Tout commence lundi 15 septembre dans l’après-midi, lorsqu’un homme de 35 ans, originaire de Montbéliard, est contrôlé alors qu’il circule en trottinette électrique sur un trottoir à Seloncourt. Il reconnaît rapidement ne pas avoir assuré son véhicule. Dans sa sacoche, les policiers découvrent de la résine de cannabis et une liasse de billets de 415 euros. Il est immédiatement placé en garde à vue. Son casier compte deux mentions, expose Paul-Edouard Lallois, procureur de la République de Montbéliard. Toutes liées à du trafic de stupéfiants. La dernière condamnation, en 2020, lui avait valu deux ans de prison ferme.
La fouille de son domicile à Seloncourt révèle une tout autre dimension que ce qui a pu être saisi dans sa sacoche. « Une perquisition fructueuse. Nous avons découvert un véritable écureuil », résume le procureur. Les enquêteurs mettent la main sur 4,29 kilos de cannabis, 100 grammes de cocaïne, 112 comprimés d’ecstasy et 7 700 euros en liasse de billets. Un petit pécule estimé à 170 000 euros.
Le stock d’armes impressionne : deux fusils à pompe de catégorie B, une carabine, un revolver, quatre armes de poing, quatre armes d’épaule, ainsi qu’un fusil d’assaut 57 automatique, une arme de guerre de catégorie A. « Une arme suisse fréquemment retrouvée dans le cadre de trafic d’armes », précise le parquet.
Aveux partiels et procès imminent
À ces saisies s’ajoute un inventaire hétéroclite : tabac, dizaines de casquettes et vêtements contrefaits, produits de toilette, parfum, bijoux, brosses à dents électriques, balances de précision, drone, casques audio, gameboy, télévision, pneu de trottinette, ainsi que des cartes Pokémon et One Piece, estimées à 5 500 euros. « C’était une vraie boutique chez lui », commente Paul-Edouard Lallois. La valeur totale des objets saisis, hors contrefaçon, dépasse 10 100 euros.
En garde à vue, l’homme « n’a pas été très prolixe mais a reconnu revendre, consommer, et avoir des dettes de stupéfiants à rembourser ». Pour le reste, il affirme n’être qu’une « nourrice », stockant drogue et contrefaçons pour le compte d’autres personnes.
Il sera jugé mardi pour 11 infractions : cinq liées au trafic et à l’usage de stupéfiants, trois pour la détention d’armes de catégories A, B et C. Actuellement placé en détention provisoire, il encourt jusqu’à 20 ans de prison, étant en état de récidive. Pour ses biens, tout ce qui ne relève pas de la contrefaçon sera mis aux enchères.
Tout saisir pour « dépouiller »
Si le parquet communique sur cette affaire, c’est moins pour la liste impressionnante des saisies que pour mettre en avant la « technique rapace ». Cette méthode consiste à « tout saisir, le matériel et l’immatériel », insiste le procureur.
Sur les comptes bancaires du suspect, 13 800 euros ont été identifiés. 13 000 ont déjà été confisqués, en plus de l’intégralité des biens retrouvés au domicile. « Une saisie à la hauteur du préjudice généré par l’activité du trafic. On pouvait aller jusqu’au 170 000 euros d’avoir criminel. »
L’idée est claire : couper les trafiquants de toutes leurs ressources. « C’était un maillon assez important du réseau pour avoir autant de stocks chez lui », souligne le procureur. En privant ces figures de leurs avoirs, la justice espère rendre plus difficile toute reprise d’activité. « C’est une bonne méthode pour éliminer les têtes de réseau peu à peu. »
Pour Paul-Edouard Lallois, cette affaire dépasse le simple fait divers. « Cette affaire qui était un one shot nous montre aussi que le trafic gangrène et cela illustre les affaires criminelles qu’on a pu avoir les dernières semaines. »
