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« La maladie d’Alzheimer est un vrai sujet de préoccupation »

Le prix de la fondation Claude-Pompidou pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer a été remis ce mardi à Belfort, dans les nouveaux locaux du pôle gérontologique Claude-Pompidou.

Le prix de la fondation Claude-Pompidou pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer a été remis ce mardi à Belfort, dans les nouveaux locaux du pôle gérontologique Claude-Pompidou, sur le site de l’ancien hôpital. Rencontre avec le professeur Bruno Dubois, neurologue, chef de service à La Pitié-Salpétrière et membre du conseil d’administration de la fondation. Il vient de publier un ouvrage, Alzheimer, la vérité sur la maladie du siècle.

Combien de personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer en France ?

On considère qu’elle touche 850 000 personnes aujourd’hui en France et qu’il y a 160 000 nouveaux cas par an. Cette maladie a une fréquence qui augmente avec l’âge, mais qui touche aussi des sujets jeunes. En tant que neurologue, je vois beaucoup de sujets jeunes, de moins de 60 ans, touchés par cette maladie. Et cette maladie, quand elle touche des sujets jeunes, posent des problèmes particuliers, parce que ces gens sont insérés dans leur environnement familial, professionnel et social ; cela a des répercussions très importantes. On considère aujourd’hui à 25 000 le nombre de sujets atteints de cette maladie qui ont moins de 65 ans.

Quel est le souci pour les sujets jeunes ?

On peut comprendre qu’un sujet âgé perde la mémoire. On va se mobiliser. Mais les gens n’ont pas conscience que cette maladie puisse toucher un sujet jeune. Il va y avoir souvent un retard [dans le diagnostique]. Ces sujets vont [par exemple] faire des fautes professionnelles. [Ils] peuvent même être licenciés pour faute grave alors même que c’est déjà la maladie qui s’exprime. Il faut le savoir. Il faut que les médecins du travail le sachent.

« On considère aujourd’hui à 25 000 le nombre de sujets atteints de cette maladie qui ont moins de 65 ans. »
Bruno Dubois
Neurologue

Nous vivons dans des pays où la population vieillie. Dans quelle mesure, le développement de cette maladie est préoccupant ?

C’est un vrai sujet de préoccupation. Aujourd’hui, si vous avez une petite fille qui naît, son espérance de vie est de 90 ans. Or, à 90 ans, 40 % des gens sont atteints de cette maladie. Cela veut dire, qu’un enfant qui naît aujourd’hui à 4 chances sur 10 d’arriver à l’âge où la maladie apparaît.

Les États-Unis, les pays européens et l’Australie ont une population dont 20 % des habitants ont plus de 65 ans…

En 2050, ce sera l’ensemble du monde, sauf l’Afrique et l’Inde. Il y aura donc tous les pays d’Amérique du Sud, la Chine ou encore la Russie. Selon les estimations, il y aura 150 millions de gens touchés par cette maladie.

« Aujourd’hui, si vous avez une petite fille qui naît, son espérance de vie est de 90 ans. Or, à 90 ans, 40 % des gens sont atteints de cette maladie. »
Bruno Dubois
Neurologue

Ne repère-t-on pas la maladie trop tardivement aujourd’hui ?

Le problème, c’est que nous avons plusieurs pistes biologiques, mais que nous ne savons pas qu’elle est la bonne. Les médicaments qui sont développés ont ciblé une des pistes, qui paraissaient la plus intéressante. Elle semble impliquée dans les formes génétiques, qui sont exceptionnelles. Toutes ces formes génétiques impliquent la piste amyloïde. Les médicaments qui sont développés actuellement pour traiter les patients sont actifs sur ces lésions amyloïdes. Ils voient leurs concentrations de lésions amyloïdes diminuées après un an et demi de traitement, mais, malheureusement, cela n’a pas d’effet sur les symptômes de ces sujets.

Selon vous, il est important d’emprunter de nouvelles voies de recherches. La fondation Claude-Pompidou accompagne un projet d’une équipe de Montpellier à hauteur de 100 000 euros. Elle travaille sur la neuro-inflammation…

Cela fait partie des voies nouvelles qu’il faut explorer. Il y a une réaction inflammatoire dans le cerveau des patients. La question est de savoir si cette réaction inflammatoire est la cause ou la conséquence du processus pathologique, car à chaque fois que vous avez une protéine anormale dans le cerveau, ce qui est le cas de la maladie d’Alzheimer, vous avez des cellules microgliales, c’est-à-dire des cellules inflammatoires qui viennent digérer ces protéines anormales. Cette réaction inflammatoire est peut-être la conséquence d’un phénomène primaire. Ou est-ce que cette réaction inflammatoire est, elle-même, délétère pour le cerveau ? Il est possible qu’en maîtrisant la composante inflammatoire, on ait un effet positif sur les symptômes. Si nous arrivons à compenser cette réaction inflammatoire qui est potentiellement nocive, à ce moment-là, peut-être que nous aurons une amélioration des symptômes.

L’une des innovations de cette recherche, est le va-et-vient entre la recherche clinique et la recherche fondamentale. Pourquoi est-ce si important que le patient soit impliqué ?

C’est mon fer de lance. Il ne faut pas chercher l’explication de la maladie, comme on le fait aujourd’hui, par la recherche fondamentale, c’est-à-dire dans la drosophile, en manipulant des gènes de la drosophiles sur la mémoire olfactive. Cela n’a rien à voir avec la connaissance sur la maladie d’Alzheimer. Cela à voir avec la connaissance du vivant. C’est très respectable et très intéressant. Mais le secret de la maladie est chez le patient. Il faut prendre des cellules chez le patients. Travailler sur des cellules souches, voire faire des prélèvements pour rechercher des biomarqueurs. C’est le patient qui détient le secret de la maladie.

« C’est le patient qui détient le secret de la maladie d’Alzheimer »
Bruno Dubois
Neurologue

Vous venez de publier un ouvrage, Alzheimer, la maladie du siècle. C’est une alerte ? Un coup de gueule ?

Ce livre est parti d’un constat : les gens sont inquiets, posent des questions et sont mal informés. J’ai fait l’inventaire de tout ce qu’on raconte sur cette maladie. J’ai vu des choses absolument incroyables, sur les causes ou sur les traitements. On écrit n’importe quoi sur Internet ou les réseaux sociaux. L’idée est de faire la part des choses, en expliquant ce qu’est la maladie avec des mots simples, en répondant à des questions que les gens me posent : pourquoi est-elle fréquente comme ça ? Qu’elle est son rapport avec le vieillissement ? Est-ce qu’elle est génétique ? Peut-on la guérir ? Peut-on la prévenir ? Je réponds à ces questions et je raconte l’histoire de sa connaissance et de sa découverte. C’est très intéressant de savoir comment elle a été découverte, qui était Alois Alzheimer. C’est la première fois que l’on a rattaché à un dérèglement mental, une infection organique du cerveau.

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