Si l’on en croit une enquête menée par l’IUT nord Franche-Comté auprès des étudiants en cours d’inscription ou de réinscription, plus de 90% d’entre eux ont utilisé l’intelligence artificielle (IA) pour leurs travaux au lycée (pour les bacheliers de juin) ou à l’IUT (pour les deuxième et troisième année). Presque tous s’en sont donc servi, de façon plus ou moins intensive. Un constat sans surprise.
L’IUT de Belfort – Montbéliard a lancé cette enquête pour une raison simple : il s’apprête à lancer un plan d’action pluriannuel sur l’IA. Ce n’est pas que cet outil numérique était absent de l’IUT jusqu’à présent (une première sensibilisation avait été menée en 2023), mais son directeur, David Markezic, estime que, maintenant que la réforme des BUT (bachelors universitaires en trois ans) est mise en place, il est temps de se saisir du sujet pour structurer une démarche commune à l’ensemble de l’IUT, dans une logique participative avec les enseignants et vacataires, et en lien avec le tissu économique local.
L’enquête menée auprès des étudiants en cette rentrée vise donc à avoir une photographie de la pratique des étudiants. Environ 1700 étudiants vont rejoindre les bancs de l’IUT en ce mois de septembre ; environ 1150 d’entre eux ont répondu au questionnaire. L’enquête indique que 76% se servent de l’IA pour de la rédaction ; 63% pour la compréhension de cours ou d’exercices ; 55% pour de la traduction ou de la correction ; 41% pour l’organisation de projets.
Quant à la posture qu’ils ont vis-à-vis de l’IA, 61% affirment qu’ils relisent ou corrigent les propositions fournies par l’IA ; 27% qu’ils l’utilisent seulement en cas de blocage ; seulement 12% qu’ils acceptent ce que leur propose l’IA sans modification. Des usages qui semblent assez vertueux, mais l’enquête ne permet que de recueillir du déclaratif, qui nécessite naturellement d’être confronté à la vérification du terrain.
Un domaine évolutif, donc une démarche évolutive
Pour autant, la familiarité des étudiants avec l’IA renforce la conviction de David Markezic de lancer un plan d’action sur l’IA. « L’IA nous bouscule et doit nous bousculer, explique-t-il en substance. C’est un domaine très évolutif. Il est difficile aujourd’hui de savoir quelles seront les capacités de l’IA dans trois ans, au terme du cursus des étudiants qui entrent à l’IUT cette année, quel sera le cadre juridique ou éthique, quels seront les usages dans les entreprises. » Le plan d’action qu’il lance en cette rentrée sera donc lui aussi évolutif. L’objectif global est de mener une « intégration lucide, critique et responsable de l’IA ». Avec plusieurs enjeux : renforcer l’employabilité des étudiants, à la fois par leurs compétences et leur capacité d’innovation chez leurs employeurs ; préparer à la poursuite d’études ; développer des compétences transversales comme l’esprit critique, la créativité, l’autonomie ; développer des compétences professionnelles comme le traitement de la data, la communication, la production, les ressources humaines ; lutter contre la facilité et l’illusion de la montée en compétences en maintenant le maintien de l’effort (par exemple via la vigilance et l’esprit critique face aux propositions de l’IA).
La première étape du plan d’action a consisté à constituer un comité de travail et de suivi pour l’élaborer. Una carte interne va préciser les usages autorisés, tolérer ou interdits. Et en octobre, une série de journées de formation va être proposée aux quelque 140 enseignants et enseignants chercheurs, mais aussi aux 300 vacataires. La première journée est programmée le 10 octobre sur le thématique de « L’IA et la pédagogie » : prise en main, nouveautés de l’IA, évaluation, etc. Elle permettra aussi d’identifier les besoins. Huit autres journées sont ensuite programmées sur des thématiques plus spécifiques, comme l’IA et les sciences de la gestion, l’IA et les langues vivantes, l’IA et l’informatique, etc.
Les partenaires de l’IUT, comme les entreprises et organisations qui accueillent des stagiaires ou des alternants, seront aussi sollicités, afin d’identifier aussi bien leurs usages de l’IA que leurs attentes dans ce domaine. Dans le même esprit, une conférence ouverte sera organisée sur l’IA, dans le cycle des « 5 à 7 de l’IUT »
L’IUT de Belfort – Montbéliard en quelques chiffres
- 1700 étudiants sont formés chaque année à l’IUT de Belfort-Montbéliard, dont 30% en contrat d’apprentissage (en 3e année, ils sont 50% en apprentissage)
- 60% des étudiants sont originaires du nord Franche-Comté, du sud Alsace ou de Haute-Saône
- 40% sont boursiers
- L’IUT propose 10 bachelors (bac +3) différents
- 70% des étudiants de l’IUT poursuivent leurs études après leur bachelor
- Le personnel de l’IUT compte 200 personnes, dont 70 enseignants, 70 enseignants-chercheurs, 60 personnels administratifs et techniques. L’IUT fait aussi appel à 300 enseignants vacataires