu’il y a des sessions qui vont se finir dans peu de temps. On espère pouvoir obtenir un surveillant », indique la responsable. Un conseil communautaire devrait avoir lieu d’ici peu, afin de déterminer l’avenir du site de loisir des Ballastières.
Les surveillants du Malsaucy réquisitionnés pour les JO
« Nous avons aussi beaucoup de difficultés », s’indigne Séverine Cremer, cheffe de service ressource humaine au Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) du Territoire de Belfort.
Le site du Malsaucy est géré par le conseil départemental du Territoire de Belfort. La gestion de la surveillance est déléguée au Sdis 90. Chaque année, des pompiers volontaires en vacation assurent la surveillance de la baignade. Ils sont renforcés par des sauveteurs, recrutés en CDD. Mais cette année, nombre d’entre eux, diplômés du BNSSA, ont été réquisitionnés pour les Jeux olympiques. Pour pallier la pénurie, le Sdis a fait appel à ses relations, en demandant aux jeunes de l’année précédente de parler des CDD autour d’eux. Ils seront 13 cette année. Ce ne sera pas suffisant. « On a l’effectif pour assurer la surveillance. Mais il ne faut pas qu’un de nos maîtres-nageurs sauveteurs tombe malade ou se blesse », explique Samuel Guichard, chef du service pilotage et coordination RH du Sdis 90.
Par conséquent, le site du Malsaucy devra, cette année, réduire ses jours d’ouverture. « En juin, nous serons ouverts les mercredis, samedis et dimanches », regrettent les pompiers. En revanche, pour juillet et août, le site sera ouvert tous les après-midis.
Les formateurs au BNSSA viennent en aide
De son côté, Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) a réussi à réunir assez de maîtres-nageurs sauveteurs. L’année dernière, ce n’était pas le cas. Les maîtres-nageurs sauveteurs de la Citédo de Sochaux avaient dû être réquisitionnés, afin de compléter l’effectif de la base nautique de Brognard. La Citédo avait fermé ses portes en août 2023.
Cette année, PMA a anticipé le problème. « On a organisé des formations de surveillants de baignade à la Citédo », explique Jean André, vice-président chargé de la politique sportive PMA. « Sur les onze ou douze personnes qui ont suivi la formation, quatre ou cinq personnes ont eu le diplôme », ajoute-t-il. Ces formations, qui sont en partie financées par l’agglomération, permettent à cette dernière de compléter son équipe de surveillants de baignade.
Des partenariats avec des acteurs de l’agglomération ont également été mis en place. La société nationale des sauveteurs en mer (SNSM) forme des futurs maîtres-nageurs sauveteurs et collabore avec PMA. « Chaque année, on demande à la SNSM de nous envoyer ses nouveaux diplômés. Pendant au moins un mois, ils travaillent à la base nautique de Brognard », indique Jean André. C’est le même principe qui a été mis en place avec la fédération française de sauvetage et de secourisme (FFSS). « Eux aussi ont pu nous envoyer des jeunes pour surveiller les zones de baignade » ajoute le vice-président.
« Aujourd’hui, on a ce qu’il faut pour couvrir les baignades », conclut Jean André. Il y aura, cette année, une vingtaine de surveillants de baignade, 16 sauveteurs et quatre chefs de poste, répartis sur l’ensemble du territoire.
Des alternatives pour pallier le manque
Pour pallier le manque de maîtres-nageurs, le service Infos jeunes de la ville de Belfort a mis en place une aide pour financer le BNSSA. Toute personne habitant à Belfort, âgée entre 17 et 30 ans, peut bénéficier de 300 euros. En contrepartie, les candidats doivent s’engager à faire 30 heures de volontariat. Ils devront également, à l’obtention de leur diplôme, postuler dans une des piscines du Grand Belfort (lire notre article).