L’athlète montbéliardaise est convoquée demain lundi devant l’agence française anti-dopage. Elle clame depuis toujours son innocence. A 32 ans, cette quintuple championne de France joue la poursuite de sa carrière.
(AFP)
L’athlète montbéliardaise est convoquée demain lundi devant l’agence française anti-dopage. Elle clame depuis toujours son innocence. A 32 ans, cette quintuple championne de France joue la poursuite de sa carrière.
L’athlète Ophélie Claude-Boxberger, spécialiste du demi-fond, comparaitra demain, lundi 14 mars, devant l’Agence française antidopage (AFLD) qui pourrait la suspendre huit ans et mettre de facto un terme à sa carrière pour un contrôle positif à l’EPO il y a un an et demi. Déclenchée par ce contrôle réalisé le 18 septembre 2019, cette simple affaire de dopage avait basculé dans l’irrationnel lorsqu’Alain Flaccus, homme à tout faire et compagnon de la mère de l’athlète, s’était accusé de lui avoir inoculé l’EPO à son insu à Font-Romeu, lors d’un stage préparatoire aux Mondiaux de Doha, où elle avait été éliminée en séries.
L’intéressé, qui a changé plusieurs fois de version, est depuis revenu sur ses aveux et le dossier d’Ophélie Claude-Boxberger, qui a toujours clamé son innocence, s’est alourdi à l’heure de comparaître devant la Commission des sanctions de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), au terme d’un an et demi de rebondissements.
Agée de 32 ans, la spécialiste du 3000 m steeple, quintuple championne de France, est suspendue provisoirement depuis le 4 novembre 2019.
En plus de l’EPO, passible de quatre ans de suspension, les enquêteurs de l’AFLD, indépendants de la commission des sanctions, lui reprochent « la tentative de falsification de tout élément du contrôle du dopage », également passible de quatre ans. Ils estiment dans leurs conclusions, qu’elle aurait à la fois manipulé Alain Flaccus pour qu’il s’accuse, menti sur les dates de son retour de stage à l’époque pour éviter un contrôle, et volontairement brouillé les valeurs de son passeport biologique.
« Mise en scène »
Le document, consulté par l’AFP, cite M. Flaccus lors d’une audition du 30 septembre 2020 auprès de l’AFLD: « On s’est vu peu de temps après avec Ophélie pour trouver une solution. Elle m’a dit qu’on allait dire que c’était moi. On a convenu de cette mise en scène. »
Sur la base d’une expertise, les enquêteurs estiment par ailleurs que le scénario d’une injection unique « apparaît extrêmement improbable », et penchent pour un protocole de dopage.
Ophélie Claude-Boxberger et son conseil, Me Laurent Clauzon, mettent en cause l’ensemble de la procédure avec « une confusion des autorités de poursuites et d’instruction » dans laquelle ils pointent de nombreuses irrégularités, et une enquête menée selon eux « à charge ».
« Sur les faits, je suis confiante (…) il y a eu beaucoup de pièces, beaucoup de changements de versions, j’espère qu’ils arriveront avec l’audition des témoins à y voir plus clair », a indiqué l’athlète à l’AFP.
« Comment faire reposer toute l’infraction sur la parole de ce mec? »
« Ce mec », c’est Alain Flaccus, personnage central du dossier, mais aussi de l’histoire chaotique d’Ophélie Claude-Boxberger, élevée sans son père Jacky Boxberger, ancien grand nom de l’athlétisme français, depuis décédé.
Au cœur du microcosme de l’athlétisme de Montbéliard et des rancœurs familiales, Alain Flaccus a été le premier entraîneur de la steepleuse à l’adolescence, en plus d’être le compagnon de sa mère, et de devenir une aide pour ses entraînements. Ophélie Claude-Boxberger a porté plainte contre lui en octobre pour « viol aggravé » pour des faits commis alors qu’elle était mineure.
Alain Flaccus a toujours nié toute atteinte sexuelle. Il avait été suspendu six mois en 2009 par la Fédération française d’athlétisme (FFA) pour un « comportement déviant » sur la foi d’un mail contenant une déclaration sentimentale.
Par ailleurs, une procédure suite à une plainte de Claude-Boxberger pour « empoisonnement » est en cours, en plus d’une information judiciaire au pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris pour trafic de produits dopants et administration de substance interdite.