Depuis le 27 décembre 2024, un « plan de mobilisation interne », équivalent à un plan blanc, a été activé pour tenter de répondre à la saturation des urgences et au manque de lits d’aval. Ce phénomène n’est pas isolé : des hôpitaux à Nantes, Toulouse ou encore Nice ont également dû recourir à des mesures d’urgence similaires. En France, 87 hôpitaux ont déclenché un plan blanc. Dans les couloirs des hôpitaux, « des patients attendent des heures sur des brancards », décrit le communiqué de la CGT au sujet de l’HNFC, tandis que les personnels soignants « font tout ce qu’ils peuvent ».
Pourquoi ne pas avoir réactivé le plan blanc ? « C’est une réflexion d’appellation entre la direction et les organisations syndicales », explique Mélanie Meier, de la CFDT. « L’appellation ne correspond pas forcément à notre quotidien. Il s’agit plus d’une réorganisation interne, et on a l’habitude de le faire », détaille-t-elle.
Les tensions hospitalières à cette période ne sont pas nouvelles. « Nous sommes au pic d’une épidémie de grippe, il y a encore du Covid. » Elle explique également qu’entre les fêtes, plusieurs cabinets de ville ferment. Et dans une zone où la médecine de ville est déjà saturée, cela crée rapidement une tension sur l’hôpital. D’autant plus que les épidémies de grippe amènent à l’hôpital des personnes âgées nécessitant, souvent, une hospitalisation prolongée pour des affections multiples, ce qui bloque des lits plus longtemps. Tout est là, le problème. « Le problème est structurel. Ce n’est pas nouveau. Il n’y a pas assez de lits, donc il y a un embouteillage aux urgences », pointe Mélanie Meier.
« Bouts de sparadrap »
Pour faire face à cette situation, la direction du HNFC a réouvert des lits de chirurgie début janvier afin d’accueillir des patients de médecine. Cette semaine, des lits de soins continus ont également été réouverts, mais la pénurie de personnel complique la utilisation. Parmi les mesures envisagées figurent la déprogrammation d’opérations non urgentes, la réduction des durées d’hospitalisation et la collaboration accrue avec les structures d’aval, comme les EHPAD ou l’hospitalisation à domicile (HAD). « Il y a en fait beaucoup de projets en cours pour améliorer la situation, mais il y a une inertie car la santé est une grosse machine. Et pendant ce temps, les soignants pâtissent et n’ont plus jamais de répit », détaille encore Mélanie Meier. Plusieurs acteurs souhaitent monter des projets pour soulager l’hôpital, comme la fondation des Bons enfants ou la fondation Arc-en-ciel par exemple, relève-t-elle. « Mais il faut des moyens financiers », souffle la syndicaliste.
Dans son communiqué, la CGT détaille que les solutions mises en place par l’hôpital relèvent davantage de « bouts de sparadrap » appliqués sur les conséquences immédiates plutôt que sur les causes profondes. Elle souligne que la crise du COVID-19 aurait dû marquer un tournant « en formant et en embauchant massivement du personnel pour offrir des conditions de travail humaines et sereines, et en ouvrant de manière pérenne les lits d’hospitalisation qui manquent pour répondre aux besoins. »
La situation actuelle est pour le syndicat emblématique d’une « vie sans fin d’austérité », où la logique de gestion financiarisée de l’Etat prime sur les besoins des patients et des soignants. « D’année en année, c’est pire. Nous, nous ne voulons plus voir ça », martèle la CGT, appelant à des réformes profondes pour garantir une offre de soins publique à la hauteur des attentes des citoyens. Un propos rejoint par Mélanie Meier, de la CFDT : « On paye une politique de restriction budgétaire. Et maintenant, pour faire bouger la machine dans l’autre sens, il faudra du temps », conclut-elle.