Les acteurs de l’aide à domicile et des soins infirmiers à domicile se sont constitués en collectif à l’échelle de l’aire urbaine pour faire face à la crise. Une crise qui les plonge dans le dénuement le plus total pour assurer leurs missions à domicile. Ils s’adaptent et lancent un appel aux dons.
Les acteurs de l’aide à domicile et des soins infirmiers à domicile se sont constitués en collectif à l’échelle de l’aire urbaine pour faire face à la crise. Une crise qui les plonge dans le dénuement le plus total pour assurer leurs missions à domicile. Ils s’adaptent et lancent un appel aux dons.
Les acteurs des service d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) et des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) du nord Franche-Comté viennent de créer un collectif pour surmonter la crise. La pandémie du coronavirus Covid-19 touche de plein fouet ces structures. Elles sont une vingtaine dans le nord Franche-Comté à s’être regroupées. Des associations comme Domicile 90, Arc-en-Ciel Services ou encore Colchique. Des entreprises comme Azaé, Anoa services ou encore 1Dispensable service. Il y a aussi des acteurs publics, comme le centre communal d’actions sociales. D’habitude concurrentes, elles font front les unes avec les autres aujourd’hui. Elles sont solidaires. Elles emploient entre 2 500 et 3 000 salariés à l’échelle du pôle métropolitain et cela représente 12 à 15 000 clients ou patients. Elles font du nursing, c’est-à-dire de la toilette pour des personnes malades, avec des aides-soignantes, ou sinon proposent des prestations d’aide aux repas, à la toilette, à l’habillage et au ménage.
L’hôpital lance aussi un appel
Dans un contexte de difficultés d’approvisionnement, l’hôpital Nord-Franche-Comté lance un appel aux dons. Lui aussi. Il a besoin, « de manière urgente, de tenues de protection pour équiper les professionnels qui s’occupent de patients atteints du COVID-19 : sur-blouses étanches, combinaisons étanches et sur-blouses à usage unique. Nous sollicitons toutes les entreprises qui pourraient nous venir en aide. » Si une entreprise souhaite faire un don, il faut contacter : nmaga-svce@hnfc.fr
Plus tôt dans la journée, l’UTBM a annoncé avoir fait don de 540 masques FFP1, 1 500 masques FFP2 et 55 masques FFP3. Mais aussi des sur-combinaisons, des sur-blouses des charlottes ou encore des gants.
« Nous avons travaillé sur les interventions les plus prioritaires, presque vitales, pour les personnes très dépendantes ou isolées », détaille Philippe Weber, directeur général de Domicile 90, qui s’exprime au nom du collectif. L’activité a ainsi été réduite à 2 500 – 3 000 visites à l’échelle du pôle métropolitain. Toutes les activités liées au nursing sont maintenues. « Ce fut un travail difficile de sélection, dans cet esprit d’effort national de limiter les trajets et les contacts, tout en maintenant la sécurité sanitaire des clients, patients et salariés », explique Philippe Weber. Compte-tenu de la réduction d’une partie de l’activité, une partie des salariés de ces structures est rentrée chacun à son domicile, optant pour des dispositifs d’activité partielle.
Des masques sont arrivés
Pour les salariés sur le front, le travail est difficile. On manque de tout. Et les conditions sont de plus en plus contraignantes depuis la première prise de parole d’Emmanuel Macron, président de la République, jeudi. La prise de conscience de la viralité de la pandémie renforce l’inquiétude des salariés qui manquent de matériel médicalement nécessaire, comme des masques, du gel hydro-alcoolique. Cette carence a créé « de la tension psychologique chez les salariés », souffle Philippe Weber. Le dévouement est certain, garantit-il, mais la peur est là aussi.
Ce mercredi matin, bonne nouvelle. Les services de l’État, de la préfecture du Territoire de Belfort, ont débloqué 5 000 masques pour ces structures. Ils sont en cours de distribution dans l’Aire urbaine. Philippe Weber a échangé plusieurs fois avec le préfet David Philot pour permettre cette décision. Depuis quelques jours, les acteurs de l’aide à domicile sont reconnus de fait comme « des acteurs du parcours de soin », se réjouit Philippe Weber. La pandémie a permis d’accélérer cette reconnaissance. Grâce à cela, « nos salariés peuvent profiter des modes de garde prioritaires ». L’agence régionale de santé (ARS) a aussi confirmé que 6 000 masques seront disponibles rapidement dans le Territoire de Belfort pour l’aide à domicile. Ces masques permettent de faire face aux situations de doute, pour soi-même ou pour les personnes aidées.
Appel aux stocks de gel des usines
Si l’approvisionnement des masques est réglé pour quelques jours, les structures accusent toujours un déficit dans la disponibilité de gel hydro-alcoolique ou de thermomètres. « Plein d’usines ferment. Elles ont des stocks qui sont constitués et qui ne leur sont pas utiles à court terme », remarque le directeur général. Peut-être peuvent-elles les donner à l’aide à domicile. Ces besoins concernent les structures du collectif. Mais pas seulement. « Les Ehpad ou les autres établissements sanitaires » sont aussi dans des situations préoccupantes souligne Philippe Weber, qui évoque l’inquiétude de ses collègues à pouvoir fonctionner en termes de capacité sanitaire. La fondation Arc-en-Ciel a même lancé un message sur les réseaux sociaux aux entreprises régionales en capacité de fabriquer des masques de protection pour lancer une production. « Les stocks de l’État ne seront pas suffisants pour couvrir les besoins », peut-on lire sur le message.
Aujourd’hui, ils font face à la crise, pour poursuivre l’activité. Bientôt, ils devront aussi penser aux salariés. « Ils ne pourront pas travailler 24 heures sur 24 pendant un mois », remarque-t-il. Si la situation dure, des aides qui ont été supprimées parce que jugées non prioritaires vont peut-être le (re)devenir, notamment en ce qui concerne de l’aide au repas ou au ménage. « On est dans le flou », acquiesce Philippe Weber. Mais on s’organise. Depuis plusieurs jours, la solidarité fait aussi, déjà, des miracles.