« On est déjà en prison, madame ! » Cette réponse résonne toujours dans la tête de Latifa Ibn Ziaten. Cet été, la mère d’Imad Ibn Ziaten, militaire, parachutiste, première des sept victimes de Mohamed Merah, le 11 mars 2012, interrogeait un jeune, dans un quartier, au cœur des journées de violences urbaines. Elle ne comprenait pas pourquoi il y avait autant de violence. Et elle leur demandait. « Si un jeune, qui a la liberté, pense être en prison, c’est qu’il y a un problème », répond-elle sans détours. « Il y a une grande fracture avec nos jeunes, assure Latifa Ibn Ziaten. Certains sont oubliés par la République. »
Depuis l’assassinat de son fils, Latifa Ibn Ziaten se mobilise en faveur de la laïcité, du dialogue, de la jeunesse et de la paix. Elle glisse, à chaque phrase, un message de tolérance. Elle veut créer une école des parents, pour former des mères ou des grands-mères qui seront des référentes dans les quartiers. Et la formation serait assurée par son association. L’idée n’est pas de rejeter la faute de cette errance d’une partie de la jeunesse sur les parents, mais de donner des outils pour lancer un travail au cœur des familles. Car Latifa Ibn Ziaten en est certaine : la responsabilité est collective. État, collectivités, familles, enfants… « On a laissé tellement de vide dans les quartiers », souffle-t-elle. Ces femmes doivent justement le combler.
« Je vais vous tendre la main »
Ce discours de paix ne prend que plus de force dans le contexte de violences observé en Israël. Et dans l’explosion des polémiques ces derniers jours. « Ce qui s’est passé en Israël est inacceptable, certifie Latifa Ibn Ziaten, avant d’ajouter : Je l’ai vécu. » Elle marque un temps d’arrêt. Enchaîne. « Mon fils a été assassiné froidement de deux balles dans la tête. »
Elle rappelle aussi que les Palestiniens, dans la bande de Gaza, sont en prison. « Dans un piège. » Et de compléter : « Les deux sont en piège. » Elle rappelle l’eau coupée, l’absence de lumière, de médicaments. « Cela ne va qu’augmenter la haine », interpelle-t-elle. « Les hommes politiques, les hommes d’États doivent se réunir pour trouver une solution et la paix », appelle-t-elle de ses vœux. « Où est-ce qu’on va, questionne Latifa Ibn Ziaten, qui arbore sur le revers de sa veste les insignes de la Légion d’honneur et de l’ordre national du mérite. Que va-t-on laisser à nos jeunes ? »
Comme un étendard, elle porte cette laïcité. Qui tient en « trois lignes », sourit-elle. La liberté de la foi. La liberté des croyances de chacun. Mais aussi le respect des règles de la laïcité, comme celui de ne pas porter de signes religieux distinctifs à l’école. « J’ai travaillé pendant 25 ans dans une école, sans porter le voile, replace-t-elle. Je le porte depuis la mort de mon fils. »
5à7, le cycle de conférences de l’IUT
L’IUT Nord Franche-Comté a lancé, ce jeudi 12 octobre, un cycle de 12 conférences, qui rythmera l’année scolaire, Les 5à7 de l’IUT NFC. Chaque département proposera une conférence dans l’année. Et ce cycle a débuté par le département Carrières sociales qui a préparé cette conférence « S’engager pour la laïcité », en lien avec le diplôme universitaire (DU) Laïcité et république, qui existe depuis 3 ans. “La laïcité, c’est avant tout la liberté, la liberté d’expression, une manière de vivre ensemble”, rappelle Bassir Amiri, vice-président de l’université de Franche-Comté en charge de la laïcité et la prévention des risques de discrimination. Il veut faire de l’université “un lieu d’échange et de débats”.
Son combat, elle l’a débuté à Toulouse, là où a été assassiné son fils. Elle a même été rencontrée des jeunes, dans des quartiers, qui portait Mohamed Merah en martyr. « Ils m’ont tué une deuxième fois », confie-t-elle. Ils ont échangé. Elle a entendu des excuses. « Tournez-vous, lui disent-ils alors. Regardez où la République nous a mis. » Puis Latifa Ibn Ziaten de répondre : « Vous êtes à l’origine de ma souffrance, je vais vous tendre la main. » Depuis, elle rencontre des élèves et donne des conférences pour transmettre son message. À Toulouse, elle a tenté de retrouver ces jeunes avec qui elle avait échangé. À l’époque, ils lui avaient dit qu’ils étaient « déjà morts », sans trop comprendre ce que cela voulait dire. Lors de son second passage, elle découvre qu’ils avaient filé en Syrie. Et qu’ils y étaient morts. « Quand j’en parle, leur visage est toujours là. » Le témoignage est vertigineux. Son courage impressionne. Et s’explique. « Je vais partout et je n’ai pas peur, confie-t-elle. Car derrière la peur, il y a la haine. »
Latifa Ibn Ziaten n’a pas sombré dans cette haine après la mort de son fils, dont elle était très proche. Le procureur de la République lui avait confié qu’il « avait refusé de se mettre à genou devant son assassin », rappelle-t-elle. Et le magistrat d’ajouter, rapporte-t-elle : « Soyez fier. » Aujourd’hui, elle répète inlassablement son message. Debout. Fière. Mais marquée par la fracture avec la jeunesse. Sans jamais baisser les bras de pouvoir l’aider.
Un nombre d’étudiants en hausse à l’IUT
L’IUT Nord Franche-Comté comptabilise 1 800 étudiants en cette rentrée 2023 (+17 %), soit 300 étudiants de plus que l’année dernière. Cette hausse s’explique notamment par l’instauration du bachelor universitaire et technologique (BUT), qui se prépare dorénavant en trois ans et non plus en deux. Par contre, le nombre d’inscriptions en première année est « stable », confirme David Markezic, le directeur de l’établissement. Une donnée très intéressante alors que de nombreuses écoles enregistrent déjà une baisse des effectifs liées à un creux démographique. 500 étudiants suivent leur cursus en alternance ; ils sont 1 500 à l’échelle de toute l’université de Franche-Comté. Les dix BUT doivent proposer de l’alternance en 2e et 3e année. Et quatre d’entre eux en proposent même dès la première année. « Il y a un historique dans cet engagement », assure le directeur, pour expliquer la dynamique. Autre volonté, l’expérience internationale. Un double diplôme est en préparation avec un établissement québécois. 55 % des étudiants de l’IUT vivent chez leurs parents, soulignant le recrutement local. Et laisse espérer qu’ils s’installent dans la région et répondent aux emplois. « On prépare et on forme pour qu’ils trouvent de l’emploi ici, pour