Le procès très attendu de Jonathann Daval, un informaticien de 36 ans jugé pour le meurtre de sa femme Alexia en 2017, s’est ouvert lundi peu après 09 h devant la cour d’assises de la Haute-Saône, à Vesoul, alors que la partie civile espère qu’il apportera de nouvelles “révélations” sur les circonstances du drame.
Angela Schnaebele et Damien Stroka – AFP
Le procès très attendu de Jonathann Daval, un informaticien de 36 ans jugé pour le meurtre de sa femme Alexia en 2017, s’est ouvert lundi peu après 09 h devant la cour d’assises de la Haute-Saône, à Vesoul, alors que la partie civile espère qu’il apportera de nouvelles “révélations” sur les circonstances du drame.
Jonathann Daval, qui a reconnu le meurtre de son épouse et encourt la réclusion criminelle à perpétuité, est apparu vêtu d’une marinière, amaigri et déclinant son identité d’une voix faible, au bord des larmes. Il devrait être invité à s’exprimer plus longuement en fin de matinée. L’audience a débuté par la désignation des jurés, sept femmes et un homme, dans la petite salle lambrissée de la cour d’assises où de grandes croix blanches tracées sur les bancs rappelaient les exigences de la distanciation sociale en pleine épidémie de la covid-19.
“On est là pour avoir de nouvelles révélations et mettre en exergue toutes les horreurs qu’a subies Alexia”, avait souligné quelques instants plus tôt sa mère, Isabelle Fouillot, aux côtés de son mari Jean-Pierre et de leur avocat, Me Gilles-Jean Portejoie, en chemin vers le tribunal. Celui-ci connaissait lundi matin une effervescence tout à fait inhabituelle avec une forte présence policière, des dizaines de journalistes, les camions satellitaires des chaînes de télévision…
“On ne fait pas ça à un animal, c’est l’horreur totale”, a ajouté Isabelle Fouillot, évoquant les violences subies par sa fille. L’affaire, survenue à l’automne 2017, avait profondément marqué les esprits alors que l’ampleur des violences faites aux femmes éclatait au grand jour avec la vague #MeeToo.
"Une peine juste"
Le 30 octobre, le corps en partie calciné d’Alexia Daval, une employée de banque de 29 ans, était retrouvé dissimulé sous des branchages, dans un bois situé à quelques kilomètres du domicile des Daval à Gray-la-Ville (Haute-Saône). C’est le mari, Jonathann, qui avait signalé deux jours plus tôt la disparition de son épouse lors d’un jogging. Les jours suivants, le visage baigné de larmes du trentenaire s’affichait dans les médias.
Mais en janvier 2018, le veuf éploré devient suspect : placé en garde à vue, il craque et avoue le meurtre de sa femme, survenu selon lui lors d’une violente dispute. S’en suivront deux années d’instruction durant lesquelles Jonathann livrera plusieurs versions, se rétractant, puis accusant son beau-frère, avant de reconnaître de nouveau le meurtre lors d’une audition bouleversante devant le juge d’instruction. En juin 2019, il avouera enfin lors de la reconstitution avoir incendié la dépouille d’Alexia.
Au terme de ce procès qui soit s’achever vendredi, la famille d’Alexia attend “une peine juste c’est-à-dire une peine qui soit comprise par eux, qui tiendra compte de leur peine mais également des mensonges récurrents de Jonathann Daval tout au long de ces trois dernières années”, a souligné Me Portejoie lundi matin dans une interview à BFMTV. Mais en attendant, l’avocat attend des débats qu’ils lèvent les “nombreuses zones d’ombre de ce dossier”, évoquant “l’éventuelle préméditation” et “l’éventuelle complicité”, pourtant écartées par l’instruction. “Il faudra que Jonathann Daval s’explique sur le soir des faits, comment on en arrive là, comment on en arrive à frapper d’une dizaine, d’une quinzaine de coups de poing son épouse et comment on arrive à l’étrangler pendant quatre à cinq minutes”, a-t-il encore souligné.
"On ne le supportera pas"
Le soir du meurtre, Jonathann affirme avoir refusé un rapport sexuel à sa femme qui, en retour, se serait montrée violente, lui reprochant de “ne pas être un homme”. Alexia, “violente en paroles et en actes”, “l’humiliait”, a soutenu au cours de l’instruction l’accusé, qui dit l’avoir “étranglée” et “frappée pour qu’elle se taise” mais affirme ne pas avoir voulu la tuer.
L’image d’une Alexia dominatrice révulse les parents de la victime, qui redoutent que “la défense et Jonathann tapent sur elle” au procès. “C’est le procès de Jonathann, et je ne veux pas que ce soit le procès d’Alexia, ça on ne le supportera pas”, a encore prévenu Isabelle Fouillot lundi matin. L’enjeu, c’est “d’arriver à comprendre ce qui s’est vraiment passé, dans un climat délétère où on ne peut plus rien dire”, avait souligné pour sa part l’un des avocats de Jonathann, Me Randall Schwerdorffer, promettant que ce procès serait “un moment de vérité”.