« Je ne m’attendais pas à voir autant de monde… » Les yeux rougis du maire de Grand-Charmont, Jean-Paul Munnier, témoignent de l’émotion du moment. Ce vendredi 8 septembre, à 17h, environ 200 personnes se sont rassemblées devant la mairie pour soutenir l’édile victime de dégradations, d’intimidations et d’injures dans sa commune depuis plusieurs semaines dans le quartier des Fougères. « J’ai reçu des centaines de messages de soutien, des messages pour ma famille. C’est une vague de solidarité insoupçonnée », déclare Jean-Paul Munnier devant la foule réunie en plein soleil.
« Intolérable », « inadmissible », l’élu clame qu’avec ces violences, c’est l’institution qui est attaquée. Le maire a été visé une première fois le 27 août, devant sa maison. Durant la nuit, sa voiture garée devant chez lui a été dégradée: vitres brisées, rayures. Le maire a ensuite trouvé une lettre d’injures dans sa boîte aux lettres. Il y a ensuite eu l’école élémentaire Daniel-Jeanney, où huit portes ont été fracassées, des ordinateurs ont été volés et une injure, adressée au maire, a été inscrite sur une table. D’autres vols ont eu lieu. La facture est estimée entre dix et quinze mille euros.
Selon lui, ces actes de délinquance sont l’œuvre d’une bande de jeunes, d’environ 10-20 personnes, qui réclamerait le retour de l’éclairage public après 23 h. Il a déjà été pris à partie à ce sujet, explique-t-il. « Ces décisions ne plaisent pas, malgré toute l’attention particulière portée à ce quartier. » Il énumère les derniers travaux qui y ont été faits : la rénovation du périscolaire, d’un bâtiment de 76 personnes ou encore la mise en place d’une nouvelle restauration scolaire. « Nous avons aussi soutenu au maximum les commerces de proximité avec des loyers très bas; nous nous sommes inscrits dans un dispositif de soutien à la scolarité… » En clair, la liste est longue. Et l’édile est amer. Amer, car les dégradations ne cessent pas. « Nous avons été obligés de délocaliser le club de foot », rappelle-t-il durant son discours. Amer, car il a l’impression d’un sentiment d’impunité. « Les jeunes jouent au jeu du chat et de la souris avec la gendarmerie. Le préfet s’est déplacé, mais rien ne cesse. » Il avoue ne plus en pouvoir et ne plus supporter que les « dossiers de justice reviennent sans suite ».
La ligne rouge est franchie, à ses yeux. « Il faut que cela s’arrête sinon l’hémorragie risque de s’amplifier.» Il craint pour les habitants, car les relations se délitent et une majorité de personnes reste silencieuse et se désolidarise « par peur de représailles ». Nicolas Pacquot, député de la 3e circonscription du Doubs, présent sur place, va dans le même sens. « Pour les émeutes, il y a eu une réponse pénale ajustée. Il faut qu’il en soit de même pour les violences envers la République et ses élus.» Pour lui, malgré tout ce qui est fait par le gouvernement pour augmenter les moyens, la réponse pénale n’est pas encore appropriée. « Il faut en finir avec le sentiment d’impunité. » Environ une demi-heure après le début du rassemblement et un chant en chœur de la Marseillaise, le rassemblement prend fin. La population salue le maire, dans des accolades chaleureuses et réconfortantes.
« Ça va aller, on s’accroche, ils n’auront pas notre peau », souffle un homme à Jean-Paul Munnier. Il acquiesce, avant de serrer une autre main. Une enquête de gendarmerie menée par la brigade de recherche à Bethoncourt, est menée pour identifier les auteurs, détaille l’édile, qui a déposé plainte deux fois en quinze jours.